Ses images avec sa taille exceptionnelle en compagnie de certains influenceurs et artistes ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. Lui, c’est Ibrahim Ilboudo, connu sous le surnom de Ibrahim Holt, volleyeur professionnel évoluant à l’AS Poste Burkina, également étudiant à l’Institut des sciences, des sports et du développement humain (ISSDH). Agé de 25 ans, Ibrahim Ilboudo mesure environ 2,20 m et pèse 85 kilos.

Le rêve du succès international

Avec sa grande taille, les gens le voient en basketteur et certains se demandent pourquoi il n’a pas choisi le basketball. Pour le concerné, le choix était déjà fait et les conseils pour une orientation vers le basket semblent arriver un peu tard. « Comme j’ai commencé par le volley, c’était un peu compliqué pour moi de virer vers le basket. Présentement, j’essaie d’associer les deux. Des clubs m’approchent pour jouer au basket. Je commence les entraînements mais vu l’âge, c’est un peu compliqué d’y faire carrière vraiment », nous a-t-il confié.

C’est en classe de 6e qu’il sera sélectionné pour jouer au volleyball. « Je n’ai pas totalement choisi le volley, c’est le volley plutôt qui est venu vers moi. C’était au lycée, en classe de 6e. Il y a un coach de volley qui est venu pour un recrutement. Au début, j’étais là tout timide, je ne me prononçais pas. C’est à la dernière minute, je me suis levé, j’ai dit pourquoi pas, j’ai levé ma main et on m’a choisi. Avec le temps, j’étais dedans, c’est comme ça que je suis venu au volley. C’était une Japonaise du nom de Aska. J’étais trop petit mais elle est venue faire une sélection de filles et de garçons et on a commencé à s’entraîner à l’actuel ISSDH. On apprenait pratiquement tout là-bas. Je lui tire également mon chapeau, elle nous a beaucoup aidés dans l’évolution », se souvient-il.

Des devanciers dans le volleyball tant sur le plan national qu’international ont également inspiré Ibrahim Ilboudo. « Dans le championnat ici, il y a de grands joueurs. À les voir jouer, ça m’a beaucoup inspiré à pratiquer ce sport. Je peux citer les anciens comme Wilfried Kini qui m’a beaucoup soutenu, Jonas Kam, Ousmane Bamba, Ismaël Sawadogo. Ils m’ont apporté beaucoup de choses. Ce qui m’a permis d’évoluer encore plus et d’être au volley. Ils sont toujours là et continuent de me soutenir. Il y a également les encadreurs qui m’apportent toujours quelque chose de plus. Et sur le plan international, il y a des grands joueurs qui font des merveilles et les voir jouer, ça donne encore plus envie de s’adonner à cette discipline », a-t-il indiqué.

Ibrahim Ilboudo affirme avoir porté les couleurs de l’équipe nationale de volleyball du Burkina Faso. « En 2021, on a une sélection où on est allés pour des stages. On est allé au Rwanda pour la CAN de Volleyball et en 2022, on était à Abidjan pour une compétition de la zone 3 de volley », soutient-il. Malheureusement, Ibrahim Ilboudo n’a pas encore remporté de trophée tant en club qu’en équipe nationale. « Dans le championnat national, on a déjà terminé à la saison à la 2e place, 3e place. En équipe nationale, on a été 3e à Abidjan lors d’une compétition de la zone 3. Avec l’AS Poste, jusqu’à présent, on n’a pas remporté le championnat national », précise-t-il.

Malgré cette situation, Ibrahim Ilboudo nourrit de grands rêves. « Comme tout athlète, j’espère, avec l’aide de Dieu, pouvoir exceller sur le plan international, me frotter aux meilleurs joueurs de volleyball du monde, les titiller et pourquoi pas devenir un grand joueur comme eux », a-t-il laissé entendre.

La taille, une histoire de famille

Avec ses 2,20m à 25 ans, Ibrahim Ilboudo a indiqué que la taille, c’est comme un héritage familial. De ses dires, ses frères et sœurs sont grands de taille et selon les confidences de ses grands-parents, avec ses 2,20m, il n’a pas encore atteint la taille de certains de ses arrière-grands-parents. « La taille, c’est en quelque sorte la famille. Je suis l’aîné d’une famille de personnes grandes de taille. Moi j’ai une taille d’environ 2,20m, mon petit-frère de 20 ans a une taille de 2,10m, ma petite sœur de 18 ans se retrouve avec 1,85m et une autre petite sœur de 9 ans, a une taille d’environ 1,60m. D’après les grands parents, avec ma taille d’aujourd’hui, je n’ai pas encore la taille de certains de mes arrière-grands-parents », informe-t-il.

Son passage suscite très souvent la curiosité et attire les regards en raison de sa grande taille. Au début, c’était difficile pour Ibrahim Ilboudo ; mais maintenant, selon ses dires, il a réussi à dépasser ce cap et accepte même fièrement de prendre des photos avec les personnes qui le souhaitent. Il dit se sentir à l’aise. « Au début, ce n’était pas simple ; mais avec le temps, je me suis habitué. Le regard des gens, ça ne me fait pratiquement rien. Et j’aime quand je sens qu’on me regarde. Je marche plus à l’aise quand je sens qu’il y a le regard fixé sur moi et je sens une différence. C’est rare de voir une personne comme moi, je sens que je suis différent des autres et ça ne me fait pratiquement rien, le regard des gens. Les photos que les gens demandent, j’en fais énormément. C’est ma routine, prendre des photos pour moi aujourd’hui, ce n’est pas un souci. Toute personne qui s’approche de moi pour une photo, c’est un plaisir pour moi de le faire », raconte-t-il.

Avoir une très grande taille a ses avantages et ses inconvénients

Ibrahim Ilboudo profite bien de sa taille, surtout sur le plan sportif. Pour lui, comme avantages sur le plan sportif, avec la taille, au volley comme basket, il est beaucoup plus avantagé parce que ce sont des disciplines où on a besoin de la hauteur. « Et moi, avec ma taille, je fournis moins d’efforts comparé aux autres qui sont de taille moyenne. Eux ils sont obligés de fournir plus d’efforts », dit-il.

Mais dans la vie quotidienne, tout n’est pas aussi rose pour Ibrahim Ilboudo, en raison de sa taille. S’habiller, prendre les transports en commun, même les transports individuels, relèvent souvent du parcours du combattant pour Ibrahim Ilboudo. « On est dans un monde où franchement c’est difficile pour des individus comme moi, parce que je me retrouve facilement dans des endroits étroits. Et ce n’est pas agréable du tout. Les véhicules, les motos, le style vestimentaire, les habits et autres, c’est difficile pour moi. Et souvent, je ne suis pas à l’aise dans les transports en commun. Quand je fais un voyage, à l’arrivée je suis tout fatigué parce que j’étais très mal à l’aise pendant le voyage », peste-t-il.

Malgré cette situation souvent inconfortable, Ibrahim Ilboudo se réjouit d’être différent et dit se sentir bien dans sa peau. « Se sentir différent, c’est déjà un avantage. Je ne vois pas l’utilité de se mettre dans son coin et ne pas vouloir sortir. C’est un don de Dieu, donc chacun n’a qu’à se sentir bien dans sa peau », a-t-il soutenu.

Mamadou Zongo
Lefaso.net