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Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

Publié le lundi 27 mars 2006 à 00h00min

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Que dans les conférences internationales, les premiers fossoyeurs de la langue de Verlaine soient les Français hexagonaux themselves, c’est bien connu de nous autres petits nègres francophiles comme "Sous le pont Mirabeau coule la Seine".

On peut, certes, comprendre ce péché d’anglomanie par ces temps où, pour être coté dans le gotha scientifique mondial, le linguistiquement correct commande de baragouiner, à défaut de l’anglais d’Oxford, au moins l’anglo-américain, ce palimpseste, ou plus exactement ce prêt-à-parler concocté pour favoriser la "macdonaldisation" rapide et complète de la planète. M ais là où nous autres petits nègres et zélés francophones perdons totalement notre français, avec hâte de retrouver notre mooré, dioula ou fulfuldé, c’est quand nos cousins français poussent l’œuvre de capitulation linguistique jusque dans des cénacles où leur patois figure pourtant au rang des langues officielles.

Oublieux de l’universalité de la langue française jadis tant chantée par Rivarol (1), ils se piquent tous aujourd’hui de "speaker" english, et peu leur chaut que leur coassement parfois effroyable à couper au couteau, amuse jusqu’aux larmes le parterre condescendant et rigolard des anglophones "british".

On en a encore vécu vendredi dernier, et jusqu’à la nausée, le piteux exemple au Conseil européen : en pleine semaine de la Francophonie, les yeux dans les yeux du président de la République française, un Français à particule, Antoine DE Seillère, ci-devant patron des patrons français, n’a pas trouvé meilleur volapük pour se faire comprendre que la langue de Tony Blair.

Bien sûr, Jacques Chirac a accusé la gifle francicide en quittant la salle, suivi de sa délégation. Mais vous ne tarderez pas, bonnes gens, à voir quels jugements les Français de France et de Navarre rendront de ce légitime coup de sang de leur président. Au mieux, ce sera l’indifférence, entre un haussement d’épaules et deux ballons de rouge.

Côté élite et intello, on parlera de ringardise ou de réflexes d’arrière-garde, dans ce monde irrémédiablement voué à être formaté selon le modèle anglo-saxon. Et voilà comment nos Français si franchouillards et cocorico dans d’autres domaines, comme le sport, s’avèrent des franconards de première classe s’agissant de défendre cette langue que nous finirons un jour par regretter de partager avec eux.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 1er avril 2006 à 11:22 En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

    Il y a une chose qui est difficilement intelligible : d’un côté vous reprochez aux français de ne pas défendre leur langue, et qu’est ce que vous faites pour les votres ? S’il y a pire que de ne pas savoir défendre sa langue, c’est d’être plus loyaliste que le roi.

    • Le 1er avril 2006 à 15:50, par Harald En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

      On sent partout l’hégémonie de l’anglais et du modèle anglophone, avant tout au niveau de l’économie globale. On le sent en Allemagne, en Amérique Latine, en Asie et naturellement aussi en Afrique. Mais malgré cette tendance l’anglais n’est pas une fatalité, c’est une choix. La Francophonie est un instrument bien conscient pour une représentation plus juste de toutes les langues et les cultures. C’est l’Afrique francophonie qui défend désormais la Francophonie tout en profitant de cet instrument pour préserver leurs propres langues et cultures.
      Et l’Afrique connaît un modèle qui fait le même : l’Amérique Latine, le continent-frère de l’Afrique, qui a aussi souffert sous le joug du colonialisme et du néo-colonialisme. En Amérique Latine on reconnaît les héritages linguistiques et culturels de l’espagnol et du portugais en redécouvrant le patrimoine indien, le guaraní et les autres langues indiennes. Et tout de même on apprend l’anglais. Parce que tout ca apartient à l’histoire, l’époque précoloniale, l’époque coloniale et l’époque post-coloniale.
      D’ailleurs les Africains sont aussi un grand modèle pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Ils sont polyglottes avec toute les conséquences que l’on peut s’imaginer en partageant une langue avec nous, en Europe, au Canada et au Maghreb - une langue qui existait, qui existe et qui existera.
      Dans ce sens l’Afrique c’est le continent de nos racines et de notre avenir.

      • Le 2 avril 2006 à 02:08, par Nogo En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

        Je ne sais d’où viennent ces élucubrations mais elles sont sans aucun fondement. Je ne sais pas s’il y a un peu de logique dans ce que tu dis :

        l’Afrique francophonie qui défend désormais la Francophonie tout en profitant de cet instrument pour préserver leurs propres langues et cultures.

        La francophonie se définit comme l’ensemble des pays qui utilisent le français comme langue. Et le français vient de France pas d’Afrique. Par conséquent s’il y a une culture que la francophonie promeut ça ne peut être que la culture française. Il faut ne pas être malin pour affirmer que la francophonie permet de défendre toutes les cultures. Ce n’est pas l’anglais qui menace le plus la cultuire burkinabè, c’est bien le français d’abord et quand des burkinabè prétendent que le français permet de défendre leur culture, c’est le comble. On peut adopter le français pour un tas de raisons mais de grâce, ce n’est pas pour défendre une autre culture que celle des français.

        Par ailleurs il faut méconnaître l’histoire pour affirmer que l’amérique latine est le frère de l’Afrique dans le colonialisme. C’est sans équivalence. En Amérique latine les descendants des européens ont exterminé la majorité des autochtones. A l’exception de la Bolivie, tous les pays latino américains sont majoritairement peuplés de descendants d’européens, et ils continuent de parler leurs langue qu’est l’espagnol. Il n’ y a que l’Afrique qui a choisi de continuer à pratiquer les langues de ses bourreaux d’hier. Et vu l’état du continent on ne peut pas dire que c’est un exemple. Les Africains, un modèle pour l’Europe ? C’est une blague ou quoi ? Quelqu’un qui connaît l’Europe n’ose pas affirmer ça à moins que ce soit pour endormir les gens.

        Il faut ouvrir l’oeil, le commun des français ne connaît même pas où se situe le burkina et pendant ce temps on passe notre temps à avaler la France pour dire qu’on defend une multiculturalité.

        • Le 2 avril 2006 à 10:52, par Harald En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

          Vous parlez comme un théologue qui cherche à découvrir les racines des cultures en pensant dans ces catégories transcendentes qui n’ont rien à voir avec la réalité historique. Mais même avec cette mentalité qui n’est pas la mienne on pourrait donner des arguments suivants : Le Francais vient de France et les langues africaines viennent de l’Afrique, mais tous ensemble vient du créateur, de Dieu, alors on pourrait dire : Tout ce qu’il est humain, n’est pas étranger, tout ce que vient de Dieu, a sa dignité.
          Quoique je sois catholique, cette espèce de pensée qui est centrée sur ’une identité’ culturelle, nationale, linguistique etc. ne m’intéresse pas du tout. Moi, je suis allemand, mon père est iranien, une de mes cousines est francaise et un de mes oncles est ’very British’. -

          Le francais ne vient pas de France, par ce que la France n’existait pas quand le francais est né. Même le nom ’francais’ est une création plus récente. Le francais est un dialecte du latin. De Bruxelles à la Sicile, de la Roumanie au Portugal on parle des dialectes néo-latins, c’est à dire c’était le latin influencé par les langues et cultures du bassin de la Méditerranée qui fonctionnait comme une base essentielle de toutes ces langues romanes. Même l’anglais qui est une langue germanique connaît pour un grand pourcentage un lexique latin. Et un grand nombre des mots anglais vient directement du francais.

          Une langue n’apartient pas à quelqu’un. Une langue c’est une maison qui se change avec ses habitants. Et il est certain que c’est l’Afrique francophone qui définira un jour par le nombre de ses habitants ce qu’il est sera la langue francaise. Et cette langue s’appelle ’francais’ comme Microsoft est une entreprise américaine et Mercédès est une voiture allemande. Nous avons une banque appelée ’Deutsche Bank’ quoiqu’elle une entreprise tellement internationale que seul le nom est encore allemand. Non, le nom ne désigne pas les choses : l’histoire de l’Afrique, c’est aussi l’histoire de l’Europe et vice versa.-
          Un jour ce francais sera rempli de mots africains parlés dans rues de Paris, Bruxelles et de Genève et appris dans les écoles allemandes ou américaines.

          Cher monsieur, au niveau linguistique l’Afrique polyglotte sera un modèle pour l’Europe, je le repète : Beaucoup des Africains parlent déjà de différentes langues et ca sera leur grande qualité.-
          Un mot sur les langues africaines : Le linguiste Calvet a introduit un modèle pour classifier l’importance internationale des langues. Selon lui l’anglais c’est la seule langue hypercentrale tandis que le francais, l’espagnol, le portugais, le chinois, le hindi etc. sont des langues supercentrales. Avec une seule langue mondiale ces langues supercentrales sont en danger et plus encore le reste des langues qui sont menacées. La résolution est claire : il faut que les langues supercentrales s’alignent avec les autres langues pour empêcher le monopole d’une seule langue, d’une seule définition de culture.

          • Le 2 avril 2006 à 23:07, par Denis GRIESMAR En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

            Bonjour,
            Français, je suis pourtant né en Afrique, et ma première langue a été le sangho.
            Linguiste, j’ai étudié la linguistique africaine avec le professeur Sauvageot, spécialiste du ouolof, et j’ai fait un travail universitaire sur la phonologie du mina.
            Traducteur, je défends le français et la diversité linguistique.
            ous savons que le peuple nous soutient : une grande majorité de Français voudrait que la loi Toubon soit appliquée plus sévèrement et renforcée.
            J’ai été à l’origine de la fondation du FFI (Forum Francophone International), sur lequel vous trouverez davantage d’informations sur le site www.voxlatina.com , et où nous souhaiterions que davantage d’Africains s’expriment.
            Après notre Appel de Villers-Cotterêts (7 octobre 2001), après le Forum Social Mondial de Porto Alegre II (2002), dont j’ai co-rédigé la résolution finale, sur les questions linguistiques et culturelles, avec Cheikh Sissoko, Robert Guédiguian, Katsuo Matsuda, Anton Kouznetsov, ...), nous avons remporté quelques victoires :
            - Dans l’affaire GEMS, la cour d’Appel de Versailles a ordonné à cette société américaine installée en France de traduire ses documents internes en français, sous peine d’une lourde amende, donnant raison aux syndicats.
            - Grâce à la mobilisation de nos Associations (FFI, ALF, DLF,...), le gouvernement français a fait retirer le projet de ratification du honteux Protocole de Londres, qui aurait établi le "tout anglais" dans les brevets d’invention et donné force de loi, en France, à des textes rédigés en anglais !
            - Le "non" à la pseudo-constitution européenne nous permet de garder la primauté de la Constitution française, avec son article 2 : "La langue de la République est le français".
            Pour nous FFI, la Francophonie, la Francosphère, comme dit le Haïtien Gérard Bissainthe, notre premier président, est porteuse d’une vision de l’Homme et d’un projet de solidarité. Notre Vice-présidente, le Dr Gaudet, de Marseille, est particulièrement attentive aux problèmes sanitaires du continent africain.
            J’aurais tant à vous dire... Simplement ceci : vous n’êtes pas seuls !
            Avec mes sentiments les plus cordiaux.
            Denis GRIESMAR
            Ancien Vice-président de la Société Française des Traducteurs
            Délégué du FFI à la diversité culturelle.

            • Le 3 avril 2006 à 21:23, par Nogo En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

              Vous donnez là un bel exemple de défense de la langue française en France, je n’émets pas de jugement là dessus. C’est tout à fait légitime. Mais de là à souhaiter que des africains s’érigent en défenseur de cette langue au détriment des leurs, c’est un double discours. Si la francophonie était pour l’échange entre les cultures, elle ferait aussi en sorte que les autres langues des "francophones" soient valorisées. Or les francophones même qui écrivent en français sont ignorées en France. C’est le franco-franchouillardise. certains écrivains francophones même n’ayant pas trouvé de postes en France sont devenus des professeurs de littérature francophone aux Etats-Unis (Alain Mabanckou, Maryse Condé etc.). L’ironie du sort. Les français ignorent même la francophonie. Au mieux ils la perçoivent comme un instrument pour vendre leur culture à l’étranger. Ce qui n’est pas loin d’être la réalité. C’est de bonne guerre mais les africains doivent ouvrir l’oeil eux aussi.

          • Le 3 avril 2006 à 21:12, par Nogo En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

            Bien, entre ma pensée et la votre il est clair que la mienne est celle qui est la plus éloignée de l’attitude théologique. Vous croyez en Dieu, c’est votre choix (ou pas d’ailleurs) et je ne veux pas rentrer dans ce débat. Vous vous êtes consacré à un exercice d’étalement d’idées qui ne répondent même pas aux questions que je pose et qui d’ailleurs ne sont pas exactes. Pour ma part, je fais abstraction de l’idée que les langues et les hommes ont été crée par une autorité divine. Je fais simplement uun constat : les peuples ne parlent pas les mêmes et l’objectif de la francophonie, c’est bien la défense du français et non de la diversité culturelle. Sinon, c’est très simple. On peut créer une organisation internationale pour défendre la diversité culturelle. Mais, ceux là même qui dénonce la proéminence de l’anglais sur leurs idiomes respectifs veulent en réalité substituer l’anglais par les leurs dans la domination, sinon pourquoi ne conseilleraient-ils pas aux pays africains, de défendre leurs langues.

            Si vous dites que le français ne vient pas de France parce que la république française a été proclamée après l’apparition du français, je comprends bien votre tendance à la dialectique mais là n’est pas le propos. Ce qui est incontestable c’est que le français est justement une incorporation du latin dans la langue des francs, anciens habitants de la région ile de France. Qu’à l’époque ça s’appelle France on pas, là n’est pas le problème, ce qui est sûr c’est que le français vient de ce térritoire.

            Avant vous disiez que l’Afrique francophone "est" un modèle, maintenant vous dites que "sera" un modèle. En voilà bien une évolution, qui revèle une pure spéculation ou au mieux un point de vue qui ne s’appuie pas sur la réalité. On peut tout dire sur l’avenir. Dans tous les cas, ce que je sais c’est que la tendance actuelle en Europe et dans le monde ce n’est pas de prendre les Africains pour modèle. Et j’aimerais bien que ce soit le cas.
            C’est curieux que nous n’appliquez pas l’exemple de Microsoft sur l’anglais, qui aussi est une langue "du créateur" et n’appartient à personne. Alors pourquoi les français s’échinent à défendre leur langue contre l’anglais et pendant ce temps vous voulez convaincre les africains de ne pas défendre leurs langues contre les autres y compris le français.

            Evidemment, le fait de parler pluseurs langues est bien, et dans ce sens, pouvoir parler le français est bien, au même titre que l’anglais et le moré, mais si c’est utile de défendre la multiculturalité, il ne faut pas rendre les gens dupes. Un burkinabè doit d’abord défendre ses langues qui sont menacées (il y’ a déjà qques uns qui ne parlent aucunes des langues nationales) avant de défendre les langues des autres.

  • Le 3 avril 2006 à 14:46, par skirlet En réponse à : > Francophonie : Plus franconard que les Français, tu ...

    Félicitations à l’auteur pour cet article juste et incisif !

    Je vais faire court :

    - je viens d’un pays où la français n’a jamais été imposé

    - je l’ai choisi à l’école, malgré des conseils insistants "l’anglais, c’est mieux", "l’allemand, c’est mieux", parce que je trouvais formidable la civilisation représentée par cette langue

    - l’anglomanie mène à la perte de l’identité culturelle, et la baguette ou le vin rouge n’y feront pas grand-chose, si la langue est dédaignée et dépréciée. On ne peut s’affirmer que dans son originalité, les copies n’intéressent personne. Pensez-y, chers Français...

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