Burkina/Budgétisation sensible au genre : Des organisations de la société civile élaborent un document de plaidoyer

Les organisations de la société civile pour la promotion du genre, militent pour une amélioration de la pratique de la budgétisation sensible au genre(BSG). Pour ce faire, elles ont élaboré avec l’appui de Christian Aid, un document de plaidoyer, où sont faites des propositions pour rendre contraignante l’application de la BSG au Burkina Faso. Ce 21 août 2024, un atelier de restitution des travaux réalisés dans le cadre de l’élaboration du document a été organisé avec les différents acteurs impliqués. Les participants ont pu analyser et finaliser le document de plaidoyer, valider l’autorité cible et aussi arrêter un calendrier de remise officielle du document.
C’est en 2018 que le Burkina Faso a adopté la BSG. La BSG est l’ensemble des mesures adoptées pour la prise en compte dans le processus budgétaire des problématiques que vivent les hommes et les femmes. Même si elle est une réalité, le constat fait est que certains ministères ont du mal à la mettre en œuvre ou n’arrivent pas à respecter les orientations données en la matière. C’est en vue d’améliorer la pratique de la BSG, que des organisations de la société civile se sont réunies pour élaborer un document de plaidoyer et faire des propositions.
"Etant donné que c’est un dispositif budgétaire, tous les éléments doivent être réunis pour obliger tous les ministères à l’appliquer. Le document vise donc à faire des propositions, afin que s’il y a une révision du cadre juridique de gestion des finances publiques, que l’on puisse intégrer des mesures qui vont contraindre les ministères à appliquer la réforme", a laissé entendre René Tassembédo, consultant.
La particularité dans ce plaidoyer porté par les OSC, est l’accent mis sur la nécessité de rendre la BSG contraignante pour les ministères, afin qu’elle soit totalement effective. A en croire Léonce Sanon, chargé du plaidoyer à Christian Aid, le constat fait est qu’au niveau des départements ministériels, la BSG est certes appliquée, mais n’est pas contraignante.

"Notre action vise donc à rendre contraignante l’application de la budgétisation sensible au genre et assorti d’évidences. Par exemple la circulaire budgétaire est un document produit par l’autorité pour amener les ministères à faire de la budgétisation. Si dans cette circulaire le caractère contraignant ressort, cela fait déjà un plus", a-t-il expliqué. Il a ajouté que le plaidoyer sera aussi dirigé vers l’Assemblée législative de transition, pour inciter les députés à prendre des dispositions dans la loi de finances, pour rendre contraignante la BSG et que ces mesures soient vérifiables.
L’amélioration de la budgétisation sensible au genre, devrait permettre de réduire les inégalités sociales et faciliter l’accès des femmes et des personnes vulnérables à certains services. Léonce Sanon soutient que la BSG est déjà une réalité au Burkina et cite en exemple certaines mesures comme la gratuité des soins au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, ainsi que l’obligation faite dans le monde rural, d’accorder 30% des superficies aménagées aux femmes.

Avec la validation du document, c’est une nouvelle étape du plaidoyer qui s’annonce : celle de la remise officielle du document aux autorités cibles. Ce sont le Premier ministre, les ministres en charge du genre et des finances ainsi que le président de l’Assemblée législative de transition.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net