Burkina/Dengue : « Nous pouvons actuellement prendre en charge des patients et gratuitement », Pr Mamoudou Savadogo

De janvier à novembre 2023, la dengue a causé le décès de 511 personnes avec 49 808 cas probables. La dengue est une maladie transmise par un moustique appelé Aedes. Elle sévit surtout pendant la saison des pluies. Quelles sont les mesures à prendre pour éviter la maladie ? Comment se distingue-t-elle du paludisme ? Le médecin infectiologue Pr Mamoudou Savadogo par ailleurs chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Yalgado nous en dit plus.
Qu’est-ce que la dengue ?
Pr Mamoudou Savadogo : La dengue est une maladie infectieuse due à un virus. On a quatre types de virus transmis par la piqûre d’un moustique appelé Aedes. C’est une maladie qui fait partie des maladies à transmission vectorielle comme le paludisme, la fièvre jaune et autres.
Quelle est la différence entre le paludisme et la dengue vu que les deux maladies se transmettent par la piqûre de moustique ?
Pr Mamoudou Savadogo : Le paludisme se transmet par l’anophèle. La dengue se transmet par Aedes. Malheureusement les tableaux cliniques sont similaires. Ce qui a amené certains à parler de palu-dengue. Alors qu’il s’agit de deux maladies certes à transmission vectorielle mais qui sont totalement différentes par leur manifestation et leur complication. Mais les gens ont tendance du fait de leur similitude à les confondre. Alors qu’on peut avoir le paludisme seulement, la dengue seulement mais il peut arriver qu’on ait les deux en même temps. C’est pourquoi lorsque les malades arrivent, nous faisons les deux tests rapidement pour pouvoir faire déjà le tri. Quand le patient a les deux maladies en ce moment, nous administrons les deux traitements. Si on oublie une pathologie, il peut y avoir des complications.
Comment se manifeste la dengue
Pr Mamoudou Savadogo : La dengue se manifeste par une forte fièvre accompagnée de céphalées violentes, des douleurs articulaires, souvent certains saignements même si c’est minime. Devant ce tableau déjà, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous dit de penser à la dengue. Mais il n’y pas que la dengue qui se manifeste comme cela. D’où l’importance d’avoir des tests rapides pour pouvoir rapidement tester pour savoir si c’est le paludisme ou la dengue.
Actuellement quelles sont les mesures qui sont mises en place pour pouvoir prendre en charge les patients atteints de la dengue ?
Pr Mamoudou Savadogo : Nous venons d’avoir une dotation en médicaments déjà pour prépositionner et être prêts pour la prise en charge des cas de dengue. Nous avons reçu des cartons de soluté qui vont permettre de contenir la maladie. Nous avons eu des médicaments pour casser la fièvre. Nous pouvons actuellement prendre en charge des patients et gratuitement. Puisque que nous avons reçu les médicaments gratuitement. Donc nous faisons le traitement gratuitement jusqu’à ce que le stock que nous avons reçu gratuitement finisse. Si ce que nous avons reçu gratuitement finit, nous commençons à prescrire les ordonnances. Mais souvent les gens ne comprennent pas.
Actuellement, par jour vous pouvez recevoir combien de personnes atteintes de la dengue ?
Pr Mamoudou Savadogo : Pour le moment, il n’y a pas beaucoup de malades. C’est calme pour le moment. Ce sont les cas de paludisme que nous recevons beaucoup présentement. Mais on se prépare au cas où.
Quels conseils avez-vous pour la population ?
Pr Mamoudou Savadogo : Il faut éviter les endroits où on peut rencontrer les moustiques comme les maquis et sous les manguiers. Il faut porter les habits qui couvrent bien le corps. Il faut utiliser les répulsifs et les pommades de lutte contre les moustiques. Il faut avoir une bonne hygiène de vie à la maison. Il faut surtout l’assainissement des quartiers et de la ville. La lutte est multisectorielle, il faut impliquer les collectivités territoriales. On voit souvent qu’il y a des grandes pulvérisations de certains endroits pour s’attaquer aux moustiques.
Quel message avez-vous pour ceux qui font de l’automédication en cette période ?
Pr Mamoudou Savadogo : De manière générale nous déconseillons l’automédication. Il faut surtout éviter les anti -inflammatoires. Parce que cela aggrave souvent la situation. Il faut faire très attention aux médicaments qu’on prend pour éviter certaines complications. J’invite les uns et les autres à se rendre dans une formation sanitaire lorsqu’on sent des douleurs ou la fièvre pour éviter les complications et rompre la chaîne de transmission.
Interview réalisée par Rama Diallo
Lefaso.net