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Société burkinabè : « Si les enfants ne sont pas préparés avec des valeurs, nos luttes d’aujourd’hui seront vaines ... » (Grégoire Bado, Rehoboth-Ipéné)

Publié le vendredi 16 août 2024 à 21h00min

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Société burkinabè : « Si les enfants ne sont pas préparés avec des valeurs, nos luttes d’aujourd’hui seront vaines ... » (Grégoire Bado, Rehoboth-Ipéné)

Dans la mission qu’elle s’est donné de transformer la vie des enfants à travers une éducation holistique et chrétienne, l’association, Rehoboth-Ipéné a initié un « camp d’incubation des jeunes citoyens et patriotes 2024 : Paix et éducation à la citoyenneté et au patriotisme : vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ». Premier du genre, ce camp didactique, présidé par le ministre de l’enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, s’est déroulé du 6 au 11 août 2024 à Ouagadougou et a regroupé plus de 400 enfants.

Au terme de cette première édition, le premier responsable de l’association Rehoboth-Ipéné, Grégoire Bado, tire d’énormes motifs de satisfaction, non seulement au regard, entre autres, de la mobilisation, mais également des messages qui ont été distillés aux enfants et leur appropriation par ces campeurs. « En termes d’enseignements, toutes les thématiques prévues ont été développées par des personnes qui ont vraiment su communiquer à ces enfants, malgré les âges variés. Elles ont su adapter les messages, à telle enseigne que je peux dire que nous sommes satisfaits de cette première édition, malgré la modicité de nos moyens (nous sommes allés sans budget, mais Dieu a permis qu’au finish, on reçoive des soutiens venus de ça et là) », rend-il grâce, précisant que le camp a regroupé des enfants de bas-âges, à la limite de la majorité (18 ans).
« Pour changer la société, le monde, il faut miser sur les enfants, leur inculquer des valeurs, les préparer à être les citoyens de demain. C’est pour cela nous avons jugé bon de revenir à la base par ce camp. Il était ouvert à tout enfant, sans distinction de religion (aux enfants, quand ils deviendront grands, de décider de faire des choix d’appartenance de confession religieuse), de sexe, de classe sociale. L’objectif, c’est d’aider nos enfants à comprendre le sens du patriotisme et de la citoyenneté. Nous n’avons qu’un seul pays, le Burkina Faso ; peu importe nos croyances, nous appartenons à un même et seul pays et nous cultivons ce sens-là dans la vie de nos enfants », présente Grégoire Bado.

"Un patriote, c’est celui qui aime son pays et le défend. Notre pays, c’est le Burkina Faso ; nous n’avons pas un autre pays, donc nous ne devons pas le trahir”, a inculqué Grégoire Bado.

Les campeurs ont donc été enseignés sur divers thèmes, parmi lesquels, “vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde”. « Ce thème a été développé par des exemples, des personnes qui ont été des solutions à des moments de grands défis, des moments d’obscurité. (...). Le sel a toute son importance ; quand il n’est pas dans la sauce, il n’y a pas de saveur. Nous voulons que ces enfants donnent de la saveur au sein de la famille. Nous avons mis l’accent sur la famille, pour être des solutions pour le pays », justifie le premier responsable de Rehoboth-Ipéné.

Des modules relatifs à la citoyenneté et au patriotisme ont été expliqués aux enfants par une personne-ressource du ministère de l’Enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, dépêché par le ministre de tutelle.

Le camp a été également fait de prières pour la paix au Burkina Faso ...

« Nous avons également eu un thème sur les méfaits de la drogue en milieu jeunes. Ce thème a été aussi développé par une personne-ressource du ministère en charge de l’éducation, qui leur a expliqué tous les détails sur le phénomène et les a appelés à éviter les mauvaises compagnies (parce que la société a besoin de personnes qui se portent bien mentalement et moralement pour son développement). On a même écrit des résolutions par rapport à la drogue et les enfants se sont engagés à s’en éloigner. Nous allons également produire un rapport, qu’on va déposer au ministère de l’Enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales. Nous avons également eu un thème sur l’utilisation des réseaux sociaux par la jeunesse ; un couteau à double tranchant. Il y a aussi eu un thème sur la sexualité, qui a été développé par une mamy (grand-mère, ndlr) d’une structure bien connue ; elle a causé avec les enfants sur le sujet. Nous avons aussi eu ce qu’on appelle le feu de camp (la nuit des campeurs, où ce sont eux-mêmes qui s’expriment à travers des programmes qu’ils ont eux-mêmes conçus : ballets, chants, théâtres, contes, etc.) », déroule M. Bado.

...avec ici, Pasteur Moïse Kinda.

Les intentions déjà tournées vers la deuxième édition, en 2025, les responsables de l’association Rehoboth-Ipéné affichent au sortir de cette première expérience, leur volonté d’œuvrer pour un Burkina meilleur. « Nous voulons un Burkina meilleur. Nous nous projetons dans dix, vingt ans, quel type de Burkinabè nous voulons ? Tout cela se prépare dès le bas-âge. Il faut préparer le type de Burkinabè que nous voulons demain. Si les enfants ne sont pas préparés avec des valeurs, nos luttes d’aujourd’hui seront vaines. Il faut donc revenir à la base et c’est une invite à tout acteur, de se dire qu’à partir de 50 ans, si on n’a pas pu préparer une relève suffisante, ça sera une perte. C’est pourquoi, nous comptons ratisser encore plus large à la deuxième édition, avec surtout l’accompagnement du ministère de l’Enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, qui est déjà un allié et élever le niveau d’âge pour encore conscientiser », annonce Grégoire Bado.

Des louanges...

“Nous devons aider les gens à avoir le goût de la vie”

Visiblement heureux, des campeurs sont, chacun, allés de leurs mots et expressions. Ainsi, Blessing Malo retient entre autres qu’on ne doit jamais fumer. « J’ai appris aussi que les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant, de faire très attention à ça », a-t-elle ajouté. A la question de savoir si elle utilise les réseaux sociaux, la campeuse confie : « Ma maman m’a dit de ne pas utiliser, donc je n’utilise pas ».

Prunelle Tiendrébéogo livre également ce qu’elle retient du camp 2024. « J’ai appris que pour avancer, il faut l’esprit d’équipe, travailler ensemble. On nous a aussi appris sur la drogue, de ne pas suivre les mauvaises compagnies, de chercher les bons amis et non pas des amis qui se retrouvent derrière l’école après les cours pour fumer, qu’il faut dénoncer cela. J’ai aussi appris qu’il faut respecter les parents : un parent dit de ne pas faire ça et tu attends qu’il sorte et puis tu le fais, ce n’est pas bien, c’est une désobéissance. On a aussi appris sur la sexualité, d’éviter de regarder les vidéos-pornographiques, car ce n’est pas bon. On a aussi dit de se méfier des réseaux sociaux, du téléphone, qui peuvent causer des problèmes, ce n’est pas bien avec les enfants (que de ne pas regarder les tik-tok). Il y a Google où on peut aller apprendre, qui peut nous aider, mais qu’il ne faut pas trop se coller à ça aussi, il faut apprendre à réfléchir, faire travailler le cerveau pour trouver certaines choses », partage Prunelle Tiendrébéogo. Elle souhaite que ses camarades, élèves ou non, puissent participer à la deuxième édition pour apprendre des valeurs de la vie. « C’est un bon camp, il faut être le sel et la lumière ; là où nous on part, il y aura toujours la lumière, parce que le Seigneur nous suit toujours », restitue-t-elle.

Satisfaction pour l’équipe d’organisation, pour avoir réussi le pari de cette édition inaugurale.

Anaël Coulibaly regagne également la famille avec beaucoup de leçons. « J’ai appris beaucoup de choses, les valeurs du patriotisme. On nous a parlé aussi de la sexualité, que si on se vend pour de l’argent, c’est que l’argent vaut mieux que nous. Et aussi, on nous a parlé de la drogue, que si on se drogue, on ne va jamais pouvoir arriver à notre destinée. Notre thème principal nous a dit qu’on est le sel et la lumière du monde, donc nous devons aider les gens à avoir le goût de la vie », égrène Anaël Coulibaly, convaincu que « sans patriotisme, le Burkina Faso ne peut pas réussir, aller de l’avant ».

Créée en 2016 pour venir en aide aux enfants en situation de pauvreté et aux populations vulnérables, l’association Rehoboth-Ipéné s’est fixé pour objectif général d’éveiller la conscience patriotique, promouvoir l’engagement citoyen, les valeurs de civisme et de tolérance, afin de léguer aux générations futures, une société de paix. Il s’agit aussi de développer le sens moral, l’esprit critique et la conscience citoyenne, sociale et patriotique des enfants.

Des participants, marquant l’édition 2024 par une photo de famille.

Pour information, « Rehoboth » (en langue hébreu) se comprend comme le nom d’un des puits creusés par Isaac dans Genèse 26 : 22, une source d’eau vive qui signifie mise au large ou "larges espaces" tandis que « Ipéné » vient de la langue Lyélé et signifie “Don de Dieu ou Dieudonné”. Rehoboth-Ipéné signifie donc « l’Eternel nous a maintenant mis au large et nous prospérerons dans le pays, c’est un don de Dieu », dévoile Grégoire Bado à la clôture de ce camp 2024, qui a également été marqué par des prières pour la paix au Burkina Faso.

O. L
Lefaso.net

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