Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette année encore, les Cascades de Karfiguéla, ce site touristique très attrayant, n’ont pas manqué de séduire bon nombre de scolaires et d’étudiants. En effet, ils étaient plusieurs milliers à faire le déplacement ce dimanche 19 mars, à la faveur des congés du second trimestre. Très belle opportunité de divertissement après quelques mois de dure bosse. Les scolaires n’ont pas lésiné sur les moyens, voire les astuces pour être au rendez-vous.

En plus des moyens de transport en commun que sont les cars et les camions, beaucoup s’y rendent à moto pour ceux qui sont à Banfora. D’autres, plus courageux que ceux-là, enfourchent leurs bicyclettes ou s’y rendent à pied, exactement comme à l’école. Mais tout n’est pas rose sur le circuit de la distraction.

Une imprudence notoire

L’engouement aux Cascades reste marqué par une imprudence à couper le souffle, notée sur le trajet à l’aller comme au retour. La vitesse, voire la précipitation, est le comportement de bon nombre de ces touristes malgré le mauvais état de la route. Conséquences, les pannes d’engins et les accidents sont légion et ils sont nombreux à pousser finalement les « chars ».

S’il faut désormais penser à prendre des mesures de discipline sur cette route pour éviter un drame, de pareilles mesures sont par ailleurs nécessaires une fois sur le site. Ces touristes foulent aux pieds les consignes de prudence à observer et émises par l’ONTB en ces lieux et ils deviennent incontrôlables.

Ce n’est un secret pour personne, ce site comporte un point très dangereux et presque tous les drames par noyades s’y sont déroulés. Pour avertir, on peut lire sur une pancarte « La prudence est vivement recommandée pour ceux qui ne savent pas nager ». Une consigne qui est loin d’être respectée, car, bien que n’étant pas de bons nageurs, beaucoup s’y sont aventurés.

Une contribution des pompiers à saluer

Sur les lieux, nous avons été agréablement surpris de la présence des éléments de la 5e compagnie de la BNSP. Sur le chemin, nous avons croisé leur ambulance et nous avons appris par un des éléments que c’est une fille blessée au genou qui était transportée d’urgence à l’hôpital. Une autre femme, prise de malaises, a été également évacuée. Au total, les sapeurs-pompiers ont évacué 4 personnes au bloc opératoire de Banfora.

Notre interlocuteur nous précisera qu’ils ont sauvé une douzaine de personnes en danger, ce 19 mars. La veille, elles étaient deux. Malgré donc la consigne de prudence, celles-ci s’étaient aventurées dans la zone dangereuse. Fort heureusement que les sapeurs-pompiers, à travers cette initiative marquée par leur présence discrète et vigilante, ont pu éviter le pire à ces imprudents.

Le commandant de la 5e compagnie avait mobilisé une dizaine de ses hommes pour la circonstance, qui ont monté la garde discrètement en civil, prêts à intervenir. Une initiative à saluer, car elle a permis d’éviter le pire.

Cette année on peut pousser un ouf de soulagement, car il n’y a pas eu de noyade. Ils étaient nombreux à retenir leur souffle tant les cascades nous ont habitués aux noyades en ces périodes de grande affluence. L’année passée, ce sont deux personnes qui ont laissé leur vie, dont un élève du lycée communal de Banfora. Du reste, il ne se passe pas d’année sur ce site touristique sans qu’un drame vienne attrister des familles. Fatalité ou imprudence ? N’est-il pas nécessaire à l’ONTB d’interdire purement et simplement l’accès à ce point dangereux ?

Entre ambiance et marché porteur

Au-delà des imprudences malheureusement notées dans cette quête de distraction ponctuée par des noyades, ils sont nombreux ceux qui profitent bien de cette ambiance qu’engendrent ces déplacements massifs. Outre les scolaires, ils sont nombreux les adultes qui attendent la sortie de ces scolaires. Parmi eux, des vendeurs qui voient leurs affaires prospérer.

C’est le cas par exemple de cette dame qui nous a confié qu’elle a tout vendu. Heureuse, elle est montée se baigner. Issa, lui, est venu griller de la viande, et nous a confié sa satisfaction. Toutefois, il n’est pas un professionnel. Cette autre dame, professionnelle de la grillade, quant à elle, nous a chanté la même chanson. Elle a réalisé un bon chiffre d’affaires, obligée qu’elle a été de se ravitailler en ville une seconde fois.

L’autre aspect notoire ce jour c’est l’ambiance. Certains n’ont pas hésité à transporter sur les lieux du matériel de musique, transformant le site en un véritable point de démonstrations de danses du « coupé-décalé », du « faro-faro » etc... Bref, en un véritable lieu d’ambiance, de récréation, voire de pagaille qu’il convient d’organiser et de discipliner à l’avenir afin de circonscrire définitivement les drames qui sont loin d’entamer cette attraction populaire.

Luc Ouattara

Observateur Paalga