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Procès Vincent Dabilgou : « Il s’agit des fonds de l’État, nous n’allons pas vous demander la clémence pour qui que ce soit », Me Marcelin Ziba, conseil du REN-LAC

Publié le mercredi 24 juillet 2024 à 21h35min

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Procès Vincent Dabilgou : « Il s’agit des fonds de l’État, nous n’allons pas vous demander la clémence pour qui que ce soit », Me Marcelin Ziba, conseil du REN-LAC

Vincent Dabilgou, ancien ministre des transports du Burkina Faso

La chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Ouagadougou siège ce mercredi 24 juillet 2024, au sujet de l’affaire Dabilgou. Après avoir écouté les parties au cours de cette semaine, l’heure est aux plaidoiries des avocats. Du côté de la partie civile, l’avocat du REN-LAC, Me Marcelin Ziba, soutient avec véhémence que les faits de détournement de deniers public, financement occulte de parti politique et de blanchiment de capitaux reprochés à l’ex ministre, sont en son sens, avérés.

D’entrée de jeu, Me Ziba dit regretter que les faits reprochés à Vincent Dabilgou, touchent directement à l’Etat, principalement à ses fonds. Pour lui, ces ressources sont sacrées car elles sont le fruit du labeur de chaque burkinabè, qui se bat pour que le Burkina Faso puisse se developper. Parlant ainsi de l’état des routes qui jusque-là sont construites et pratiquables sur le papier, il déplore que la réalité soit tout autre. "C’est à cause des comportements de ce genre que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge ; que nous sommes à la traîne. Tout cela se passe parce qu’à la tête, il y a des individus qui, avec une certaine sagacité, arrivent à trainer les autres dans la boue" s’est-il indigné.

Pour convaincre les jurés de la culpabilité du sieur Dabilgou au sujet des faits qui lui sont reprochés, trois éléments : "tout d’abord, le fameux compte ECOBANK. Le contrôleur général d’État a écrit au ministre pour lui demander la légalité de ce compte. C’était en 2020, soit dans l’année même de la campagne. Je rappelle qu’au début de cette affaire, le ministre a été auditionné par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption. Lui parlant ainsi du compte ECOBANK, M. Dabilgou a dit ne pas connaître l’existence de ce compte. Lui présentant par la suite des correspondances signées en son nom, celui-ci répondra qu’il savait que le ministère avait un compte ouvert du côté de ECOBANK, mais que c’était sûrement ses techniciens qui avaient utilisé sa signature. Cela est en contradiction avec ce qu’il a dit hier car il a lui-même dit que Jean Gabriel Séré lui rendait des comptes"

Au sujet des motos qui auraient servi pour la campagne du Nouveau temps pour la démocratie (NTD, parti du prévenu), Me Ziba relève la fausseté des déclarations de Seydou Compaoré, vendeur de moto. Auditionné aussi par l’ASCE-LC, à la question de savoir si M. Séré était le premier et l’unique personne avec qui il avait échangé au ministère pour l’achat des motos, le vendeur répondra par l’affirmative. "Après qu’on ait saisi son téléphone et qu’il se soit rendu compte que l’expertise permettra de révéler des choses, il revient dire qu’il a échangé avec le ministre pour les motos. Alors que le ministre lui-même a dit qu’il n’a jamais échangé avec lui et lui aussi disait qu’il n’avait jamais été en contact avec le ministre" a soulevé Me Ziba.

Lire aussi : Procès Vincent Dabilgou : L’ancien ministre des transports condamné à 11 ans de prison dont 7 ans fermes et une amende de plus de trois milliards

Le deuxième point évoqué par l’avocat concerne le contrat de 131 millions de francs CFA, débloqués pour le compte de la Société nationale de gestion du patrimoine ferroviaire (SOPAFER-B). Sur cette question, l’avocat s’est basé sur les déclarations de Té Mamou, qui dit avoir reçu l’ordre de signer des documents pour un approvisionnement en carburant de la SOPAFER-B, lequel carburant n’a d’ailleurs jamais été livré.

Le dernier élément porte sur le contrat conclu avec Ildo Oil. "Le ministre signe et approuve son contrat. Et plus tard, on voit un quidam, venir dire à la société de lui remettre 25 millions francs CFA. L’affaire s’est passée entre deux Directeurs administratifs et financiers (DAF). Et moi je ne comprends pas de quel droit M. Séré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, va voir M. Alhousseini Ouédraogo, pour lui demander de lui remettre 25 millions ? Est-ce que c’est possible ? Je ne comprends pas pourquoi c’est le ministre qui signe le contrat, et que c’est le DAF Séré qui part récupérer l’argent de ce même contrat qui a été signé auprès de Alhousseini Ouédraogo, comme s’il était une machine à sous. Cela veut dire qu’il y a au moins eu une communication entre le DAF Séré et le ministre. Sinon, Alhousseini Ouédraogo le connaissait où pour lui remettre de l’argent provenant d’un contrat qui a été signé avec le ministre ? C’est pourquoi, je suis d’accord avec le DAF de Ildo Oil qui dit qu’il a reçu l’ordre de remettre de l’argent en liquidité. Sinon, pourquoi il l’aurait fait ?", s’interroge Me Ziba.

Avant de clore sa plaidoirie longue d’environ 1h30 minutes, Me Ziba a tenu à être clair : "il s’agit ici des fonds de l’Etat, l’argent du peuple. Et tous les moyens à l’interne et à l’externe ont été mobilisés pour sauver le ministre. Nous n’allons pas vous demander la clémence pour qui que ce soit, mais n’eut été l’intervention de Jean Gabriel Séré, on n’aurait pas eu toute cette lumière sur cette affaire. Donc en dehors de lui, nous ne sommes ni pour une réduction de peine, ni pour votre clémence." Ainsi, au titre des réclamations, le REN-LAC demande à la chambre correctionnelle de condamner solidairement les parties au paiement de 3 millions francs CFA pour les dommages et intérêts ; 3 millions francs CFA pour les frais exposés et non compris dans les dépens ; et de confirmer le jugement rendu par le Tribunal correctionnel.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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