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Crise casamançaise : On veut sauter le bouchon

Publié le jeudi 23 mars 2006 à 07h04min

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Dommage ! Mille fois dommage pour ce qui se passe du côté du Sénégal, précisément en Casamance, située au sud du pays, entre la Gambie et la Guinée-Bissau. Le chef séparatiste du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) refuse d’entendre raison.

Récemment encore, plusieurs personnes au nombre desquelles au moins trois soldats bissau-guinéens ont perdu la vie au cours d’affrontements qui ont opposé son mouvement d’une part, l’armée de Guinée-Bissau et des rebelles favorables au processus de paix en Casamance, d’autre part.

Les autorités sénégalaises et bissau-guinéennes sont aussi décidées à en finir avec ceux-là qui ont opté d’enterrer la paix. A l’image de l’opération « anaconda » des forces américaines, qui visait à prendre dans leur filet l’ennemi Ben Laden en Afghanistan en 2002, elles ont conjointement lancé une offensive spéciale contre le rebelle Sadio.

Les troupes bissau-guinéennes, sur décision du chef d’état-major, le général Tagme Na Way, ont fait une incursion en territoire sénégalais, pour se mettre aux trousses des partisans du chef rebelle. Installées à Sao Domingo, du côté nord de la Guinée-Bissau, leur quartier général, les forces bissau-guinéennes visent les bases arrière du chef de la branche armée du MFDC, opposé au processus de paix.

A ce qu’on dit, « les soldats bissau-guinéens seraient soutenus de l’autre côté de la frontière par les éléments de Magne Diémé, commandant du front nord du MFDC depuis la mise à l’écart de Kamoungué Diatta, mais aussi de César Badiate, chef rebelle de la base de Cassole ».

La progression des soldats de l’armée de Guinée-Bissau, selon le correspondant de radio France internationale, lui-même citant des sources militaires, serait ralentie par la présence de mines dans les camps de Salif Sadio, le général autoproclamé du MFDC.

Il ont cependant le soutien du pouvoir central sénégalais, qui a grand intérêt à l’élimination physique du rebelle. Les soldats sénégalais pour leur part auraient bouclé la zone pour empêcher tout repli des hommes de Salif Sadio, l’ennemi à abattre absolument.

Avec ce marquage très serré, il y a fort à craindre quant à une accentuation des belligérances, pour peu que Sadio, qui reste introuvable, veuille réagir à la violence dirigée contre lui. Les combats ont déjà occasionné le déplacement de près de 4500 personnes.

Quoi qu’on dise, Dakar pourrait toujours manifester son innocence dans cette crise. Le combat entre les éléments de Salif Sadio et ceux de l’armée bissau-guinéenne n’est pas une première. On se rappelle que des affrontements avaient opposé les deux camps en 2003 sous la conduite du même général Tagme Na Way.

Salif Sadio et ses hommes, eux, avaient, avant cela, croisé le fer contre l’armée loyaliste bissau-guinéenne qui combattait le général Ansoumana Mané.

Aujourd’hui, Bissau, outre son refus de laisser son territoire servir de base arrière à un mouvement hostile à un voisin si amical, a donc une bonne raison de combattre Salif Sadio qui, en 1999, avait apporté son soutien à la rébellion qui avait déposé le président d’alors, Joao Bernardo Vieira.

Avec ce regain de tension, il y a fort à parier que toute tentative de paix restera vaine, malgré les manifestations de bonne volonté de part et d’autre, comme celle du président de la République de Gambie, Yayah Jammeh, qui a réaffirmé sa disponibilité à œuvrer à la consolidation du processus de paix en Casamance.

La Guinée-Bissau, en s’attaquant à la rébellion, affiche sa ferme détermination à en finir avec Sadio et ses lieutenants, dont huit se sont rendus, mardi, à l’armée bissau-guinéenne. Pour le Sénégal, elle fait œuvre utile, puisqu’elle fait le travail à sa place.

Le morcellement des territoires est à décrier, et c’est pour cela qu’il faut sévir pour éviter que le cas casamançais fasse école, par le réveil de quelque velléité dont seuls les Africains semblent détenir la palme d’or. Vivement donc que les ardeurs de Salif Sadio soient calmées pour que règne la paix chez Gorgui et ses voisins.

D. Evariste Ouédraogo

Observateur Paalga

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