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Présidentielle au Bénin : De nombreux défis pour le futur élu

Publié le mercredi 22 mars 2006 à 07h26min

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Les Béninois attendent toujours de connaître le vainqueur du second tour de l’élection présidentielle du 5 mars 2006. Depuis la fin des opérations de vote, le dimanche dernier, la Commission électorale nationale autonome (CENA) s’active à centraliser les résultats.

Mais en attendant l’issue définitive du scrutin, l’on peut déjà tirer des enseignements relatifs notamment aux conditions du déroulement des deux tours, au comportement des acteurs politiques, et envisager les défis aucquels doit faire face le futur président. D’une manière générale, l’on note que les opérations électorales se sont bien déroulées, au 1er comme au 2e tour.

En tout cas, c’est l’avis de nombreux observateurs. Pourtant, les difficultés étaient au rendez-vous. En effet, de nombreuses incertitudes ont plané sur la tenue de l’élection. Se fondant sur les problèmes financiers de la CENA, nombreux sont ceux qui n’excluaient pas un report des échéances. Même en matière d’urnes, la commission électorale nationale béninoise n’en avait pas assez, à quelques jours du début des votes du premier tour. Cette pénurie d’urnes a été comblée, in extremis grâce à la solidarité de pays frères de la sous-région (Burkina, Mali). "Plus de peur que de mal", est - on aujourd’hui tenté de dire.

A part l’ouverture tardive des bureaux de vote lors du 1er tour et la tenue plus tôt que prévue du 2e tour (n’eût été le décret du président Kérékou, il devrait normalement se tenir ce mercredi), rien de grave pouvant entacher la régularité de l’élection n’a été relevé par les observateurs. Ailleurs, ces difficultés auraient donné lieu à toutes sortes de dérives et de manoeuvres frauduleuses. Le peuple béninois lui, a fait preuve de responsabilité en se comportant dignement lors de cette consultation, confirmant ainsi toute sa maturité politique.

Même le raccourcissement par décret présidentiel de la date du second tour du scrutin ne lui a pas fait perdre sa volonté d’alternance pacifique à la tête de l’Etat. Ce besoin de changement, les Béninois l’ont clairement exprimé lors du 1er tour en portant majoritairement leur choix sur le candidat Yayi Boni, le nouveau venu en politique.

Dans leur décision de soutenir au 2e tour l’ex- président de la BOAD , les faiseurs de roi que sont Bruno Amoussou et Lehady Soglo, arrivés respectivement 3e et 4e, n’ont certainement pas voulu courir le risque d’aller contre la volonté populaire. Même s’il est vrai aussi que ce genre de ralliement reste sous - tendu par d’autres motivations. Réunis avec d’autres présidentiables dans une large coalition de soutien à Boni dénommée "Alliance Wologuèdè", ils justifient en effet l’option de la carte - Boni par leur volonté de répondre aux attentes de changement de leurs concitoyens.

Bref, il faut dire que le Bénin, avec le soutien massif à Yayi Boni (un présidentiable sans parti), est en passe d’administrer une autre leçon de démocratie à plusieurs Etats du continent : l’importance de l’ouverture du jeu politique quand il est verrouillé et pris en otage par de vieux routiers parfois incapables de donner du sang neuf à la gestion des affaires de l’Etat. Les compétitions électorales ne sauraient être l’unique affaire des hommes et femmes issus des rangs des formations politiques, les candidatures indépendantes pouvant se révéler plus porteuses .

Si l’élection annoncée de Boni se confirme, cela constituerait un précédent non seulement pour la classe politique du pays , mais aussi pour celle des Etats africains qui hésitent encore à admettre les candidatures indépendantes dans les consultations électorales. Si cette avancée démocratique du Bénin peut s’expliquer par la vitalité des institutions du pays (à l’image de la CENA), il ne faut toutefois pas exclure l’action de certains acteurs politiques de premier plan, dont le président Kérékou.

Malgré ce que d’aucuns peuvent avoir à lui reprocher, le "Caméléon" a, d’une manière ou d’une autre, contribué au bon déroulement des opérations. Ceci étant, quelle sera la marge de manoeuvre de Yayi Boni, une fois élu ? Si le Bénin a des institutions qui fonctionnent bien, son économie se porte par contre mal. Sur ce point, Boni ne doit pas s’attendre à un état de grâce. Les Béninois attendent beaucoup du futur président pour améliorer leurs conditions de vie sans cesse dégradantes. Ce qui explique peut - être cette sorte de vote-sanction à l’encontre de ses adversaires du 1er tour. Dans cette mission délicate, l’expérience professionnelle peut être un atout pour Yayi Boni.

Mais il doit faire preuve de prudence. La gestion de l’Etat est fondamentalement différente de celle d’une banque, fût - elle régionale. En plus de ses compétences de banquier, il doit avoir un certain flair politique. Pour ce faire, il a intérêt à éviter de tomber dans le piège de ses alliés circonstanciels qui ne feront pas que tirer la corde dans son sens. Car, derrière leur volonté affichée d’oeuvrer à la satisfaction des aspirations du peuple béninois, peuvent se cacher des arrière-pensées égoïstes.

Le Pays

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