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Burkina/Métier de journaliste : La vocation s’essouffle

Publié le lundi 8 juillet 2024 à 21h41min

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Burkina/Métier de journaliste : La vocation s’essouffle

« Ambitionner d’être journaliste est le plus sûr moyen de devenir chômeur à brève ou moyenne échéance ». Cette déclaration controversée du journaliste français Olivier Goujon dans son ouvrage « Ces cons de journalistes » soulève la question de l’engouement autour de ce métier. Au Burkina Faso, de moins en moins d’étudiants s’intéressent au métier de l’information. Arrivés dans les écoles de communication et de journalisme, bon nombre d’entre eux affichent l’ambition de devenir journaliste, sauf qu’ils ne vont pas jusqu’au bout. À partir de la deuxième année d’études, il n’est pas rare de voir certains faire volte-face, préférant évoluer dans d’autres domaines en lieu et place de leur premier amour qu’était le journalisme. Nous sommes allés à la rencontre d’étudiants, de journalistes reconvertis et de chercheurs pour comprendre les raisons de cette « désertion ».

En s’inscrivant au département de communication et de journalisme de l’université Joseph-Ki-Zerbo à Ouagadougou, Adèle Sanogo ( nom d’emprunt) caressait le rêve de devenir journaliste comme Levy Niamkey de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), en Côte d’Ivoire. Après son baccalauréat obtenu en 2020 au bord de la lagune Ebrié, elle décide de rentrer au bercail, au Burkina Faso, en février 2021 pour poursuivre ses études universitaires. Contrairement aux autres filières, l’accès au département de communication et journalisme de l’université est conditionné par un test. Entraînée par la passion du journalisme, l’ancienne pensionnaire du lycée Offoumou-Yapo de Yopougon, à Abidjan, passe le concours avec succès. Mais avant la composition, elle avoue qu’elle n’avait pas connaissance des filières comme la communication pour le développement et la communication d’entreprise. Ces deux filières se sont révélées à elle par la suite.

La découverte de ces filières fait naître en elle une nouvelle vocation qui va enterrer celle du journalisme. Pour elle, les réalités du monde de journalisme qu’elle a pu toucher du doigt lors des échanges avec les professionnels l’ont confortée dans sa décision de quitter ce domaine. En deuxième année d’études, elle prononce le divorce avec le journalisme. « J’ai décidé de quitter le journalisme pour faire la Communication pour le développement (CPD) parce que j’ai été découragée par les conditions de vie des journalistes au Burkina », a-t-elle laissé entendre, ajoutant que sa décision a encore été renforcée après la rencontre avec des journalistes professionnels.

« Nous avons rencontré des professionnels pour qu’ils nous donnent des conseils dans le métier. Ils nous ont dit clairement que si l’on veut être riches, de ne pas venir dans le journalisme. À partir de cet instant, j’ai compris que je ne suis pas faite pour le journalisme parce que j’estime que les journalistes n’ont pas fait vœu de pauvreté », a-t-elle tranché, soulignant que d’autres facteurs sont à l’origine de ce choix. Même si elle dit ne pas venir dans le journalisme pour faire fortune, elle estime tout de même qu’elle a besoin d’une stabilité financière, laquelle serait difficile si elle continue dans ce domaine.

L’autre raison avancée par l’étudiante pour se justifier, c’est l’indisponibilité du journaliste pour ses proches. « Le journaliste n’a jamais le temps, il n’a pas de vie sociale. Pour nous filles encore, il est difficile d’avoir une relation sérieuse au regard du manque de temps. Même si tu es dans une relation, il faut prier pour tomber sur quelqu’un qui va te comprendre et comprendre aussi les exigences du métier », a soufflé l’étudiante en 3e année de CPD, à l’Institut panafricain d’études et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC).

Comme sa camarade Adèle Sanogo, Alice Kaboré( nom d’emprunt) est aussi arrivée dans ce département après avoir passé le test avec succès. À la différence de sa camarade, elle était bien informée de l’existence de filières autres que le journalisme dans ce département, mais elle était venue avec la ferme conviction de faire le métier de l’information. Elle a cultivé la passion du journalisme depuis le lycée où son professeur de français la prédestinait à ce métier. « Au lycée, mon professeur de français nous avait initiés au journalisme. Il me disait souvent que j’ai les aptitudes pour devenir journaliste », a t-elle souligné, indiquant que cette appréciation de son enseignant a été le véritable déclic pour elle. Comme un château de cartes, la passion pour le journalisme va s’écrouler au bout de deux ans d’études dans cette filière. Là aussi, elle a été édifiée par les professionnels. « Nous avons eu à faire des entretiens avec des professionnels. Cela a été l’occasion de découvrir certaines réalités dans le journalisme. Les stages académiques aussi nous ont permis de mieux cerner des réalités du journalisme que je ne savais pas avant », a-t-elle avoué. Alors qu’elle a grandi avec des figures inspirantes du journalisme comme Ruth Bini Ouattara de la télévision publique, et Stéphanie Zongo de la télévision privée BF1, l’étudiante en 3e année de CPD à l’IPERMIC renonce à son premier amour. « En plus de l’observation du milieu des journalistes, il y a des aînés qui m’ont conseillée d’aller en CPD », a-t-elle indiqué. À entendre ces deux étudiantes de l’IPERMIC, le divorce avec le journalisme n’est cependant pas officiellement prononcé, il est possible de renouer en année de master. « Mais ce n’est pas très sûr », soufflent-elles.

Manque de débouchés, salaires insuffisants…

Stéphanie Françoise Junior Coulibaly est une étudiante en Master 2 en communication et management des organisations. « Depuis toute petite, je rêvais d’être journaliste-présentatrice. Dès l’obtention de mon baccalauréat en 2018, je me suis renseignée sur la filière. J’ai passé le test et déposé mon dossier pour être prise à titre privé au cas où le test ne marcherait pas. J’ai été finalement retenue à titre privé », relate-t-elle. Mais elle n’a jamais imaginé qu’elle abandonnerait le journalisme. Comme du beurre au soleil, cette passion va fondre quelques années plus tard. « Le déclic commence en licence 2 de communication et journalisme (2019-2020). Nous avons fait un cours intitulé ‘‘Projet personnel et professionnel’’. À la fin de ce cours, nous devions rencontrer des professionnels de l’option que nous voulons faire. C’est alors que je vais à la rencontre de cinq journalistes-présentateurs télé, tels que Fousseni Kindo, Simon Gongo, Christine Coulibaly, tous de la RTB ; Maïmouna Kaboré de BF1 et Mariam Tougouma de 3TV », a t-elle rappelé. Une fois ces entretiens effectués, elle dit être un peu perdue. « Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas réellement le journalisme et que je n’étais pas prête à être journaliste-présentatrice télé. En réalité, ma passion pour le journalisme a pris un coup. Le journalisme exigeait beaucoup plus que je ne le pensais », a-t-elle avancé. J’ai pris conscience, poursuit-elle, que le journaliste fait face aux risques psychosociaux et physiques, que c’est une profession soumise au stress quotidiennement. En journalisme, on doit être rapide et veiller à la qualité de l’information qui doit être délivrée. À cela, poursuit-elle, s’ajoute les dangers des déplacements fréquents. Mais le facteur démotivant et décourageant a été les conditions de vie des journalistes. Ce qui justifie son volte-face pour embrasser la communication. « La pression, la charge mentale à laquelle font face les femmes journalistes, le salaire insignifiant des journalistes comparé aux travaux effectués, le manque de débouchés en journalisme, l’absence de vie sociale, le harcèlement des femmes journalistes et la forte visibilité médiatique qui expose les femmes sont des raisons qui m’ont contrainte à abandonner le journalisme », a-t-elle conclu.

Un journaliste reconverti en agriculteur

Gérard Sanou est un journaliste reconverti en agriculteur. Après avoir travaillé à la radio Pulsar (un an) et à Ouaga FM (trois ans), il a décidé de troquer son micro contre la daba. À la question de savoir s’il regrette le choix, il répond par la négative. Il dit s’en sortir très bien dans ce domaine qui le passionne aussi. « Par rapport au journalisme, je ne considère pas que c’est un abandon. Ma reconversion en tant qu’agriculteur a été très bien préparée au moment où j’étais encore sur le terrain. Souvenez-vous qu’on dit que le journalisme mène à tout, et tout mène au journalisme. C’est juste ce que j’ai appliqué. Quand j’étais sur le terrain en tant que reporter, je m’intéressais beaucoup à l’agriculture au point qu’au sein de ma rédaction, le desk agricole a été créé. En quelque sorte, ma passion m’a fait imposer le desk agriculture. Je traitais beaucoup de sujets sur l’agriculture. J’avais fini par créer un blog pour publier mes reportages, puisque tout ne pouvait pas passer dans le journal », a expliqué le reconverti, ajoutant que le journalisme était un métier de rêve pour lui. « C’était un métier de rêve pour moi depuis mon enfance, parce que j’ai eu un contact très tôt avec la radio. Au collège déjà, on m’appelait le journaliste. Quand je suis arrivé au lycée, le proviseur du Lycée provincial de Dori m’a donné l’autorisation de créer un journal scolaire que j’animais », se souvient-il.

« Le journalisme mène à tout, et tout mène au journalisme », selon Gérard Sanou

Après le baccalauréat, poursuit-il, je me suis orienté pour devenir journaliste. Gérard Sanou a fait ses premiers pas dans le journalisme au sein de la radio Horizon FM avant d’atterrir à Pulsar puis à Ouaga FM par la suite. Pourquoi a-t-il abandonné le journalisme alors que c’était son métier de rêve ? À cette question, l’entrepreneur agricole installé à Bobo-Dioulasso a rétorqué que l’agriculture est aussi une passion. Si certains quittent le journalisme pour des raisons de précarité, cela n’a pas été le cas pour lui, dit-il. « Oui, il y a la précarité, mais personnellement, ce n’était pas un facteur de démotivation pour moi. Mon problème, c’était surtout les retards de salaire », a t-il confié. Pour l’ancien journaliste, le métier est en train de perdre sa valeur à cause du manque du respect à l’endroit des journalistes. « Sur le terrain, lors des activités, à la fin, les journalistes sont alignés pour prendre de l’argent. C’est quelque chose qui enlève au journaliste sa valeur. Je pense que l’organe qui emploie le journaliste doit être capable d’assurer les frais du journaliste quand il va sur le terrain au lieu qu’on les expose à ce triste spectacle », a t-il dénoncé. Pour lui, cette situation traduit la profondeur de la précarité dans le milieu de la presse. Même si ce n’était pas la raison principale qui justifie sa reconversion, il pense qu’elle est un facteur de démotivation qui éloigne de plus en plus les étudiants de ce « noble » métier.

« La carrière des journalistes, c’est comme celle des footballeurs. Vous prenez une génération de footballeurs, vous n’allez pas trouver beaucoup qui ont fait une grande carrière. C’est pareil pour le journalisme. C’est un métier dans lequel on se bonifie avec le temps. Le succès qu’on veut peut tarder à venir. Du coup, il y a la désillusion ; telle qu’on voit la chose à l’extérieur et une fois à l’intérieur, on voit que c’est différent. Quand on se rend compte que c’est encore plus difficile d’avoir de l’argent par rapport à ce qu’on pensait, on peut se raviser facilement », a-t-il argumenté.

« Je ne connais pas un seul journaliste de mon âge qui veut prendre sa retraite dans le métier »

Comme dans tous les métiers, il y a des hauts et des bas, y compris dans le journalisme, relativise Hugues Richard Sama, journaliste à L’Observateur Paalga. « Je suis venu dans le journalisme parce que j’avais envie de faire ce métier. C’est un métier qui correspond à mon parcours, à ma vision du monde et à ce que j’aspire être en tant qu’individu. Cela fait huit ans que je baigne dans le milieu avec des hauts et des bas. Tout ne peut pas être idyllique, c’est le principe même de la vie », a fait savoir le journaliste du plus vieux quotidien privé du Burkina. Lauréat du Super Galian en 2019 et plusieurs fois sacré meilleur grand reporter en catégorie presse écrite au Burkina comme à l’international, il est un exemple de journaliste qui vit sa passion dans la modestie. « Parmi le côté positif de mon expérience professionnelle , je peux notamment citer les prix que j’ai remportés, la fierté que j’ai procurée à mes parents et mes connaissances ainsi que le sentiment d’avoir été bien de fois utile à la société. Je pense aussi à tous ces voyages qui m’ont fait découvrir d’autres pays et les belles personnes que j’ai pu rencontrer », a-t-il confié.

« Il y a bien quelques journalistes qui gagnent bien leur vie, mais je pense que c’est une minorité », Hugues Richard Sama

La crainte des étudiants envers le journalisme est tout légitime, selon le grand reporter de L’Obs. « C’est bien connu que les niveaux de salaire sont très bas dans la profession et les journalistes tirent bien souvent le diable par la queue. Derrière le journaliste, il y a une famille. S’il faut vivre sa passion et paupériser les siens, ça amène à réfléchir. Il y a bien quelques journalistes qui gagnent bien leurs vies, mais je pense que c’est une minorité. Si vous leur tendez le micro, eux ne se plaindront pas », a-t-il commenté, en s’interrogeant : combien sont-ils ? Quand on est jeune, poursuit-il, le journalisme est un grand tremplin. Après, l’âge passant et les charges devenant plus nombreuses, sans d’autres opportunités, il est tout à fait normal d’aller tenter sa chance ailleurs. « Je ne connais pas un seul journaliste de mon âge qui veut prendre sa retraite dans le métier, hormis peut être ceux du public », a t-il déclaré, paraphrasant quelqu’un d’autre qui disait que « les journalistes aiment leur boulot mais ils le quittent quand même ».

Pour ce journaliste, le contexte actuel peut encore démotiver les jeunes à venir dans le journalisme. Les journalistes sont devenus les mal-aimés de la République, coupables, aux yeux de beaucoup, de tout ce qui nous arrive, regrette-t-il. « On fait aussi ce métier pour le public, mais quand on n’est pas compris par ce même public, on peut être tenté de ne plus savoir quel sens donner à son travail », a-t-il conclu.

Un secteur qui recrute peu

Pour le journaliste et enseignant dans les écoles de journalisme, Baba Hama, il ne s’agit pas d’une crise de vocation, mais plutôt de la réalité du monde de l’emploi. « Je ne parle pas de crise de vocation. Il y a la vocation, mais il y a ce qu’on appelle la réalité, c’est-à-dire l’employabilité. Force est de constater que le secteur des médias n’est pas celui qui emploie le plus. Il y a beaucoup de médias sur l’ensemble du territoire, mais ils ne recrutent pas, ils accordent des stages. Même s’ils recrutent, ce sont des contrats précaires », se désole-t-il. Lorsque les gens sentent que les débouchés sont minimes, ils ne vont pas y aller, a-t-il commenté. « C’est vrai qu’il faut embrasser par passion, mais il faut aussi vivre de ce métier. Pour vivre de ce métier, il faudra avoir la chance d’être employé. Même ceux qui emploient, ils ne paient pas les journalistes à la juste valeur de leur travail », a relevé l’ancien ministre de la Communication et de la Culture. La convention collective, pense-t-il, n’a jamais été mise en application parce que les patrons de presse disent qu’ils l’ont adoptée sans les mesures d’accompagnement. L’économie des médias est en souffrance, reconnaît-il. Presque tous les médias tirent le diable par la queue. « Si ces médias ne sont pas des entreprises viables économiquement, il va de soi que c’est très difficile de mettre en application la convention collective », a conclu l’ancien directeur de la radio nationale.

Selon Baba Hama, presque tous les médias tirent le diable par la queue

Danielle Bougaïré est enseignante au département de communication et journalisme à l’université Joseph-Ki-Zerbo. C’est avec regret qu’elle constate la régression fulgurante des étudiants dans la filière journalisme. « Il y a eu des années où on les a motivés à aller dans le journalisme, parce qu’ils ne veulent pas y aller. C’est surtout en Master qu’on peut les avoir, mais il y a très rarement de candidats aussi », s’inquiète-t-elle. Cette démotivation est due, selon elle, à la réalité du terrain ; parce qu’il y a moins d’argent, alors que les gens viennent pour l’argent. Et les quelques-uns qui ont le courage de choisir l’option journalisme sont, précise-t-elle, pour la plupart des filles. Malheureusement, elles pensent que le terrain est difficile.

La « désertion » des étudiants en journalisme n’est pas due à la réalité du métier, mais plutôt à une erreur d’orientation, selon le journaliste Ouézen Louis Oulon. « Quand un élève est en classe de 6e ou a le Brevet d’études du premier cycle (BEPC), et qu’il ne sait pas ce qu’il va faire plus tard, ne sois pas étonné que ce dernier aille de spécialisation en spécialisation », a-t-il analysé. Aujourd’hui, déplore-t-il, il y a des étudiants en première année qui ne savent pas pourquoi ils sont dans la spécialisation. « Il faut que les gens vivent leur passion et choisissent ce qu’ils aiment. Si vous partez dans les hôpitaux par exemple, il y a des médecins ou des infirmiers, il suffit de dire que la perfusion ne passe pas bien, ils vont s’enflammer. Il n’y a pas l’accueil, ils sont venus sans vocation », a martelé le lauréat du prix CNN. « Si les gens refusent d’aller au journalisme, il faut les laisser partir parce qu’ils ne sont pas des journalistes », a lancé l’ancien directeur général de Oméga médias. Pour juguler cette crise de vocation, il invite les établissements scolaires à accorder des horaires pour permettre à des professionnels de venir parler de leurs métiers. Il y a des corps de métier qui ne sont pas, souligne-t-il, connus, alors qu’il peut avoir des gens qui pourraient être excellents dans le domaine.

Dr Cyriaque Paré est promoteur de l’Institut supérieur de la communication et du multimédia (ISCOM) qui forme des journalistes. Pour cet enseignant des médias et de la communication numérique dans les instituts et universités, plusieurs raisons peuvent expliquer cette crise de vocation pour le journalisme. « En termes d’aptitudes et de contraintes, je crois, comme beaucoup d’observateurs et pratiquants, que le journalisme est plus exigeant, plus absorbant et aussi moins bien payé que les métiers de la communication. Il m’est parfois arrivé d’entendre des journalistes demander s’ils pourront descendre du boulot à 17h ou s’ils pourront bénéficier de leurs week-ends », a t-il expliqué.

« Le journalisme est plus exigeant, plus absorbant et aussi moins bien payé que les métiers de la communication », confie Dr Cyriaque Paré

À cela, poursuit-il, s’ajoutent les risques du métier illustrés par l’assassinat de Norbert Zongo qui a marqué beaucoup les esprits et mis en exergue la dangerosité de la profession. En plus de cette tragédie qui peut être l’une des raisons de la méfiance des jeunes vis-à-vis du journalisme, il y a aussi les changements dans les modes de production et de consommation de l’information avec les Technologies de l’information et de la communication (TIC) comme les réseaux sociaux. Ces TIC, selon lui, font croire que tout le monde peut être journaliste parce qu’il peut produire et diffuser de l’information. C’est une réalité qui sème la confusion et dévalorise le métier, a-t-il commenté. L’une des véritables et non des moindres raisons, selon le fondateur du journal en ligne Lefaso.net, est la spécialisation des métiers dans le secteur de l’information et de la communication.

« Avant, ceux qui exerçaient dans le métier, même s’ils avaient fait spécifiquement une formation en journalisme, se retrouvaient à faire de la communication. L’on passait aisément d’un métier à un autre, d’un poste de journaliste à celui de communicant, d’une fonction de directeur dans une rédaction à une autre dans la communication sans autre forme de procès. Vous noterez que pendant longtemps, dans les services de communication des institutions publiques, les animateurs étaient plutôt des professionnels qui avaient été formés au journalisme qu’à la communication », a analysé Dr Cyriaque Paré. Le Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI) devenu l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC) qui fournissait l’essentiel des professionnels, ne formait qu’en journalisme. Mais aujourd’hui, constate-t-il, les choses ont changé, il y a une spécialisation des métiers.
Il ne faut pas non plus négliger le fait que le journalisme est un métier ouvert qui accueille malheureusement beaucoup d’aventuriers qui s’en servent comme tremplin et qui sont prêts à le vendre au plus offrant ; conséquence, tout cela donne une mauvaise image du journaliste qui finit par perdre son attractivité. »

Serge Ika Ki
Lefaso.net

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