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Sommet des chefs d’État de l’AES : « Nous avons décidé de nous assumer, nous allons nous battre pour notre liberté », Ibrahim Traoré

Publié le dimanche 7 juillet 2024 à 22h04min

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Sommet des chefs d’État de l’AES : « Nous avons décidé de nous assumer, nous allons nous battre pour notre liberté », Ibrahim Traoré

La lutte contre le terrorisme, les échanges économiques, culturels et commerciaux, la consolidation des relations de coopération entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont, entre autres, les éléments essentiels débattus au cours du premier sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), ce samedi 6 juillet 2024 à Niamey, la capitale nigérienne. Dans son discours, le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, est revenu sur les liens fraternels qui unissent les pays de cet espace, tout en fustigeant ceux qui conspirent contre les États du Sahel.

« Une date bénie, une date mémorable ». Voilà les mots utilisés par le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, pour qualifier ce premier sommet des chefs d’État de l’AES, qui se tenait le samedi 6 juin 2024. Tout en remerciant le peuple nigérien pour l’accueil chaleureux dont il a bénéficié depuis son arrivée, IB, comme on l’appelle affectueusement, a tenu à rappeler qu’au-delà du voisinage et de l’amitié, les peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont des frères. « Nous avons le même sang qui coule dans nos veines. Dans nos veines coule le sang de ces vaillants guerriers qui ont aidé le monde entier à se débarrasser du nazisme et de beaucoup d’autres fléaux. Dans nos veines coule le sang de ces vaillants guerriers qui ont été déportés d’Afrique vers l’Europe, l’Amérique, l’Asie, et qui ont contribué à construire ces États pendant l’esclavage. Dans nos veines coule le sang d’hommes dignes, d’hommes robustes, d’hommes debout. Et pour cela, soyons-en fiers ! », s’est-il exprimé.

L’Afrique continue de souffrir du fait des impérialistes

Comme dans plusieurs de ses prises de parole, le président du Faso n’a pas manqué de chapitrer l’impérialisme, lequel opèrerait au sein des États à travers ce qu’il qualifie « d’esclaves de salon ». « Ces derniers n’ont d’autres repères que de chercher à vivre comme le maître, à satisfaire le maître et satisfaire tout ce que le maître leur dicte. Ils volent, ils pillent nos États et amènent tout chez le maître. Et leurs richesses sont conservées chez le maître. Ils font tout pour vivre comme le maître et pour toujours le satisfaire. Lorsque le maître commande, ils exécutent... Ce sont des individus qui n’ont aucune dignité, qui n’ont aucune morale, qui n’ont aucune personnalité. Le maître-esclave a toujours su identifier ces individus. Ils sont toujours prêts à trahir leurs frères pour satisfaire le maître. Ils nous ont trahis depuis l’indépendance, et d’autres continuent jusqu’aujourd’hui de nous trahir au profit de leur maître [applaudissements]. Ces individus continuent toujours, contre vents et marées, à piller l’Afrique et à aider le maître à piller l’Afrique. Ils se plaisent à le dire chaque année, dans leurs sondages économiques, que le Burkina est le pays le plus pauvre, le Mali est le pays le plus pauvre, le Niger est le pays le plus pauvre. Nous sommes classés parmi les derniers [applaudissements]. Très bien ! Si nous sommes aussi pauvres qu’ils le disent, quand est venu le moment de prendre nos responsabilités, nous avons demandé à ces maîtres de quitter les lieux… Pourquoi ne veulent-ils pas partir ? [Applaudissements]. Lorsque nous prenons le cas du Niger, depuis plus de 40 ans, certains pays exploitent l’uranium pour produire de l’énergie chez eux. De Ottawa jusqu’à Paris, les rues sont illuminées. Mais au Niger, c’est l’obscurité qui nous est servie [applaudissements]. Lorsque vous partez dans nos États, nos sols sont troués de toutes parts, pour rechercher les métaux précieux tels que l’or. Mais souvent il n’y a même pas la moindre route accessible pour atteindre les zones où ils exploitent l’or, encore moins d’autres services sociaux de base. Voilà pourquoi nous avons décidé de nous révolter et de prendre le destin de nos pays en main », a lancé le capitaine Ibrahim Traoré.

« Plus jamais on ne pourra manipuler les peuples du Sahel ! »

La lutte contre l’impérialisme au sein des États du Sahel est en marche et les peuples en sont conscients, foi d’Ibrahim Traoré. De ses dires, tout était ficelé pour maintenir ces États dans la misère, à travers des élites formées et spécialement envoyées en mission pour la cause. « Ils ont fait fourvoyer plusieurs mercenaires, des formateurs. Des agents sont descendus dans le Sahel pour espérer mener des attaques lâches, barbares contre nos populations, espérant les révolter. En plus de ces attaques sur le terrain, les attaques communicationnelles, la manipulation, la désinformation, battent leur plein dans leurs rangs. Mais les peuples du Sahel ont compris et plus jamais on ne pourra les manipuler. Ils savent d’où ils viennent, ils savent ce qu’ils font, et ils savent où ils partent. Nous n’allons plus permettre cela ! Les gens sont éveillés et ils se battent aujourd’hui, pas pour nous-mêmes, mais pour les générations à venir. Cela ne nous fait jamais pleurer ! Nous n’allons pas trembler ! Nous allons nous battre pour notre indépendance réelle, pour notre liberté ! », a martelé le chef de l’État.

« Démocratie, liberté, droits de l’homme » sont les termes que Ibrahim Traoré pointe du doigt, comme étant le refrain des valets locaux pour faire peur aux États du Sahel. Toutefois, de ses dires, les « valets locaux » sont élus dans un processus démocratique, libre et transparent, selon leurs valeurs (celles des impérialistes). Rappelant par la même occasion les évènements du 26 juillet 2023 au Niger ainsi que les menaces d’attaquer cet État, Ibrahim Traoré a soutenu que la solidarité des peuples de l’AES est irréversible. « Nous avons décidé de nous assumer », a-t-il clamé.

Le président du Faso confie que les ambitions de l’AES, née de la volonté de trois pays de se soutenir dans la défense de leurs États, devraient être beaucoup plus larges, beaucoup plus étendues. Raison pour laquelle ont été explorées, au cours de ce premier sommet, les questions en rapport avec les finances, l’économie, les infrastructures, la santé, l’éducation, etc.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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