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Invasion de l’Irak : Trois ans et toujours pas d’issue

Publié le mardi 21 mars 2006 à 07h20min

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Assurément, il y a longtemps que le locataire de la Maison Blanche est dans ses petits souliers, au point de se faire de multiples cors aux pieds. Hier, cela faisait trois ans, jour pour jour, qu’une offensive menée tambour battant déclenchait l’invasion de l’Irak. En un tour de main, le régime de Saddam était balayé, mais le plus dur restait à faire. Courber l’échine des Irakiens, dont la majorité était loin d’apprécier la mainmise de l’Oncle Sam sur leur pays.

En effet, les envahisseurs se sont foutus le doigt dans l’œil, et même jusqu’au coude. Le plan de guerre anglo-américain prévoyait, dès le premier jour, une attaque aérienne massive contre les combattants irakiens, qui, selon eux, n’auront d’autres choix que de se rendre ou crever. Mais, c’était sans compter avec la résistance et la ruse des opposants, qui ont démontré aujourd’hui qu’il est plus facile de démarrer une guerre que de la finir.

On a beau, pour cela, faire la guerre à cent contre un, avoir des bombes électromagnétiques ou dites intelligentes, rien ne peut suppléer l’intelligence humaine. Sans le savoir, le fils de l’autre a ouvert une boîte de Pandore, qui tarde à se refermer.

Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs reconnaissent que l’invasion de l’Irak est une connerie de plus dans la besace des stratèges de la Maison Blanche. A commencer par les Américains bons teints. Ambassadeur américain à Bagdad, Zalmay Khalizad concède au Los Angeles Times qu’une boîte de Pandore a été ouverte et le risque potentiel de voir les violences sectaires en Irak dégénérer en guerre civile existe. Les Etats-Unis ne sont cependant pas à leur première guerre perdue.

Ils devraient donc tirer leçon des expériences passées. Depuis les guerres de Corée, du Viêt-Nam, de Yougoslavie et d’Afghanistan, la principale stratégie de ces « rambos » d’opérette consistait toujours à ne s’engager sur le terrain qu’en ayant une écrasante supériorité numérique et matérielle.

Raser d’abord des écoles ou une usine pharmaceutique à coups de missiles et ensuite s’aventurer dans les ruines, armés jusqu’aux dents, semblaient être le paragraphe principal des crânes rasés qui ont été envoyés en pâture par les spécialistes militaires du Pentagone. En somme, une guerre comme dans une console de jeu électronique.

Par la faute d’obscurs néoconservateurs, l’Irak est en proie à une guerre civile et s’approche d’un point de non-retour, qui se traduirait par une contagion des violences entre Chiites et Sunnites au-delà des frontières de l’Irak.

Chaque jour qui passe, une cinquantaine à une soixantaine de civils sont tués. Si la violence entre ces deux entités s’étendait à tout le Proche-Orient, l’Europe et les Etats-Unis en ressentiraient les conséquences. Malheureusement, comme solution à chaque problème, Georges Bush et Cie ne voient que l’option militaire.

Jeudi dernier, soit trois semaines après l’attentat contre le mausolée chiite de Samara, le Pentagone a claironné le lancement d’une offensive aéroportée, « la plus importante » depuis l’invasion, contre des groupes de guérilleros repliées au nord-est de cette ville du triangle sunnite.

Hollywood n’étant pas loin, ils ont baptisé cette opération du nom de code ronflant qui est « essaim », se référant à une bataille américaine en Corée dans les années 1950. On voyait déjà la stratégie américaine venir : dix chars et une centaine de Gi’s contre un insurgé. Du côté de la Maison Blanche, cela s’appelle être courageux.

Comme il fallait s’y attendre, le résultat a été maigre : quatre hameaux encerclés, une quarantaine de personnes arrêtées, des stocks d’uniformes de police, des obus de mortiers, des roquettes, des explosifs, des équipements médicaux confisqués. Mais de rebelles, point.

A notre sens, le seul mérite de Bush Jr, c’est d’avoir passé tous ses deux mandats à ouvrir des fronts béants qu’il ne se préoccupe pas de refermer. En attendant, le constat est simple : Il n’ y a pas président américain qui ait été autant touché par la fameuse malédiction du second mandant que ce Yankee.

Voici un monsieur qui est sur le point de repartir dans son ranch au Texas et qui doit porter dans l’âme la terrible responsabilité d’avoir terni l’image d’un pays qui était tout un symbole. Grâce à lui, l’Amérique inspire aujourd’hui plus la crainte que le respect.

La fascination que ce pays de liberté exerçait sur les jeunes générations a, depuis longtemps, foutu le camp. Le bloc soviétique éclaté, il n’y a même plus un Etat qui ose réellement faire face aux agressions de l’Oncle Sam, qui met toujours en avant cette fumeuse théorie de défense préventive. Le sauveur est donc toujours attendu. D’où viendra-t-il ? On ne le sait pas trop.

Issa K. Barry
L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 23 mars 2006 à 18:43 En réponse à : > Invasion de l’Irak : Trois ans et toujours pas d’issue

    Mon Cher Barry,
    Merci pour votre article. Je vous réponds directement pour vous préciser que le salut viendra du peuple irackien lui-même en raison de l’auto-détermination des peuples.
    On a reproché tout et son contraire à SADAM que je ne porte pas dans mon coeur. Mais ce Président démocratiquement élu avait au moins le mérite de maintenir la cohésion et la paix sociales.
    A force de poursuivre que des intérêts américains, on risque de passer à côté de la plaque et cette boîte de pandores se refermera grâce à la volonté du peuple de ce pays. Suivez le regard du peuple iracquien. Kéré, Nancy

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