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Présidentielle béninoise : Vers un plébiscite de Yayi, colère chez Houngbédji

Publié le mardi 21 mars 2006 à 07h20min

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En attendant les résultats provisoires de la CENA concernant le second tour de la présidentielle béninoise, les grandes tendances donnent entre 65 et 70% des suffrages à l’ex-banquier Yayi Boni contre 30 à 35% à l’avocat Adrien Houngbédji. Le taux de participation est estimé à environ 65%.

Un scrutin qui s’est déroulé, dans l’ensemble, dans le calme, excepté Porto-Novo où des échauffourées auraient causé la mort d’une personne. Sauf tremblement de terre donc, l’ex-patron de la BOAD s’installera, le 7 avril prochain, à la Présidence, tandis que son malheureux challenger se muera en opposant. Ce dernier n’a pas manqué de condamner ceux qui ont rallié Yayi.

Ironie de la politique, celui qui a brigué la présidence du Bénin sans parti politique se retrouve, au lendemain du second tour, avec une kyrielle de formations politiques chevillées au corps.

Après donc le ralliement des alevins, tels Lazare Sehoueto de Force clé et Sévérin Adjovi du Rassemblement des libéraux-démocrates (RDL), le 15 mars dernier, voici que, tard dans la nuit du 17 au 18 mars, de gros poissons, au regard de leurs scores au premier tour, font chorus derrière Boni Yayi. Il s’agit principalement de l’alliance "Wologuèdè". Ce groupe est formé de trois (3) partis, qui sont : "L’Alliance Bénin nouveau",

"La Renaissance du Bénin" (R.B.) de Lehady Soglo, et le Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (MADEP) de Antoine Idji Kolawolé. L’Alliance Wologuèdè, à elle seule, totalise 30% des voix, ce qui va peser lourd dans la balance de ce second tour. En tout cas, ces ralliés expliquent leur geste par leur volonté de suivre le changement voulu par le peuple béninois. Le porte-parole de ces mouvanciers, Bruno Amoussou, a déclaré : "Le groupe a reçu tour à tour les deux candidats.

Il a examiné leurs visions, leurs programmes politiques et leur aptitude à prendre en compte les aspirations profondes du peuple béninois pour un réel changement, ainsi que leur capacité à respecter effectivement les engagements pris.

A l’issue de cet exercice et après avoir recueilli les avis exprimés par nos différentes bases, et décrypté les sentiments profonds qui animent notre peuple en ce moment, notre groupe a décidé, en toute connaissance de cause et en toute responsabilité, de porter notre choix sur le candidat Boni Yayi".

Une justification que ne partage pas le challenger du probable vainqueur, Me Adrien Houngbédji, qui, avec un verbe acéré, s’est insurgé contre "les mangeurs". Ainsi a-t-il affirmé dans son fief, à Porto-Novo, au sortir du bureau de votre : "Il paraît que la nuit a été longue, plus longue encore que la nuit du 4 au 6 mars dans les proportions afférentes.

C’est dommage pour la démocratie, car moi je n’ai pas voulu acheter de soutien à coût de milliards... car il faut les rembourser après et on rembourse toujours sur le dos du peuple, avec l’argent du peuple, d’une manière ou d’une autre...

Ce que je constate, c’est que de l’autre côté, ils se sont alignés eux tous qui ont contribué pendant dix ans à ruiner le pays. Ce sont eux qui sont là-bas pour faire le changement.

Alors qui va changer qui ? Qui a changé quoi ?

si eux tous ont contribué à ruiner le pays. Est-ce que vous avez jamais appris quelque part que moi, j’ai volé ou j’ai détourné un centime du pays ?". On l’aura compris, le plus que probable perdant aurait voulu dire que Boni Yayi a acheté son électorat à coup de milliards, qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

De même, il fustige ceux qui ont rejoint son concurrent, qui sont tous des "has been" et qui auraient trempé pendant dix ans les moustaches dans des affaires louches. Lui, Adrien Houngbédji, est au contraire, comme la femme de César, au-dessus de tout soupçon !

Une sortie qui, naturellement, a été appréciée modérément par les uns et les autres.

Pour les adversaires du patron du Parti du Renouveau démocratique (PRD), l’esseulement d’Adrien Houngbédji s’explique. Pour eux, en quinze ans de vie politique, l’homme a été tellement versatile que toutes les tentatives pour le saisir dans une logique univoque ont échoué. Tantôt mouvancier, tantôt opposant, le patron des "technocrates" a récolté ce qu’il a semé.

Cependant, on susurre que Boni Yayi a promis gros pour susciter cet ersatz, notamment 10 ministères (sur une vingtaine que va compter son gouvernement) au front "Wologuèdè", 50% des directions générales des grandes sociétés, sans oublier les postes de commandement au niveau de l’armée et de la police.

Une offre qui, à l’évidence, a payé, même si des partisans de Yayi murmurent également que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. En tout cas, ce vote plébiscite de Yayi Boni sonne comme un chant du cygne pour la vieille classe politique, en même temps que comme l’affirmation d’un besoin : celui d’un nouveau paradygme dans la gestion de l’Etat.

Z. Dieudonné Zoungrana à Cotonou

L’Observateur

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