Burkina/Violences conjugales : ROAJELF-Burkina interpelle par le théâtre-forum
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ROAJELF-Burkina a convié populations et autorités locales de l’arrondissement N°4 de la ville de Ouagadougou à une représentation théâtrale sur la problématique de la prise en charge des survivantes de violences conjugales au Burkina Faso. C’était le vendredi 21 juin 2024, dans la soirée, à Ouagadougou.
Les habitants du quartier Tanghin (arrondissement N°4 de Ouagadougou) ne se sont pas fait conter l’événement. Malgré la pluie qui menaçait, ils sont sortis nombreux, hommes, femmes, vieux, jeunes et enfants, pour assister au théâtre-forum sur les défis de la prise en charge des survivantes de violences conjugales au Burkina Faso. Une initiative du Réseau ouest-africain des jeunes femmes leaders du Burkina (ROAJELF-B).
La pièce a tenu toutes ses promesses, tant les acteurs ont ébloui l’assistance de par leur talent. ROAJELF-B a voulu se servir de ce canal pour plaider en faveur de la création de centres de prise en charge holistique des survivantes de violences conjugales au Burkina Faso. « Avec la crise sécuritaire et les conflits intrafamiliaux, les problèmes des femmes sont exacerbés. Quand on parle de violences conjugales, il s’agit beaucoup plus des femmes. Ce fléau doit être considéré comme une urgence au même titre que l’insécurité. C’est pourquoi nous avons choisi ce soir, par l’entremise d’une séance de théâtre-forum, pour attirer l’attention des autorités, à commencer par les autorités communales », a expliqué la présidente exécutive de l’antenne du Burkina Faso de ROAJELF-B, Adèle Ouédraogo/Zougmoré.
À ce jour, le centre de Baskuy et le centre mère enfant de Tenkodogo essaient de leur mieux pour la prise en charge des survivantes. Mais là aussi, il y a matière à faire. Selon la présidente exécutive, les centres doivent être créés et multipliés progressivement dans toutes les communes, provinces et régions du pays pour, dit-elle, que la femme puisse avoir un abri ; une assistance psychosociale, juridique et même judiciaire, en cas de besoin.
Les violences conjugales, faut-il le rappeler, peuvent prendre différentes formes, notamment les violences verbales, psychologiques, physiques et/ou sexuelles. Mme Ouédraogo a expliqué que si des femmes acceptent de subir ces violences, c’est parce qu’elles n’ont pas où aller ni quelqu’un vers qui se tourner, et encore moins l’accompagnement nécessaire pour qu’on sanctionne à juste titre le bourreau. « Plusieurs femmes sont livrées à elles-mêmes. Dans certains cas, cela conduit à des suicides ou à du fatalisme. Cela est une violation des droits humains et en particulier des droits de la femme. Il est temps qu’il y ait réparation », a-t-elle lancé. C’est pourquoi le réseau plaide pour la prise d’un décret d’application de la loi 061 du 6 septembre 2015. Ce projet est rendu possible grâce à l’appui technique et financier de Equipop, à travers son projet « Féministes en action ».
En termes d’activités, le réseau entend rencontrer les autorités, en l’occurrence le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Mais d’ores et déjà, il a été reçu par les premiers responsables des ministères en charge de la Promotion de la Femme et du Genre, des Droits humains et de la sécurité.
Des responsables d’association ont également participé au théâtre-forum, dont la secrétaire générale de la Coordination des associations féminines de l’arrondissement N°4 (Tanghin). Awa Sawadogo/Zoungrana a salué la pertinence du thème et indiqué qu’il est d’actualité, en ce sens qu’au sein de la société burkinabè, les femmes et les filles sont les plus marginalisées. Organisateurs et participants se sont quittés sur une note de satisfaction.
Aïssata Laure G. Sidibé
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