Ziniaré (Plateau central) : Des journalistes formés à la lutte contre les pires formes de travail des enfants
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La coalition « Joining Forces for Africa », à travers les ONG Educo et SOS Villages d’enfants, a initié, les 4 et 5 juin 2024 à Ziniaré, dans la région du Plateau central, un atelier de formation destiné aux journalistes et communicateurs. La session a porté sur les pires formes de travail des enfants. L’événement s’est tenu dans le cadre de l’initiative « Joining Forces Alliance », une collaboration de six grandes agences centrées sur l’enfant. L’atelier, soutenu par l’Union européenne à travers le projet « Joining Forces for Africa : Agir contre le travail des enfants (JOFA-ACTE) », a permis de solliciter le soutien des hommes de presse pour la promotion des droits des enfants.
La formation sur les Pires formes de travail des enfants (PFTE) a eu pour but de sensibiliser et former les journalistes et communicateurs sur les divers aspects des PFTE, notamment les causes, les conséquences et les stratégies de lutte. Elle a également renforcé les compétences des participants en communication pour mieux informer et sensibiliser le public sur cette problématique critique.
Ainsi, plusieurs modules ont été dispensés aux participants dont celui intitulé « Détecter et agir face aux violences faites aux enfants : identifier les signes cachés ». C’est donc un programme riche et diversifié qui leur a été servi. L’on retient de cet atelier que l’enfant est, juridiquement, toute personne ayant un âge inférieur à 18 ans.
Définition des PFTE
On entend par « violences faites aux enfants », tout abus ou mauvais traitement, la négligence et l’exploitation commise sur l’enfant. Ces violences sont perçues comme tout acte portant atteinte à la santé, la sécurité et le développement global de l’enfant.
Il est alors indiqué que peuvent être considérées comme PFTE, l’esclavage et les pratiques analogues ; l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution ou de pornographie. Ces PFTE peuvent aussi être vues comme l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant pour des activités illicites, des travaux dangereux pour la santé, la sécurité ou la moralité de l’enfant. Les PFTE sont, autrement dit, toute activité susceptible de nuire au bien-être de l’enfant.
Les causes des violences faites aux enfants
Cet atelier a permis de déterminer plusieurs types de causes à l’origine des violences physiques, verbales, psychologiques et sexuelles faites aux enfants. Parmi celles-ci, figurent la désobéissance des enfants vis-à-vis de leurs parents, l’indiscipline à l’école, au lieu de travail ou au centre de formation, l’abus de l’autorité des parents, le statut d’orphelin, l’abus d’alcool par les parents, les mauvais résultats scolaires, les mésententes familiales. À cela s’ajoutent le manque de communication ou d’affection, l’excision, le mariage d’enfants, la scarification, l’exclusion sociale, la crise des valeurs morales et religieuses, les troubles psychologiques, les films pornographiques, la faible application des sanctions et la faiblesse des sanctions affligées aux auteurs.
Pour Harouna Kafando, inspecteur d’éducation spécialisée à la Direction générale de la famille et de l’enfant au ministère chargé de la Solidarité, en situation de crise humanitaire, les enfants sont les premières victimes, et ont besoin d’une protection spéciale.
La protection des enfants
Face aux violences auxquelles peuvent être exposés les enfants, procéder à leur protection revient à mobiliser, d’après monsieur Kafando, l’ensemble des moyens, mesures et actions pour empêcher la violence sous toutes ses formes. Selon lui, cette protection implique une prise en charge holistique des victimes, allant de la détection au signalement, en passant par la dénonciation et la réhabilitation, jusqu’à la réinsertion.
Pour ce faire, deux principaux acteurs entrent en jeu. Il s’agit des acteurs institutionnels et des acteurs communautaires. L’on entend par acteurs institutionnels, explique l’inspecteur d’éducation Harouna Kafando, l’ensemble des travailleurs sociaux diplômés, des intervenants formés par les ONG ou associations, des professionnels de la santé, de l’éducation et de la justice. Quant aux acteurs communautaires, il est fait allusion aux pères, mères, oncles, tantes, voisins, grandes familles, chefs, imams, catéchistes, pasteurs, associations et groupements, etc.
Conséquences des violences faites aux enfants
Les conséquences qui peuvent résulter de ces violences à l’encontre des enfants sont multiples. Cela se manifeste entre autres par des cauchemars intenses et répétitifs, l’anxiété, un niveau exceptionnel de colère et d’agressivité, un sentiment de culpabilité et de honte, une attitude craintive. Il faut aussi noter la timidité extrême et la peur des étrangers, des difficultés de socialisation avec les camarades, l’absentéisme scolaire et les fugues, la délinquance et la prostitution, la consommation de drogue ou d’alcool, et la toxicomanie à un jeune âge.
L’atelier a aussi permis de rappeler la règlementation en vigueur concernant le travail des enfants. À ce titre, l’arrêté du 26 décembre 2008 portant dérogation à l’âge minimum d’admission à l’emploi, en application de l’article 152 du code du travail, fixe les conditions et les modalités d’exercice des travaux légers par les enfants âgés de 13 à 16 ans.
Les fautifs risquent une peine d’emprisonnement de 5 ans
Les travaux légers sont définis, selon Issoufou Ouédraogo, chef de service de la prévention et de la protection contre le travail des enfants au ministère chargé de la Fonction publique, comme toute activité constituant aucun danger pour la santé et le développement de l’enfant. Il faut noter justement que l’emploi d’un enfant à des fins de travaux légers, requiert obligatoirement l’autorisation de ses parents ou de son tuteur.
Issoufou Ouédraogo, chef de service de la prévention et de la protection contre le travail des enfants au ministère chargé de la Fonction publique, a expliqué que la durée journalière et hebdomadaire maximale des travaux légers, est de 4 heure et demie au total par jour, sans excéder 14 heures par semaine. Il est aussi interdit, poursuit-il, de faire travailler l’enfant les dimanches et jours de fêtes légales, ainsi que pendant la nuit.
Les personnes dérogeant au respect de l’âge minimum légal requis pour le travail des enfants, risquent une peine de prison allant d’un mois à cinq ans, ainsi qu’une amende de 50 000 à 600 000 francs CFA.
Le représentant du directeur pays de l’ONG Educo, Tibo Kabré, a déclaré que chaque enfant a le droit de grandir dans un environnement sûr et bienveillant, à l’abri de la violence et de l’exploitation. En vue de promouvoir ces droits de l’enfant, monsieur Kabré a sollicité le concours des hommes de médias.
« Les médias jouent un rôle crucial dans la sensibilisation du public aux questions de protection de l’enfance et dans la promotion de changements positifs. En produisant des contenus audiovisuels engagés et de qualité, vous pouvez contribuer à briser le silence autour des violences faites aux enfants, à informer les communautés sur les moyens de protection existants et à mobiliser l’ensemble de la société pour agir en faveur des enfants les plus vulnérables », a-t-il souligné.
L’engagement des journalistes dans la lutte contre les PFTE
La communication joue un rôle crucial dans le changement des mentalités et la mobilisation sociale contre le travail des enfants. En formant les journalistes, JOFA-ACTE espère non seulement améliorer la qualité et la quantité de la couverture médiatique sur les PFTE, mais aussi créer une alliance durable avec les médias pour soutenir cette cause.
Les journalistes présents ont exprimé leur engagement à utiliser les compétences acquises pour produire des contenus informatifs et percutants qui mettent en lumière les réalités des PFTE et encouragent des actions concrètes pour y mettre fin.
Cet atelier de formation à Ziniaré marque une étape importante dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants au Burkina Faso. Grâce à l’initiative « Joining Forces Alliance » et au soutien de l’Union européenne, les journalistes sont désormais mieux équipés pour jouer un rôle crucial dans la sensibilisation et la mobilisation contre ce fléau.
Leur engagement et leurs reportages futurs contribueront à amplifier la voix des enfants victimes et à promouvoir des changements significatifs dans les communautés à travers le pays.
Un projet financé par l’UE à 585 227 453 francs CFA
Pour rappel, l’initiative « Joining Forces Alliance » est une collaboration des six plus grandes agences centrées sur l’enfant, composé des ONG Child Fund Alliance, Plan International, Save the Children International, SOS Children’s Village International, Terre des Hommes International Fédération et World Vision International.
L’objectif du projet est de contribuer à réduire les pires formes de travail des enfants dans les quatre pays ciblés que sont le Mali, le Burkina Faso, Malawi et Madagascar. Au Burkina Faso, le projet Joining Forces for Africa (Agir contre le travail des enfants - JOFA ACTE) est déroulé dans les régions du Centre et du Centre-Nord par Educo Burkina Faso et SOS Villages d’enfants. Ce projet est financé par l’Union européenne avec une contribution des deux ONG à hauteur de 585 227 453 francs CFA.
Hamed Nanéma
Lefaso.net