Burkina/ Projet de gestion durable des paysages communaux pour la REDD+ : Le Mécanisme de gestion des plaintes (MGP) et du suivi-communautaire désormais opérationnel

Le Projet de gestion durable des paysages communaux pour la REDD+ (PGPC/REDD+) a lancé officiellement l’opérationnalisation de son Mécanisme de gestion des plaintes (MGP) et de suivi communautaire de ses actions +. La cérémonie de lancement a eu lieu le vendredi 31 mai 2024 à Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-ouest. Elle a été présidée par le gouverneur de la région Boubakar Nouhoun Traoré.
Le Burkina Faso, avec le soutien de la Banque mondiale, a développé le Projet de gestion durable des paysages communaux pour la REDD+ (PGPC/REDD+). Le projet a pour objectif d’améliorer la gestion des paysages dans les communes concernées et d’améliorer la génération de revenus dans les zones forestières ciblées. Le projet s’inscrit dans le cadre du processus REDD+ du Burkina Faso. La REDD+ vise la réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES) provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts. Elle prend en compte la gestion durable des forêts, la conservation et l’augmentation des stocks de carbone forestier. C’est une initiative de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Le PGPC/REDD+ sera mis en œuvre dans environ 96 communes réparties dans 8 régions d’intervention du programme de réduction des émissions. Il s’agit des régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-ouest, du Centre-sud, du Sud-ouest, de l’Est, des Cascades, du Centre-est, et des Hauts-Bassins. Il va s’étaler sur 6 ans.
L’objectif poursuivi par le PGPC/REDD+ en matière de sauvegardes environnementale et sociale est de mener ses activités dans un cadre respectueux de l’environnement biophysique et humain et cela, conformément aux Cadre environnemental et social (CES) de la Banque mondiale et à la réglementation nationale régissant l’intégration des préoccupations environnementales et sociales dans les actions de développement.
Pour la gestion des plaintes et le suivi communautaire, le projet a recruté l’ONG Laboratoire Citoyennetés qui dispose d’une grande expertise pour mettre en œuvre le Mécanisme de gestion des plaintes (MGP) et le suivi communautaire des activités afin de promouvoir un engagement citoyen effectif et durable, selon le coordonnateur du projet Jean Bosco So.
Le gouverneur de la région a salué la mise en œuvre de ce projet. Pour lui, il est indéniable que le PGPC/REDD+ constitue une opportunité de taille pour l’amélioration des conditions de vie des populations dans ce contexte sécuritaire et humanitaire difficile et de raréfaction des ressources du pays au regard des priorités du moment.
« Cependant, force est de reconnaître que la mise en œuvre des investissements de ce projet multi-acteurs et multi-secteurs, est susceptible d’engendrer des impacts négatifs sur les personnes, les communautés et les entreprises. Afin d’atténuer ces impacts et conformément aux dispositions en matière de sauvegardes environnementale et sociale de la Banque mondiale et de la législation du Burkina Faso, la mise en place d’un mécanisme de gestion des plaintes et d’un dispositif de suivi communautaire s’impose », a souligné le premier responsable de la région du Centre-ouest.
Il a également ajouté que « le MGP est un processus non judiciaire de règlement de différends par lequel les parties prenantes du projet peuvent soumettre leurs préoccupations, requêtes, plaintes en lien avec les activités du PGPC/REDD+ et recevoir des réponses appropriées ».
Quant au suivi communautaire, le gouverneur a indiqué qu’il se définit comme un mécanisme permettant aux bénéficiaires du projet de suivre la mise en place des investissements, d’exprimer leurs avis et de fournir des suggestions aux décideurs pour une éventuelle orientation ou réorientation de l’allocation des ressources ou une correction de la mise en œuvre des actions.
Selon lui, la mise en œuvre du MGP et de suivi communautaire permettra d’assurer une plus grande implication des communautés locales et une meilleure transparence ainsi que la redevabilité au niveau local dans la mise en œuvre des actions du PGPC/REDD+ sur le terrain.
Présent à la cérémonie officielle de lancement, le président de la délégation spéciale de la commune de Koudougou a salué l’initiative de la mise en œuvre du MGP. Pour lui, le mécanisme offre des moyens consensuels de participation active et de gestion transparente des ressources pour l’atteinte des objectifs du projet.
Le coordonnateur du projet a fait savoir que l’intervention du projet va se résumer en trois grandes approches. La première approche va porter sur la gestion décentralisée des ressources naturelles où ce sont les communes qui vont être les maîtres d’ouvrage et de tout ce qui sera mis en place comme financement, notamment à travers les Projets de développement intégré communaux pour la REDD+ (PDIC/REDD+).
La deuxième approche est beaucoup plus régalienne. Elle va travailler le renforcement des capacités des acteurs, sur les politiques et les règlements en matière d’environnement, et sur les mobilisations de la finance climatique.
La troisième approche va plus se focaliser sur l’appui à la gestion communautaire des ressources naturelles. « Ça, c’est sur la base d’une approche testée positivement par l’UICN à travers le Projet d’appui aux populations dépendant des forêts. Il y a eu des sous projets qui ont permis aux populations de contribuer significativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous allons donc répliquer cette approche dans le cadre du PGPC/REDD+. Cette approche est en réalité focalisée sur des investissements dans les chaines de valeur du Karité, du Baobab, du Néré, du Moringa et du Biodigesteur », a indiqué monsieur So.
Rama Diallo
Lefaso.net