Burkina/Langues nationales : La langue seule ne permet pas d’identifier une ethnie, selon Dr Bakary Traoré, chercheur à la retraite

Un séminaire s’est tenu ce jeudi 30 mai 2024 à Ouagadougou. Il a été organisé par l’Institut des sciences des sociétés (INSS). Cette rencontre entre les linguistes et autres scientifiques a pour thème : « Langues, Cultures et Traditions ». Deux communications ont été faites dont la deuxième est intitulée « Langue et identité : Cas de quelques minorités ethniques dans l’Ouest du Burkina Faso ».
La deuxième communication a été présentée par Dr Bakary Traoré, chercheur à la retraite. Il est historien de formation.
Dans son exposé, il a indiqué que la langue est une identité ethnique mais elle seule ne permet pas d’identifier une ethnie.
Dr Traoré a fait une typologie des minorités ethniques qui sont bilingues. C’est-à-dire les groupes ethniques qui ont gardé leur langue d’origine et se sont intégrés dans une autre ethnie dont il parle la langue. Cette langue devient leur langue principale et la leur devient une langue secondaire.
« Il y a d’autres minorités qui ont opté pour le métissage linguistique. On a l’exemple des Bobo-dioula et celui de la diaspora sénoufo en pays toussian. Ils ont développé un autre parlé et on ne sait pas comment les définir, ils sont sénoufo ou toussian, on ne sait pas. Donc la langue comme critère de l’identité ethnique n’est pas toujours pertinente. Mais il y a des moments où c’est pertinent. Par exemple, dans le cas des Dioula de Kong, il y a une politique linguistique qui a permis à un groupe donné de construire un espace politico-commercial et à défendre ses intérêts sur ce territoire. Donc ils ont utilisé la langue. La langue permet de communiquer surtout que c’est dans une région cosmopolite, ils ne peuvent pas parler la langue de tout le monde donc ils ont imposé leur langue », a cité le retraité.
Selon lui, certains groupes ethniques ont perdu leur langue et identité à cause de la cohabitation avec d’autres groupes ethniques plus imposants.
Au terme du séminaire, la directrice de l’INSS a salué les participants. « Ce séminaire a mis en lumière l’importance cruciale des langues nationales dans la préservation de notre patrimoine culturel et dans le développement de notre identité collective. Nous avons exploré les multiples facettes de cette thématique de l’enseignement et de la promotion des langues du Burkina Faso. Les discussions ont mis en évidence les défis que nous devons relever pour garantir la survie et la vitalité de ces langues dans un monde en perpétuelle mutation. En tant que communauté académique et scientifique nous avons la responsabilité de continuer à promouvoir et à valoriser nos langues nationales », a dit la directrice de L’INSS, Dr Aoua Carole Bambara aux chercheurs et enseignants-chercheurs.

Elle a invité le monde scientifique à œuvrer pour que les langues nationales trouvent leur place légitime dans tous les aspects de la vie sociale, éducative et économique.
Rama Diallo
Lefaso.net