Patriotisme économique, où es-tu ?
Le patriotisme économique ! Encore une trouvaille érigée en principe sacro-saint par certains pays développés pour protéger leurs marchés, leurs économies. Un principe (?) contraire à l’éthique qui galvaude les règles du commerce international établies par l’organisation mondiale du commerce (OMC). Malgré cela, ces pays n’ont de cesse de soutenir que le patriotisme économique n’est pas du protectionnisme.
Et pourtant ! Dans la pratique, ces deux concepts se ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau... Toujours est-il, qu’au nom du patriotisme économique, des mesures sont prises en France par exemple, pour protéger les entreprises nationales contre les Offres publiques d’achat (OPA) lancées par des entreprises étrangères concurrentes.
Même si cette pratique, au fond, est en contradiction avec l’esprit du libéralisme, il n’en demeure pas moins qu’elle permet de protéger et de sauvegarder les entreprises nationales. Pendant que les chantres du libéralisme développent des velléités « nationalistes », dans les pays pauvres très endettés (PPTE) comme le Burkina Faso, on laisse faire, on ouvre davantage les marchés sous la menace des accords du partenariat économique et de conditionnalités de financement. « On monte le volume » pour ne pas entendre l’agonie des sociétés ou des entreprises nationales.
Au nom d’un libéralisme dont on n’est pas le géniteur et sous le prétexte de la mondialisation, on laisse les « micro entreprises » se débattre seules face à des mastodontes. Oubliant que dans le milieu des affaires des histoires du genre « David a vaincu Goliath » relèvent de l’utopie, de l’absurde ou de la légende. Dans ce monde de requins où seuls les intérêts priment, les petits poucets sont vite avalés.
Alors, dans une telle jungle, un coup de pouce aux entreprises d’intérêt national ou stratégique n’est pas de trop. Si d’aventure, un tel geste devrait susciter le couroux des grandes puissances, on pourrait tout simplement répondre qu’on a voulu faire comme elles. La protection de nos entreprises est un combat pour la survie qui doit se mener de façon concertée, ce qui en appelle à une véritable prise de conscience de nos politiques.
Comme indiqué plus haut dans un monde où la prédation économique sévit sur fond du deux poids, deux mesures, il y a comme un impératif moral à mener ce combat salvateur. Faute de quoi, la rue africaine déjà frondeuse et grondeuse, pourra devenir « révolutionnaire ». A l’heure des processus démocratiques en construction, voilà qui fera un peu désordre.
Rabankhi Abou Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya