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Marché de cola : Petit fruit, gros sous

Publié le vendredi 17 mars 2006 à 07h32min

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Le financement des activités économiques internationales et nationales se fait de plus en plus par le biais du marché financier, notamment la bourse. Ce marché existe dans tous les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Il est représenté au Burkina Faso par une antenne nationale.

D’un chiffre d’affaires annuelles de trois milliards de FCFA, 25 à 30 millions d’impôts sur le bénéfice, plus de 265 millions de FCFA d’assurance, le secteur du cola au Burkina Faso est pourvoyeur de revenus et d’emplois. Des centaines d’individus exercent ce commerce au Burkina depuis plus de 50 ans. Au début, c’était au Ghana que les commerçants s’y ravitaillaient. Ce marché leur paraissant peu fructueux, ils se sont retournés vers la Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, le marché en est bien fourni. Des commerçants, jadis installés à Bouaké, ont, avec la crise, transféré leurs activités au Burkina Faso. Cela a, du coup, grossi le secteur tant en acteurs, qu’en produits. 600 commerçants à Ouagadougou écoulent 8 000 à 12 000 paniers de colas par mois. Le stock disponible actuellement provient de la Côte d’Ivoire.

Les consommateurs ont une préférence pour cette variété pour son goût mais aussi pour le fait qu’elle se conserve plus facilement et plus longtemps.« La filière se porte bien », affirment les promoteurs. La présence de plus en plus remarquée des bonbons, et chewingum dans les cérémonies, ne constitue pas à leur avis, une menace pour leur marchandise.

Cela est du au fait qu’à certaines périodes de l’année, le cola coûte un peu plus cher, a déclaré El Hadj Hamado Bonkoungou, vendeur. Selon lui, ces sucettes ne sauraient se substituer à la noix de cola, tout simplement parce que « Dieu a béni ce fruit » et les hommes lui ont accordé sa valeur culturelle. C’est pourquoi, poursuit-il, il est pratiquement impossible d’organiser une cérémonie traditionnelle au Burkina, sans y intégrer le cola.

En plus de sa fonction culturelle, le cola est un excitant dont la consommation régulière crée la dépendance. Il est utilisé pour des sacrifices avec des précisions telles qu’on ne peut la remplacer.

Le marché est certes porteur, mais inconstant. Il est dépendant de la fréquence des mariages, des naissances, des rites... autant de données difficiles à contrôler. Toutefois, les commerçants savent par expérience que le mois de carême et la saison hivernale, peu propices aux noces sont des périodes moroses pour leurs affaires.

En ce mois de mars, le prix du panier varie entre 20 000 et 30 000 F CFA. C’est à qui mieux mieux. Trois qualités sont proposées à la clientèle : le panier vendu tel qu’il est ramené du marché ivoirien, le panier reconstitué, comportant les meilleures noix. Ce panier est débarrassé des impuretés et des mauvaises noix, c’est le plus cher. La 3e catégorie, évidemment la moins bonne est la moins chère.

Un marché protégé

Organisés en Association des marchands de colas du Burkina (AMCOB), les promoteurs ont pour objectif d’unir et d’organiser tous les acteurs intervenant dans ce domaine. Cette structure a permis l’intégration rapide de leurs collègues de la diaspora dont le retour au bercail a élargi le cercle de la clientèle. Des revendeurs du Ghana (la récolte y est mauvaise, cette année), du Togo, du Mali, du Niger s’approvisionnent maintenant au Burkina, depuis que leurs fournisseurs y ont transféré leurs affaires.

« Du coup, le Burkina devient importateur et exportateur ». Cette pratique, d’après le conseiller technique de l’AMCOB, Hilaire Zongo, est peut-être une preuve de fidélité. Mais cela est surtout dû à l’exonération des taxes sur les produits du cru, dans le cadre des accords de l’UEMOA. Les autres commerçants peuvent s’approvisionner sur le marché burkinabè sans être soumis à des frais ou taxes supplémentaires. Ils conservent ainsi une marge bénéficiaire consistante.

N’est pas vendeur de colas qui veut

L’esprit de famille qui prévaut dans ce milieu, a permis depuis les années 1982, de faire fonctionner l’association comme une centrale d’achat, qui regroupe les commandes pour les ventiler, ensuite, dans les autres villes où se trouvent les membres. « Les coûts sont nettement réduits et il n’y a plus de rupture de stocks sur le marché ». « N’importe qui ne peut pas être commerçant de colas », a déclaré le vice-président de l’Association des marchands de cola du Burkina, Rasmané Ouédraogo. L’association a une instance dirigeante qui décide de l’intégration ou non d’un membre. « Pour adhérer à l’association, le suppléant doit forcément connaître un ancien au marché de colas qui accepte de le parrainer ».

Les frais d’adhésion sont fixés à cent vingt cinq mille (125 000) francs CFA pour les anciens, « les patrons » et seize mille (16 000) francs CFA pour les jeunes adhérents, « les enfants ». Selon le vice président, le titre de « patron » n’est pas lié au pouvoir d’achat du commerçant, mais à l’ancienneté du membre.

Selon M. Rasmané Ouédraogo, plus de cent (100) demandes d’adhésion sont actuellement soumises à l’appréciation de l’association : « Nous nous sommes fixés une période de 5 ans avant d’intégrer de nouveaux membres ».

Il ne suffit donc pas d’avoir les moyens d’exercer cette activité ; il faut prouver son intégrité et sa motivation. Cette force, les commerçants la détiennent sans doute de leur autonomie.

En effet, le marché de colas n’est sous la tutelle d’aucune autorité, même s’il a bénéficié par moment, d’un coup de main de la mairie. Il a, cependant, ses engagements vis-à-vis de l’Etat, à qui il verse 1% de la valeur totale. Ces 3 dernières années, l’Etat a reçu au titre des taxes, plus de 96 millions de F CFA.

Le site actuel, aux dires de M. Rasmané Ouédraogo a été acquis et construit sur fonds propres en 1956. Fonctionnel depuis le 1er janvier 1961, le marché de colas de Ouagadougou a sa propre gestion, les taxes prélevées, les frais de location des boutiques servent à la construction et à la modernisation du site. Les grossistes payent 500 F par panier et les détaillants 1500 F par mois. Avec la nouvelle mesures de réamenagement du Centre ville, le marché doit se conformer aux normes du Projet ZACA (Zone d’activité commerciales et d’administration. « On nous demande de faire une élévation du marché de 3 niveaux » , a déclaré M. Boureima Ouédraogo , administrateur comptable de l’AMCOB.

En plus, l’accès au marché sera dans les mois à venir interdit aux camions dans le but de désengorger la zone. Pour cela, il est prévu la construction d’un entrepôt à la zone d’activités diverses ZAD vers le site du SIAO. En somme, souligne M Boureima Ouédraogo, « nous avons un investissement d’un milliard à faire, pour mettre le marché aux normes du Projet ZACA et pour la construction de l’entrepôt ». Une autre préoccupation de l’AMCOB est l’absence des femmes à un haut niveau dans la filière cola. Les responsables de l’AMCOB réfléchissent, actuellement, a la possibilité d’intégrer les femmes en bonne place dans la filière. Même s’ils n’ont enregistré aucune demande émanant d’elles parmi la centaine de demandes en attente. « Pour le développement du pays, les femmes doivent être présentes dans tous les secteurs », a déclaré M. Ouédraogo.

Assétou BADOH
Gladys OUEDRAOGO (Stagiaire)

Sidwaya

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