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Investir en bourse : “Un créneau de financement pour tous”

Publié le vendredi 17 mars 2006 à 07h30min

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Léopold Ouédraogo de la BRVM

Le financement des activités économiques internationales et nationales se fait de plus en plus par le biais du marché financier, notamment la bourse. Ce marché existe dans tous les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Il est représenté au Burkina Faso par une antenne nationale.

"Je n’ai jamais entendu parler de la bourse ! J’ignore ce qu’elle signifie", a affirmé Julien Nikièma ébéniste au secteur n° 03 de Ouagadougou. Comme lui, beaucoup de Burkinabè méconnaissent le marché boursier ou y font des opérations sans le savoir. En effet M. Nikièma a confié ceci : "En 1988, je détenais des actions du comptoir industriel de crédit automobile (CICA). Chaque fin d’année, les dirigeants de la société réunissaient toutes les personnes qui avaient investi pour leur distribuer les bénéfices". Le directeur de l’antenne nationale de régionale des valeurs mobilières (BRVM), Léopold Ouédraogo, explique que lorsqu’on parle de bourse, deux (2) aspects se présentent.

Il y a des personnes qui apportent de l’argent et d’autres qui viennent le chercher. M. Ouédraogo affirme que la bourse est une nouvelle source de financement qui vient compléter les sources traditionnelles, telles que les banques ou le placement privé de titre de créance ou d’actions. Il poursuit en disant qu’elle s’adresse à toutes les personnes qui veulent assurer leur avenir financier et est accessible à tous les épargnants qu’ils soient petits ou grands. "La bourse n’est pas une affaire de riches, mais de personnes qui désirent épargner", a-t-il précisé. Selon lui, autant quelqu’un a les moyens d’ouvrir un compte d’épargne, autant il peut se lancer sur marché financier.

Les Sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) existent à cet effet. Ces sociétés sont de deux types : les SGI de la place ont leur siège au Burkina Faso et les SGI réseaux ailleurs. La société burkinabè d’intermédiation financière (SBIF) fait partie des premières. Son directeur, Alexis Lourgo indique que les missions d’une SGI se résument d’une part, à fournir aux investisseurs des véhicules de placement attractifs de par leur rentabilité et d’autre part, d’aider les entreprises à trouver des financements adaptés et surtout non coûteux pour leurs investissements.

"Il s’agit de courtiers à valeur mobilière, c’est-à-dire des sociétés de commercialiser des produits du marché financier (actions, obligations ou autres titres) tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina", a-t-il ajouté. "Avant d’orienter un client vers un produit donné, la SGI vérifie un certain nombre d’informations le concernant", poursuit M. Lourgo. Cela porte entre autres sur sa formation, son âge, sa situation matrimoniale, ses motivations et son ancienneté dans le travail. Le premier responsable de la SBIF fait savoir que le dépôt d’argent de l’investisseur donne droit à l’ouverture d’un compte à son nom. Il a été formel, le SGI a le devoir de respecter les instructions de ses clients.

C’est pourquoi la SBIF forme les intervenants qui n’ont aucune notion sur les mécanismes financiers. 3 modes de gestion de compte sont possibles à savoir celles collective personnalisée et individuelle. M. Lourgo révèle que le premier mode que la SBIF est en train de mettre en place permet aux clients d’investir avec des moyens modestes tout en bénéficiant d’aide de spécialistes alors que dans la gestion personnalisée le compte des clients est totalement confiée à la SGI qui procède aux achats et ventes de titres en contrepartie de frais de service. Quant à la gestion individuelle, elle laisse la liberté aux détenteurs de portefeuille, c’est-à-dire ceux qui possèdent des titres de mener opération.

Le marché est-il fiable ?

La bourse offre des avantages pour les entreprises, les administrations, les investisseurs et les épargnants. Selon le directeur de la SBIF les entreprises ont des besoins de financement à court et long terme, pourtant les banques offrent des crédits en général pour le court terme. L’opportunité est donnée aux entreprises et sociétés de satisfaire leur besoin de financement pour le long et le court terme en levant par exemple des obligations qui représente des fractions de prêt consenti aux demandeurs.

Pour M. Lourgo les entreprises cotées en bourse bénéficient d’un certain prestige ou nationalité, d’une visibilité, ce qui favorise une évolution facile de leur valeur de marché par les populations. Ainsi elles peuvent s’acheter des obligations ou se financer par émission d’actions (titres de propriété d’une entreprise).

S’agissant des avantages offerts par le marché à l’administration publique, le directeur de la BRVM avance que les Etats n’ont pas d’autres choix de recettes que les prélèvements obligatoires comme les impôts. Toutefois ils arrivent à financer leurs déficits budgétaires et leurs investissements à long terme on émettant des bons du trésor (titre à court terme) et obligations.

Des propos de M. Ouédraogo il ressort que les investisseurs font fructifier la part des revenus non consommés, thésaurisée ou déposés sur des comptes non renumérées. M. Lourgo de renchérir en disant que le détenteur de portefeuille peut avoir une plus value sur les titres qu’il a cédés au moment de son introduction en bourse, en sus d’une dividende. Pourquoi nombre de personnes connaissent le marché boursier ou sont réticents à s’y lancer bien qu’il nombre de personnes méconnaissent le marché boursier ou sont réticents à s’y lancer bien qu’ils présente les avantages suscité ?

Nasmani Korbéogo, commerçant de céréales met en garde : "En ce qui concerne le marché boursier, il faut être très prudent. Du jour au lendemain, un investisseur peut se retrouver millionnaire ou ruiné. Tout dépend de la qualité des sociétés et des analystes financiers qui gèrent les comptes". Il ne possède pas de titres au Burkina Faso parce qu’il ne connaît pas la performance des sociétés nationales. "Le problème se situent sur le fait que les investisseurs achètent des produits immatériels (actions ou obligations), toute chose qu’appréhende difficilement la population en majorité analphabète", martèle-t-il.

Korbéogo affirme que les produits financiers sont plus rentables que ceux bancaires. Toutefois, il trouve que le mécanisme boursier est complexe. "Même les Européens ne le maîtrise pas. Il y a des valeurs spécialisés dans la création d’entreprise fictives, aidé par les nouveaux outils de communication comme Internet. Ils font et défont des sociétés pour détourner l’argent des honnêtes citoyens. Je pense que la bonne gouvernance est un facteur clef de réussite pour le fonctionnement de la bourse", a-t-il conclut.

Si Korbéogo a refusé délibérément d’acheter des titres, son collègue, Sankara François par contre n’a aucune information sur l’existence du marché.

Sankara reproche aux personnes qui ont en charge le fonctionnement du marché de ne pas passer assez de publicité. Comme M. Nikièma, il pense l’information se rapportant à la bourse ne circule pas, ce qui fait que le marché n’est pas connu d’un large public. Pour les premiers responsables, la raison se trouve ailleurs.

M. Lourgo déclare que le marché est nouveau. Il a véritablement commencé ses activités en 1998. De plus, il n’y a jamais eu au Burkina Faso, un cas pratique de son fonctionnement selon le directeur. Il est convaincu que cette situation va changer avec la privatisation de la Société nationale de téléphonie (ONATEL, l’Etat ayant décidé de passer par la bourse en vue de cela).

Pour sa part, M. Ouédraogo trouve que certaines conditions de gestion telles que la transparence vis-à-vis de la concurrence, l’obligation d’adopter une politique de distribution de dividende et le management de bonne qualité empêche des entreprises de s’introduire en bourse.

La structure qu’il a permis au Burkina de collecter des milliards de F CFA pour un financement des activités de développement. Pour exemple, il cite les emprunts des Brasseries du Burkina (BRAKINA), de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) et de l’ONATEL.

Séraphine SOME (seraseme@yahoo.fr)
Sidwaya

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