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Idriss Déby Itno : A force de crier au putsch...

Publié le vendredi 17 mars 2006 à 08h10min

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Idriss Déby

Qui cherche à déboulonner Idriss Deby Itno de son fauteuil présidentiel ? C’est la question que l’on se pose depuis mercredi 15 mars dernier. En effet, le gouvernement tchadien a annoncé avoir fait échec à une tentative de putsch qui visait à faire partir l’homme fort de N’Djaména du pouvoir, depuis mardi.

De sources proches de l’Exécutif tchadien, sont indexés comme les initiateurs de ce coup d’Etat déjoué, les frères jumeaux Tom et Timam Erdimi, tous deux anciens directeurs de cabinet du président Deby, et un homme de tenue, le général Seby Aguid.

Ces frères, naguère collaborateurs directs du chef de l’Etat, sont de la même ethnie Zaghawa que lui, et dont il s’est débarrassés après une mutinerie née au sein de l’armée tchadienne en 2004. On se demande d’ailleurs si ce n’est pas leur intention de rejoindre les rangs de la rébellion qui leur vaut cette accusation d’être à l’origine de cette tentative de putsch.

Quant au troisième larron mis en cause, Seby Aguid, il venait de déserter la grande muette avec plusieurs de ses compagnons. Le scénario du putsch tel que l’ont décrit les forces de défense de N’Djaména, prévoyait d’abattre l’avion du président Deby à son retour de Guinée équatoriale, où celui-ci a pris part au sommet de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Le pot aux roses ayant été découvert, Idriss est rentré précipitamment au pays.

A deux mois de l’élection présidentielle (le 3 mai prochain) au bord du lac Tchad, voilà une situation qui remet à nu les réalités du pouvoir qu’on sait depuis longtemps lézardé, d’ I.D.I. En témoignent la défection des membres de son ethnie Zaghawa, qui ont maille à partir avec des milices arabes au Darfour et qui lui en veulent de ne pas les soutenir suffisamment ; les querelles au sein de l’armée ; et ses malentendus avec la Banque mondiale sur la gestion des revenus du pétrole tchadien.

On pourra épiloguer à souhait sur cette tentative de coup d’Etat, l’on ne peut s’empêcher de penser que pareilles situations peuvent servir de prétexte à des purges au sein du pouvoir. Vraie ou fausse, cette tentative de putsch n’est pas sans rappeler la situation dans cet autre pays, la Mauritanie pour ne pas le nommer, où l’ex-président déchu, Mohamed Ould Taya, voyait partout le complot contre son pouvoir.

On connaît la suite. Arrivé au pouvoir en 1990, Idriss Deby Itno, cet ancien général, serait-il en train de battre le record de la complotite ? En tout cas, depuis qu’il est s’est installé sur le trône tchadien, son fauteuil est régulièrement menacé. Que ce soit par des groupes de rebelles et des déserteurs de l’armée, ou son voisin soudanais qu’I.D.I. accuse de soutenir des initiatives qui cherchent à le renverser, le diable de la déstabilisation est partout.

Et à force de crier au loup, ou plutôt au putsch, on finit par être emporté. Coup d’Etat ou pas, on ne le dira jamais assez ; le meilleur antidote au putsch, c’est de ne pas tripatouiller la Constitution et d’être honnête dans l’application des règles du jeu démocratique et ne pas vouloir prendre des raccourcis.

On ne le sait que trop, pour réprimer les opposants, fouler aux pieds la loi fondamentale, dilapider les maigres deniers publics, Déby reste imbattable. Lorsqu’un chef ne fait pas dans la dentelle pour gouverner, ne soyons pas étonnés qu’exténués par ces pratiques aux antipodes des règles de bonne gouvernance, des hommes et des femmes en viennent à vouloir usurper le pouvoir. C’est humain. La survie politique de Deby est étroitement liée à une gestion démocratique de l’Etat. C’est la seule porte de sortie.

Agnan Kayorgo
L’Observateur Paalga

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