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Recensement fiscal : Le bordel !

Publié le jeudi 16 mars 2006 à 08h21min

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Paténéma Kalmogo, ex-DG des impôts depuis le Conseil des ministres d’hier

Débuté en grandes pompes, le recensement fiscal lancé par la Direction générale des impôts est gagné par un désordre attristant. Dernier épisode d’un vaste capharnaüm, la grève des chefs d’équipes.

Depuis vendredi, les équipes de recensement ne tournent plus. Les agents recenseurs se contentent d’aller faire acte de présence. Après avoir signé la fiche de pointage, ils vont s’occuper à autre chose : leurs superviseurs ayant décidé de rester dans leurs bureaux. Ils entendent par ce geste, exprimer leur refus de cautionner la forfaiture, et d’être les dindons de la farce.

A l’origine de cette crise, se trouve un problème de prise en charge. Avant l’entame du recensement fiscal, les superviseurs exigeaient un traitement spécial. Ils estiment en effet que la mission à laquelle ils prennent part, méritent qu’ils soient pris en charge. Ce d’autant plus qu’ils appartiennent à plusieurs services rattachés : domaine, impôts, cadastre.

La DGI oppose une fin de non recevoir à leur requête. Elle considère en effet que le recensement fiscal fait partie intégrante des missions dévolues aux agents frondeurs. En d’autres termes, le terrain ne serait que le prolongement de leur travail quotidien.

Ils obtiennent, en revanche, la promesse d’une prime de 500 FCFA par jour, pour leur déjeuner. Une offre ressentie par les concernés comme une foutaise. Ils acceptent malgré tout de débuter l’opération. Non sans mentionner hors caméra, leur totale désapprobation.

Le directeur général des impôts, lui, préfère ironiser. Le recensement fiscal dit-il c’est l’occasion de dégraisser. Message bien reçu par les chefs d’équipes qui ont tout simplement décidé de bloquer la machine.

A la suite de leur arrêt de travail, la DGI consent enfin à ouvrir le débat : elle aurait proposé 1000 FCFA aux grévistes. Ce que ces deniers auraient rejeté, conscients à présent que le vent a changé de direction. De bonne source, ils exigeraient 5000 FCFA par jour.

Mais au-delà de la grève des chefs d’équipes, ce sont les conditions d’organisation de ce recensement fiscal qui sont mises à jour :précipitation, impréparation, désordre. Bref un spectacle digne d’un pays sous-développé. A preuve, la centaine d’agents recenseurs recrutés, et qui travaillent dans un environnement dont on devine aisément qu’il ne peut favoriser un travail intellectuellement et moralement acceptable.

Des salaires minables, sur lesquels l’administration doit défalquer, l’ « IUTS », de même que la cotisation à la caisse de sécurité sociale. Des contractuels sans fiche de paie, un guichet unique, un calcul d’émoluments basé sur les jours de travail effectif... Autant dire qu’avec ce recensement fiscal, la DGI a fait un grand bon en arrière.

Juvénal Somé
Lefaso.net

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