LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Côte d’Ivoire -Retour de Soro à Abidjan : la locomotive de la paix, de nouveau sur les rails

Publié le jeudi 16 mars 2006 à 08h28min

PARTAGER :                          

C’en est fini donc de l’école buissonnière de Guillaume Kigbafori Soro, puisqu’il retourne au Conseil des ministres à Abidjan, lieu qu’il avait fui depuis octobre 2004 pour se réfugier sous les cieux cléments de Bouaké.

A-t-il tenu compte du reproche du président Laurent Gbagbo qui l’a apostrophé, sur ce sujet lors du conclave de Yamoussoukro en ces termes : "Je vous ai formé, mais vous êtes devenu un mauvais élève.

Vous faites l’école buissonnière" ? Sûrement pas, il a surtout jugé opportun de faire ce come-back, au regard de la conjoncture politique actuelle, qui le satisfait lui et ses affidés les Forces nouvelles.

Notamment, la problématique de sa sécurité : "... Le retour des ministres de la rébellion au sein du gouvernement suppose avant tout une garantie de sécurité... nous n’irons siéger à Abidjan que si nous sommes autorisés à nous y rendre avec nos propres gardes du corps issus de la rébellion...", affirmait l’ex-leader de la FESCI dans son ouvrage-entretien avec le journaliste Serge Daniel, Pourquoi je suis devenu un rebelle, paru aux Editions Hachette Littératures en avril 2005.

Après s’être claquemuré pendant 16 mois à Bouaké d’où il effectuait des voyages dans des capitales européennes et africaines sans oublier de régenter "les 60% du territoire ivoirien", même si les bouches fendues au mauvais endroit affirment qu’il ne s’agit pas de "la Côte d’Ivoire utile", voilà donc Guillaume Soro de nouveau dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, à l’image du retour de l’enfant prodige.

Certes, il sera gardé, et par ses propres gorilles, et par des éléments de l’ONUCI, mais s’il a accepté ce retour à Abidjan, c’est que sa sécurité rapprochée lui inspire confiance, même s’il est vrai qu’en la matière, le risque zéro n’existe pas.

L’hôtel du Golf à Abidjan va donc accueillir de nouveau, comme en 2003, des clients particuliers que sont les 6 ministres des Forces nouvelles dans l’équipe de Konan Banny, qui en compte au total 32.

Un Charles Konan Banny (CKB) qui, cahin-caha ; "avec sa seule balle dans le fusil, et ses flèches dans le carquois" travaille, "en tant que chasseur de lion", à abattre la crise, c’est-à-dire à ramener la paix. Lorsqu’il a été nommé Premier ministre le 4 décembre 2005, il avait promis qu’il mettrait tout en œuvre pour réconcilier d’abord ceux qui sont au devant de cette crise.

Essai transformé en partie puisque la réunion du 28 février dernier à Yamoussoukro constitue une grande enjambée dans la résolution de cette crise.

En même temps qu’une importante dividende politique pour l’ex-gouverneur de la BCEAO, qui, quoi qu’on dise et même si l’intéressé a maintenu longtemps un faux suspense sur le sujet, pourra toujours servir au probable présidentiable qu’il est en 2011 !

Encore que le chemin qu’il lui reste à faire soit encore long et parsemé d’obstacles d’ici octobre 2006, date arrêtée, en principe, pour la présidentielle.

On ne peut manquer de se demander si ce retour en fanfare à Abidjan pourra booster réellement le processus. La première impression est que cette rencontre Gbagbo/Soro à Abidjan, qui a duré une heure, dont 15 mn en tête-à-tête, va raffermir le dialogue, entamé en fin février à la Fondation Houphouët-Boigny pour la paix.

"Je pars d’ici convaincu que nous avons pris le bon chemin pour réaliser rapidement la paix en Côte d’Ivoire", a affirmé le ministre d’Etat chargé de la reconstruction et de la réinsertion, au sortir de cette audience avec Gbagbo. On le croit sur parole, et il reste maintenant à passer aux actes pour convaincre les Ivoiriens d’abord et la Communauté internationale ensuite.

Et ce ne sont pas les sujets qui fâchent qui manquent, en particulier ceux liés au recensement de la population. Tel le fumeux terme de l’ivoirité, inventé alors pour dire qui est Ivoirien de pure souche et qui est allogène, donc étranger.

Comment recenser les populations du Nord du pays, pour les intégrer au corps électoral ? La Commission électorale indépendante pourra-t-elle accomplir les tâches à elle dévolues, en toute tranquillité ? A quand la concrétisation de ce fameux désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) qui s’apparente, chaque jour, à un serpent de mer ?

Quel avenir politique, pour ne pas dire quel avenir tout court pour les ex-rebelles, dont certains voient d’un mauvais œil la fin de cette situation de ni paix ni guerre, qui signifie aussi la fin des privilèges ? En fait, en un mot, comment tenir une pésidentielle, dans un pays en partition ?

C’est visible donc, ce retour surmédiatisé du ministre Guillaume Soro, à l’analyse, apparaît comme un élément chétif dans la constitution du puzzle de la paix ivoirienne. Dans une crise qui a perduré et s’est banalisée, les uns et les autres se sont accommodés des effets, et, en l’espèce, les habitudes seront dures à enrayer, chaque camp avançant, le plus souvent, masqué.

Aucun acte n’est gratuit, et l’embellie d’une journée peut, le lendemain, être assombrie par une montée d’adrénaline. Tout comme une unique hirondelle ne fait pas le printemps, le seul retour de Soro, fût-il le chef de plus de la moitié du territoire, à la table du Conseil des ministres ne saurait constituer la solution du problème ivoirien.

Il faut donc attendre les prochains mois pour voir la locomotive de la paix, qui semble de nouveau sur les rails et qui s’est ébranlée, parcourir des kilomètres, et surtout arriver à bon port, avant de dire "Bingo !".

D’ici là, il faut croiser les doigts et prier, car "la foi est souvent à la recherche de la raison (humaine)" (1), selon Saint Thomas d’Aquin, pour la guider vers le bien.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Après s’être claquemuré pendant 16 mois à Bouaké d’où il effectuait des voyages dans des capitales européennes et africaines sans oublier de régenter "les 60% du territoire ivoirien", même si les bouches fendues au mauvais endroit affirment qu’il ne s’agit pas de "la Côte d’Ivoire utile", voilà donc Guillaume Soro de nouveau dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, à l’image du retour de l’enfant prodige. Certes, il sera gardé, et par ses propres gorilles, et par des éléments de l’ONUCI, mais s’il a accepté ce retour à Abidjan, c’est que sa sécurité rapprochée lui inspire confiance, même s’il est vrai qu’en la matière, le risque zéro n’existe pas.

L’hôtel du Golf à Abidjan va donc accueillir de nouveau, comme en 2003, des clients particuliers que sont les 6 ministres des Forces nouvelles dans l’équipe de Konan Banny, qui en compte au total 32. Un Charles Konan Banny (CKB) qui, cahin-caha ; "avec sa seule balle dans le fusil, et ses flèches dans le carquois" travaille, "en tant que chasseur de lion", à abattre la crise, c’est-à-dire à ramener la paix. Lorsqu’il a été nommé Premier ministre le 4 décembre 2005, il avait promis qu’il mettrait tout en œuvre pour réconcilier d’abord ceux qui sont au devant de cette crise. Essai transformé en partie puisque la réunion du 28 février dernier à Yamoussoukro constitue une grande enjambée dans la résolution de cette crise.

En même temps qu’une importante dividende politique pour l’ex-gouverneur de la BCEAO, qui, quoi qu’on dise et même si l’intéressé a maintenu longtemps un faux suspense sur le sujet, pourra toujours servir au probable présidentiable qu’il est en 2011 ! Encore que le chemin qu’il lui reste à faire soit encore long et parsemé d’obstacles d’ici octobre 2006, date arrêtée, en principe, pour la présidentielle. On ne peut manquer de se demander si ce retour en fanfare à Abidjan pourra booster réellement le processus.

La première impression est que cette rencontre Gbagbo/Soro à Abidjan, qui a duré une heure, dont 15 mn en tête-à-tête, va raffermir le dialogue, entamé en fin février à la Fondation Houphouët-Boigny pour la paix. "Je pars d’ici convaincu que nous avons pris le bon chemin pour réaliser rapidement la paix en Côte d’Ivoire", a affirmé le ministre d’Etat chargé de la reconstruction et de la réinsertion, au sortir de cette audience avec Gbagbo. On le croit sur parole, et il reste maintenant à passer aux actes pour convaincre les Ivoiriens d’abord et la Communauté internationale ensuite. Et ce ne sont pas les sujets qui fâchent qui manquent, en particulier ceux liés au recensement de la population. Tel le fumeux terme de l’ivoirité, inventé alors pour dire qui est Ivoirien de pure souche et qui est allogène, donc étranger.

Comment recenser les populations du Nord du pays, pour les intégrer au corps électoral ? La Commission électorale indépendante pourra-t-elle accomplir les tâches à elle dévolues, en toute tranquillité ? A quand la concrétisation de ce fameux désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) qui s’apparente, chaque jour, à un serpent de mer ? Quel avenir politique, pour ne pas dire quel avenir tout court pour les ex-rebelles, dont certains voient d’un mauvais œil la fin de cette situation de ni paix ni guerre, qui signifie aussi la fin des privilèges ? En fait, en un mot, comment tenir une pésidentielle, dans un pays en partition ?

C’est visible donc, ce retour surmédiatisé du ministre Guillaume Soro, à l’analyse, apparaît comme un élément chétif dans la constitution du puzzle de la paix ivoirienne. Dans une crise qui a perduré et s’est banalisée, les uns et les autres se sont accommodés des effets, et, en l’espèce, les habitudes seront dures à enrayer, chaque camp avançant, le plus souvent, masqué. Aucun acte n’est gratuit, et l’embellie d’une journée peut, le lendemain, être assombrie par une montée d’adrénaline.

Tout comme une unique hirondelle ne fait pas le printemps, le seul retour de Soro, fût-il le chef de plus de la moitié du territoire, à la table du Conseil des ministres ne saurait constituer la solution du problème ivoirien. Il faut donc attendre les prochains mois pour voir la locomotive de la paix, qui semble de nouveau sur les rails et qui s’est ébranlée, parcourir des kilomètres, et surtout arriver à bon port, avant de dire "Bingo !". D’ici là, il faut croiser les doigts et prier, car "la foi est souvent à la recherche de la raison (humaine)" (1), selon Saint Thomas d’Aquin, pour la guider vers le bien.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

(1) Saint Thomas d’Aquin : Somme théologique, Tome II : voir Fides quaren intellectum, (la foi à la recherche de la raison)

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique