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Respect du patrimoine national : Le médiateur du Faso crève l’abcès

Publié le vendredi 6 février 2004 à 09h54min

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"Le patrimoine national est un bien commun et non un bien en
déshérence (...). Si l’on respecte les textes de lois édictés dans
l’intérêt de tous, à commencer par la Constitution, il n’ y aura
plus de conflits, plus d’exclusion, plus de violences en politique,
plus de détournements de deniers publics, plus de corruption,
plus de fraude...". Le médiateur du Faso, Jean-Baptiste Kafando, montre la voie à
suivre pour parvenir à une société vertueuse , débarrassée des
scories de la mal-gouvernance et de la gabégie.

En initiant une
série de conférences sur le thème : "Le respect et la protection
du patrimoine national" dont la première a eu lieu hier jeudi,
l’ombudsman cherche avant tout à combattre le mal par la
racine.

Ce combat en amont est tellement important que le plus
souvent on s’attaque aux manifestations du fléau et non à ses
causes. Du coup, comme un sphinx, il renaît toujours de ses
cendres. Au-delà donc de son rôle traditionnel de règlement à
l’amiable des litiges entre l’administration et l’administré, le
médiateur du Faso s’inscrit résolument dans une dynamique
d’éducation civique et morale, socle de tout développement.
Cette activité citoyenne fait sortir l’institution de son carcan.

Beaucoup ne comprennent pas effectivement très bien son rôle
véritable et la considèrent tout simplement comme une garniture
du paysage institutionnel qu’on n’aperçoit que lors de la
traditionnelle remise de son rapport annuel au président du
Faso. Désormais, Jean-Baptiste Kafando et ses collaborateurs
cherchent à participer davantage à l’intériorisation de certaines
valeurs cardinales en se rapprochant des citoyens.

La gestion
du patrimoine national a toujours été un sujet tabou sous les
tropiques. Les mandarins qui nous gouvernent la concoctent
très souvent dans d’obscures officines à l’abri du regard des
empêcheurs de bouffer en rond. Il est évident qu’un pays
comme le Burkina aurait connu un meilleur sort si ses maigres
ressources étaient toujours mieux gérées.

Cette série de conférences apparaît donc comme une volonté
de parvenir à la bonne gouvernance en sensibilisant toutes les
couches sociales, à commencer par les dirigeants politiques et
tous ceux qui detiennent une parcelle de pouvoir, au respect de
la chose publique . Et ce respect passe inévitablement par une
prise de conscience du sens de l’intérêt général. Certes, le sujet
que le médiateur du Faso met en débat n’est pas nouveau. Il est
même devenu presqu’"ennuyeux". Mais la question ayant été
soulevée par l’une des plus grandes institutions de l’Etat , le
sujet présente tout son intérêt. D’ailleurs, la répétition n’est-elle
pas pédagogique, surtout dans un domaine aussi vital que
celui de la gestion du bien commun ?

L’Etat, garant du patrimoine national, doit se sentir interpellé au
premier chef. Mais lorsqu’on constate certaines aberrations de
notre système éducatif comme l’absence au programme d’un
enseignement sur l’histoire du Burkina de la 6e à la Terminale,
le manque d’éducation civique dans les écoles, on s’interroge
sur la réelle volonté des pouvoirs publics à combattre le fléau.

Tout travail de sensibilisation contre la corruption, les
détournements, la fraude et autres, sera vain tant qu’on
n’inculque pas aux plus jeunes le sentiment patriotique et que
les plus âgés en donnent l’exemple. Le poisson pourrit par la
tête, dit-on et la maxime qui proclame "faites ce que je vous dis
mais ne faites pas ce que je fais" est à proscrire du lexique
politique et social.

Aujourd’hui, les tiroirs du gouvernement
débordent de rapports mettant à jour des pratiques délictueuses
de corruption, de fraude, de détournement...
Le combat mené contre l’ hydre de la mal-gouvernance serait
improductif si en aval les coupables, fussent-ils détenteurs de la
carte du parti,ou membres de puissantes côteries, n’étaient pas
sanctionnés à la hauteur de leur forfait.

Corruption et
détournements se nourrissant de l’injustice et de l’impunité, il
convient, à cet effet, de promouvoir la pédagogie de l’exemple en
appliquant à tous, princes comme sans-culottes,la rigueur de la
loi. Il importe donc de tout mettre en oeuvre pour respecter le
patrimoine national et travailler à le fructifier, condition sine qua
non de tout développement.

Le Pays

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