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Libéria : Quand l’étau se resserre autour d’un ex-dictateur

Publié le mercredi 15 mars 2006 à 07h05min

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Charles Taylor

Surprise ! La question de l’extradition de l’ancien président libérien, Charles Taylor, du Nigeria où il vit en exil, vient d’être relancée. Les autorités libériennes et nigérianes sont-elles enfin décidées à faire avancer un dossier paralysé depuis déjà presque trois ans ?

Difficile de répondre de manière catégorique à cette question. Ce qui ne souffre l’ombre d’aucun doute, c’est que la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, annonçait déjà la couleur jeudi 9 mars dernier lors de son séjour parisien lorsqu’elle déclarait que "Charles Taylor devra un jour rendre des comptes à la justice, mais cela ne se fera pas sans consultations avec le Nigeria ni au détriment de la stabilité du Liberia".

Le moins que l’on puisse dire c’est que Taylor, qui se croyait oublié dans son exil doré de calabar, la capitale de l’Etat de Cross River dans le sud-est du Nigeria, a des soucis à se faire.

Et ces informations ne pourraient être pour lui que le début d’une série de nouvelles pas du tout rassurantes. On se souvient encore que c’est le 7 mars 2003 que le tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone, appelé à juger les principaux responsables des crimes perpétrés lors de la guerre civile, inculpait Charles Taylor.

Pour une telle inculpation, les griefs portés à l’encontre de l’ex-dictateur libérien sont loin d’être frêles. Taylor est en effet accusé d’avoir contribué à déstabiliser la Sierra Leone par le biais de son soutien militaire et financier au Front révolutionnaire uni (RUF) de feu Foday Sankoh.

Et le 12 mars 2003, sous l’intigation du département d’Etat, le Conseil de sécurité des Nations unies demandait aux 191 Etats membres de rechercher et de geler les actifs financiers de Taylor et de ses comparses. L’objectif, vous l’aurez deviné, étant de les empêcher d’utiliser ces fonds frauduleusement acquis pour interférer dans les processus de restauration de la paix et de la stabilité dans la sous-région.

C’est vrai que si on n’a pas Taylor à l’œil, s’il n’est pas mis en "lieu sûr", il est toujours susceptible d’embraser la sous-région. Même frappé de gel de ses actifs financiers, cet ex-rebelle reste toujours une hydre.

Personne n’a encore oublié le système maffieux de gestion des deniers publics que l’ex-président libérien avait patiemment et savamment mis en place lorsqu’il était aux affaires dans cette République au large du golfe de Guinée, indépendante depuis 1847.

Du temps de sa splendeur en tant que chef d’Etat, Taylor avait en effet la haute main sur les produits pétroliers, le diament et autres pierres précieuses ; de même que le commerce général, le registre maritime et le bois, principale ressource naturelle du Liberia, n’échappaient pas à sa furieuse razzia. Ce n’est peut-être pas connu, mais au strict plan des activités maritimes, le Liberia se classe en 2e position au monde, après Panama en termes de tonnage.

Voilà en quelques mots le trésor de "guerre" de Taylor, qui, loin de s’être effrité en dépit des effets d’annonces de gel de ses avoirs financiers, est resté presqu’en l’état, disséminé aux quatre coins de la planète et surtout dans les paradis fiscaux.

Certes, maintenant avec l’aval des puissants de ce monde, l’étau semble se resserrer autour de cet ex-rebelle. Mais mieux que quiconque, Ellen Johnson Sirleaf, cette diplômée d’économie de Haward, sait que mal négociée, l’extradition de Taylor peut être un véritable poison pour son régime, voire la sous-région.

Et ce n’est pas peut-être pour rien qu’elle traite ce sulfureux dossier avec beaucoup de délicatesse, car, nous semble-t-il, les capacités de nuisance de Taylor sont restées intactes.

Boureima Diallo
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 15 mars 2006 à 12:16, par Antoine OULAI En réponse à : > Libéria : Quand l’étau se resserre autour d’un ex-dictateur

    Sans etre défenseur du diable,je souhaiterais beaucoup de prudence dans la gestion de l’affaire Charles TAYLOR.
    En effet,nous savons tous que la remise du pouvoir,le départ en exil et le choix du pays d’asile ont été l’objet de négociation et de protocole d’accord, d’un marché entre l’ex-dictateur et la communauté internationale.(abandon du pouvoir contre amnistie)
    Il faudrait donc que les parties respectent la parole donnée pour que les décisions de la communauté internationale soient prises au sérieux dans les conflits futurs.

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