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Déroute des Etalons à Tunis-Seydou Diakité, président de la FBF : "La responsabilité est collective"

Publié le vendredi 6 février 2004 à 07h07min

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Une fois encore, la CAN a été un échec. Tout le monde le sait. Au lendemain de cette élimination sans gloire, nous avons rencontré le président de la FBF. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il parle du climat qui entoure l’équipe, de l’encadrement technique, de son mandat qui sera bientôt à expiration et des projets qu’il nourrit pour le football burkinabè.

Trois matchs : un nul, deux défaites, le bilan de cette CAN pour le Burkina est une catastrophe.

Je dirais même une déculottée, il faut appeler les choses par leur nom. La responsabilité dans cette affaire est collective. Les joueurs ont fauté, l’encadrement a fauté et la Fédération a également sa part de responsabilité. Je ne vais pas me débiner, on assume. Ce n’est pas normal après tout ce qui a été fait aujourd’hui par le peuple burkinabè, par le chef de l’Etat et toutes les autorités, le ministère des Sports et des Loisirs et les supporters qui ont bravé le froid, qui ont laissé leurs occupations habituelles pour venir pousser les Etalons et qu’on sorte de cette CAN avec ce résultat médiocre, lamentable et minable. Si c’est l’argent qui devait permettre de gagner une CAN, les conditions étaient réunies cette fois-ci pour que le Burkina soit placé à la première loge. Mais malheureusement, les efforts consentis n’ont pas été récompensés. Il faut tirer les enseignements, tout le monde se trompe. A un moment donné nous étions persuadés que nous avions notre mot à dire mais le temps nous a donné tort. Mais je ne suis pas découragé.

Vous dites que la Fédération a sa part de responsabilité. Peut-on savoir à quel niveau vous la situez ?

Les joueurs sont convoqués sous la responsabilité de la Fédération. Les entraîneurs posent des actes sous le couvert de la Fédération, je ne vais pas rentrer dans les détails, je suis en train de préparer mon rapport moral et financier ; probablement le 14 février, je vais donner une conférence de presse pour rendre compte de tout ce qui a été mobilisé comme ressource, de tout ce qui a été fait pour que les gens sachent que nous ne sommes pas venus ici pour nous amuser. On est venu en responsable pour faire aboutir un projet national. Malheureusement, on s’est trompé dans la mise en œuvre de la stratégie, il faut le reconnaître. Les deux derniers matchs, tactiquement on a fauté. Le dernier match, le choix des hommes opérés laissait à désirer. On a pris des gens pour les mettre à des postes qui ne sont pas les leurs. Cela a donné les résultats que nous avons eus ; c’est déplorable, il faut que le peuple sache que nous n’avons pas fait exprès.

A vous entendre, vous pointez un doigt accusateur sur l’encadrement technique. Quel est donc le sort qui lui est réservé ?

C’est prématuré de parler du sort de l’entraîneur des Etalons. Il est sous contrat jusqu’en fin février. Je suis en train de travailler sur le rapport moral et financier qu’on va rendre public. S’il y a une décision à prendre, ce ne sera pas maintenant. Vous devez retenir qu’il est toujours sous contrat même si par ailleurs il aurait fait des déclarations. Je n’ai pas l’habitude de régler mes problèmes de cette façon. On a des engagements contractuels, on ira jusqu’au bout du contrat. Rabier aurait déjà dit aux joueurs qu’il ne renouvellera pas. Mais pour moi ce ne sont pas les joueurs qui l’ont recruté. Quand il y a des choses comme ça, ce n’est pas aux joueurs qu’il doit s’adresser mais plutôt à son employeur. Je mets ça sur le compte de certaines choses et on se parlera d’homme à homme.

Y a-t-il eu des tentatives de sabotage lors du dernier match face au Kenya ?

Je ne pense pas. Il ne faut pas surestimer les hommes. Lui même doit savoir même s’il doit quitter le Burkina, qu’il a quand même eu l’avantage d’être présent sur une tribune qui doit lui permettre de se propulser. Pourra-t-il le faire avec le résultat qu’il a eu ? Tout le monde a vu l’équipe contre le Sénégal, c’est une grande formation du Burkina qui était là. Une équipe combative contre le Mali qui s’est créée un nombre incalculable d’occasions sans parvenir à concrétiser le minimum et une piètre équipe contre le Kenya. Pourtant les hommes n’ont pas tellement changé. C’est leur positionnement qui a varié.

Quelque part, tout responsable commis à des tâches de cette nature doit pouvoir se remettre en cause.

Comment expliquez-vous le fait que l’entraîneur dise que le Burkina n’a pas de joueurs ?

Il est libre arbitre des propos qu’il tient. Lors du match contre le Sénégal, on n’a pas été ridicule. Nos joueurs étaient à la hauteur, ils ont fait jeu égal avec les Sénégalais. Face au Mali également, on leur a tenu la dragée haute ; malheureusement au niveau de la concrétisation des occasions de but, on a flanché. On aurait gagné contre le Sénégal qu’il n’y aurait rien à dire et un nul face au Mali n’aurait souffert d’aucun commentaire. Je suis étonné qu’il dise à la fin du match contre le Kenya qu’il n’y a pas de joueurs. Les mêmes joueurs qui ont qualifié le Burkina et qui ont livré les deux premiers matchs de la CAN étaient là.

On susurre après cette déculottée que c’est Sidiki Diarra qui prendrait les rênes de l’encadrement. Et d’autres langues d’ajouter que la FBF s’apprête à rendre le tablier. Qu’avez-vous à dire ?

Je peux vous rassurer qu’il n’en est rien de tout ça. Sidiki Diarra est là parce que nous avons estimé a un moment donné qu’il fallait associer toutes les expertises qui pourraient concourir à la mise en œuvre d’une politique cohérente. Sidiki a eu à faire des missions au Sénégal, en Algérie pour inspecter nos adversaires afin de faire un compte-rendu aux entraîneurs. Il était présent à Tunis pour assister aux matchs Mali#Kenya et Sénégal#Kenya et faire un point aux entraîneurs. Toute chose que Joseph Kaboré "Sap Olympic’’ avait eu à faire en son temps avec Alpha Barry pour prospecter les installations.

Ce n’est pas parce qu’il est présent parmi nous ici que systématiquement il est commis à la tâche d’entraîneur national. Nous avons demandé l’autorisation du président de l’USFA qui a été favorable pour mettre à notre disposition Sidiki Diarra qui a fait un travail que j’ai apprécié positivement. C’est ce qui justifie sa présence ici. En ce qui concerne la démission de la Fédération, ce n’est pas une question qui est d’actualité. Je ne démissionnerai pas. On a un programme que nous sommes en train de mettre en œuvre. Nous avons un bilan que nous pouvons défendre. Ce bilan ne se limite pas seulement à la CAN.

Nous reconnaissons que nous avons échoué lamentablement, mais au-delà de la CAN, il y a beaucoup de choses, des chantiers qui sont en cours. Les gens savent que nous ne sommes pas venus ici pour nous amuser. Pour ceux qui pensent que les fonds étaient élevés et qu’ils ont été utilisés hasardeusement, ils vont se rendre compte que l’argent est là. Je disais aux enfants tantôt que c’est dommage qu’il y ait autant d’argent pour eux et qu’ils aient refusé de le prendre. Cet argent est là. Nous allons rendre compte des dépenses qui ont été effectuées et des soldes restants.

Vous dites que vous ne démissionnerez pas. Votre mandat prend fin en cette année 2004, allez-vous le renouveler ?

C’est trop tôt. La mission d’un président de fédération est une mission permanente. Nous sommes des bénévoles, nous sommes des gens qui viennent des entreprises, ou installés plus ou moins à notre compte. Ça fait deux semaines que nous sommes là (ndlr : interview réalisée le 3 février2004) et vous savez que c’est difficile. Pour ce qui me concerne, je n’ai pas pris de décision. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, il faut que les chantiers que nous avons commencés puissent continuer. Je ne suis pas attaché à une fonction mais je reste comme chacun de vous, attaché au développement du football burkinabè.

Si ce n’est pas très tôt, quels sont les chantiers à court, moyen et long termes que nous comptez ébaucher pour le développement du football burkinabè ?

D’abord, il y a le centre technique national qui est dans sa phase de finition et qui va être probablement inauguré courant avril en accord avec les autorités de la FIFA. Ensuite, il y a la mise en œuvre du second "projet goal’’. Notre dossier va passer devant la commission le 17 février et il y a de bonnes chances qu’il puisse passer. Nous envisageons dans ce projet de gazonner les terrains de Banfora, Koudougou et Ouahigouya, de réaliser un certain nombre d’infrastructures supplémentaires à Bobo et également la mise en place de la Ligue nationale de football courant février, la mise en place des commissions spécialisées de la FBF, enfin le démarrage des compétitions de petites catégories.

C’est donc un certain nombre de choses qui vont démarrer tout de suite. Il y a également que nous sommes en train de passer un accord avec CFI qui va accompagner nos Etalons pour les éliminatoires à venir et pour lequel nous allons pouvoir dégager des ressources. On vous l’a dit, nous ne sommes pas seulement là pour prendre, mais également pour donner. On a pris un certain nombre d’accords avec certaines personnes qui doivent déboucher sur le sponsoring des activités de la Fédération.

Interview réalisée par
Béranger ILBOUDO (Email : berengeril @ yahoo.fr)
Sidwaya


L’INSE et les Etalons

L’Initiative nationale de soutien aux Etalons (INSE) qu’a présidée la Chambre de commerce du Burkina Faso est une première dans la phase de mobilisation des moyens pour les Etalons engagés en campagne africaine de football.

Le président de la Chambre de commerce, El Hadj Oumarou Kanazoé, l’ensemble du bureau consulaire ainsi que le comité technique de coordination, dirigé par Hamadé Ouédraogo ont su avec rigueur et méthode, susciter le patriotisme et une mobilisation sans faille autour des Etalons. L’INSE s’est donné la noble mission exclusivement, de collecter des fonds pour soutenir les Etalons. Le niveau des souscriptions en moins de trois (3) mois a souligné de l’adhésion des hommes et des femmes de notre pays, des amis du Burkina à l’esprit et à l’objet de l’opération au profit des Etalons. Le succès de l’opération est sans doute dû à la crédibilité dont a su faire montre la Chambre de commerce dans sa vision de rassembler dans un espace de confiance.

Tout au long de la campagne, l’INSE a pu constater que le vaste mouvement acquis à la cause des Etalons ne s’est jamais démenti, allant de la manifestation individuelle à celle de groupe pour pousser le Onze national toujours plus haut. L’INSE a su rallier toutes les consciences et les compétences à la cause nationale : citoyens burkinabè et amis du Burkina Faso, institutions, opérateurs économiques, leaders d’opinion, confessions religieuses, autorités administratives, coutumières et religieuses, les représentations diplomatiques. Tous et de façon spontanée, se sont unis en un seul homme autour des Etalons.

C’est vrai, oui c’est vrai que les grands rendez-vous se construisent dans la solidarité, comme il est aussi vrai que les grandes choses se font avec la passion mariée au réalisme. La pulsion nationale et patriotique a poussé pour la cinquième fois consécutive les Etalons du Burkina en phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football.

C’était assez pour qu’on dise que notre pays est en train de devenir une nation de football. Et nous avons eu le droit de croire à une haute destinée pour notre football. Le peuple a donné sa confiance aux Etalons, convaincu qu’ils avaient la rage de vaincre, convaincu qu’ils étaient convaincus eux-mêmes de défendre une cause noble. Le peuple a su donner les moyens aux Etalons au regard de la consistance des souscriptions. Nous attendions que nos représentants soient dignes du sacrifice et qu’ils nous paient en retour par des victoires.

Aussi, le Président du Faso, au cours d’une cérémonie solennelle, a remis le drapeau national aux Etalons à la veille de leur départ. Et dès cet instant, les Etalons avaient le sort de tout un peuple en terre tunisienne. C’était certes une lourde responsabilité mais quel honneur !

Le peuple du Burkina Faso, son président, toute la nation, hommes, femmes, grands et petits, jeunes et vieux les ont soutenus. La nation a fait ce qu’elle a pu, un grand sacrifice malgré les priorités nationales dans d’autres domaines. Mais hélas, les Etalons n’ont pas joué, ils n’ont pas joué gagnant, ils ne nous ont pas fait honneur. Ils ont joué perdant. Le peuple n’attendait pas le trophée certes mais une participation honorable de nos représentants. C’est vrai qu’une compétition sportive n’est pas une guerre, qu’elle est faite de victoires et de défaites comme l’avait si bien souligné le Président Blaise Compaoré à la remise du drapeau. Mais là les Etalons n’ont fait que des défaites. Quel dommage ! Alors le peuple se pose les questions de savoir :

- Quelles en sont les responsabilités ?

- Quel avenir pour notre football ?

Mais déjà, cette fois-ci, nous formulons le vœu que les responsabilités soient situées sans complaisance aucune et que chacun ait le courage de se mirer toute honte bue.

Au demeurant, nous exprimons toute notre reconnaissance à l’INSE et à la coordination technique pour la noblesse du travail abattu. Autant la débâcle des Etalons ne doit aucunement étouffer le mérite de l’INSE, autant elle ne doit être une cause de démobilisation. Dans tous les cas, le peuple burkinabè sera toujours prêt à se mobiliser quand il s’agira de défendre les couleurs nationales.

Shérif OUEDRAOGO (24 61 11)

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