LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Transport mixte : la mort en permanence sur les routes

Publié le mardi 7 mars 2006 à 07h44min

PARTAGER :                          

C’est une lapalissade de dire que la route tue. Ses accidents
sont le plus souvent liés à l’inobservance des règles de la
circulation routière. Malgré les multiples accidents mortels, les
campagnes de sensibilisation, les mesures de prévention, et
souvent la répression des forces de sécurité, le phénomène va
toujours galopant dans les régions de la Boucle du Mouhoun,
des Hauts-Bassins et du Nord.

Selon des sources dignes de
foi, plus de 9 accidents mortels ont été enregistrés sur la route
nationale 10 (Ouahigouya- Dédougou-Bobo) pendant le mois de
février. C’est pendant la période de décembre à mai que le trafic
routier des camions communément appelés 10 tonnes
s’intensifie.
Ces camions transportent les commerçants de céréales et
parcourent les zones fortement rurales et enclavées de la
Boucle du Mouhoun pour leurs achats.

Si les réalités socio-
économiques expliquent en partie ce transport mixte, force est
de reconnaître qu’il y a de l’exagération de la part des
transporteurs qui, visiblement, ne sont pas prêts à renoncer à
cette pratique. La—dessus, l’adjudant-chef Thomas K. Bandé,
Commandant de la brigade de prévention routière (CBPR) de la
gendarmerie de Dédougou dit passer tout le temps à informer,
renseigner et sensibiliser les usagers de la route sur les
dangers du transport mixte, "mais le phénomène persiste".

Le
CBPR confesse qu’il a souvent des frissons lorsqu’il voit des
passagers perchés sur des marchandises, les pieds dehors. Il
ajoute que plusieurs fois, il a essayé de débarquer les
passagers, mais se trouve confronté à un dilemme, compte
tenu du fait que ce sont des gens qui vont généralement loin et
se voient obligés d’embarquer dans des camions du même
genre, faute de mieux.

Qu’à cela ne tienne, "nous continuerons à
réprimer, à sensibiliser, à éduquer et à informer les gens, car
nous avons bon espoir que la prise de conscience viendra tôt ou
tard", à conclu le CBPR. Cette conscience, les chauffeurs l’ont, à
en croire Mamoudou Ouédraogo, chauffeur de camion "10
tonnes" ralliant la ligne Kouka à Ouahigouya. "Nous sommes
conscients des risques que nous prenons.

Les règles de la
circulation routière nous interdisent le transport mixte, et ce n’est
pas toujours de gaieté de cœur que nous le faisons, car nos
passagers sont des commerçants de céréales qui préfèrent
être à bord pour assurer la sécurité de leurs marchandises,
Yacouba, convoyeur, renchérit que lorsqu’ils refusent de
transporter un passager sur la ligne, ils essuient toutes sortes
d’injures parce que c’est souvent le seul moyen de transport qui
desserve la zone.

Et les gens n’attendent que çà pour voyager
tous les 5 jours. En tout cas, c’est une kyrielle de raisons qui
sont évoquées par les uns et les autres pour justifier cette
pratique. La forte migration des populations, à la recherche de
meilleures terres cultivables, en est également une cause.

Des
écriteaux du genre "Dieu est grand, Douni ya sougri, Wend la
viim, ou Allah tout-puissant" ornent ces camions pour, sans
doute, donner du courage aux passagers afin qu’ils voyagent
dans une certaine quiétude. Certains passagers de ces
camions disent rentrer chez eux avec leurs récoltes, fruits de
leur labour.

Ces récoltes ne pouvant pas être transportées à
vélo, ils se voient obligés d’embarquer en même temps que les
autres passagers commerçants de céréales et autres
marchandises. L’Etat est également indexé par les uns et les
autres parce que, selon ces derniers, la répartition des fonds
pour le développement des régions n’est pas équilibrée.

En
attendant le bitumage de ces routes, qui permettra sans doute
de désenclaver un tant soit peu la région de la Boucle du
Mouhoun, toute chose qui incitera davantage les opérateurs
économiques à mettre en circulation des cars destinés au
transport en commun, les transporteurs de ces camions "10
tonnes" doivent observer une grande prudence qui, pour sûr,
évitera de noircir davantage le tableau déjà très sombre de la
circulation routière.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Spécial Saint-Sylvestre au restaurant L’Eau vive de Bobo