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Sécurité alimentaire au Burkina Faso : Ce que disent les statistiques

Publié le mardi 28 février 2006 à 05h56min

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S’il est vrai que la sécurité alimentaire du Burkina Faso est totalement tributaire des efforts de 80 % d’agriculteurs qui constituent le secteur primaire, il n’est pas moins vrai non plus que les résultantes attendues des efforts des uns et des autres dépendent elles aussi de dispositions climatiques à propos desquelles nul ne peut se prononcer à l’avance.

Rien n’est donc gagné a priori et c’est la raison pour laquelle les statistiques agricoles revêtent un intérêt particulier en ce sens qu’elles permettent d’avoir une vue anticipée sur l’abondance ou la pénurie contribuant par là même à fournir les bases objectives d’appréciation et de décision dans l’intérêt du pays entier.

Malgré une campagne agricole terminée et (Dieu merci) largement positive, les outils et les méthodes d’évaluation de la sécurité alimentaire restent plus que jamais d’actualité pour plusieurs raisons.

Ils seront reconduits pour la campagne prochaine, ils permettent dès à présent d’avoir une vue précise sur les périodes difficiles pour les agriculteurs que sont les mois de juillet et d’août, ils permettent de prévenir certains grands mouvements sociaux etc. Pour rappel, il faut noter que les statistiques agricoles sont le fruit du travail de la Direction générale des prévisions et des statistiques agricoles (DGPSA). Pour disposer des données qu’elle interprétera par la suite, la DGPSA procède à ce que l’on appelle l’enquête permanente agricole (EPA). Celle-ci a pour vocation première, l’estimation annuelle du volume de la production agricole.

Les cultures céréalières

Pour cette année 2005/2006, l’EPA a, selon le bulletin de la DGPSA, couvert 706 villages et 4 444 ménages témoins représentant 38 567 parcelles sur l’ensemble du territoire national. Ainsi donc, on a pu, par ce biais, estimer que la campagne sera bonne avec une production céréalière prévisionnelle de 4 064 648 tonnes soit 40 % de plus que la campagne passée et 36 % de plus que la moyenne des cinq dernières années. Le maïs est la spéculation qui est la plus prisée avec 41 % d’accroissement comparativement à la production des cinq dernières années.

L’analyse des données prévisionnelles avait également montré que certaines provinces connaîtront des difficultés, soit de démarrage, soit à cause de poches de sécheresses plus ou moins importantes. Cela a effectivement été le cas du Poni où la campagne a démarré tardivement et où la situation pluviométrique ne s’est améliorée qu’au cours de la première décade du mois d’août.

A part quelques exceptions dans la région du Sud-Ouest, les autres régions ont connu des hausses de production prévisionnelle allant de 6 à 211 %. La production céréalière prévisionnelle et les besoins de consommation de la population estimés sur la base de la norme de 190 kg par personne et par an est de 139 %. Le bilan céréalier est donc excédentaire de 1 052 895 tonnes et le disponible apparent par habitant est de l’ordre de 283,9 kg.

De la petite irrigation villageoise

Cette technique est en train de connaître un essor particulier et son impact sur le bilan céréalier et la sécurité alimentaire en général est important.

En effet, initiée au cours de la campagne 2001/2002, la petite irrigation est un programme prévu pour être exécuté en trois phases principales et qui sont : la phase pilote, la phase de consolidation et la phase d’extension. Le programme qui démarre pour cette campagne sèche 2005/2006 est celui de la consolidation, la phase pilote ayant été particulièrement encourageante.

Les principaux indicateurs du programme petite irrigation villageoise sont en hausse spectaculaire de campagne en campagne et suscitent un intérêt particulier. En effet, de la campagne 2001/2002, année de son lancement à celle 2004/2005 (l’an passé), le nombre de sites est passé de 133 à 1161 soit un taux d’accroissement de 106 %. Le nombre de bénéficiaires est passé de 9616 à 105 370 soit un bond de 122 % en moyenne par campagne. Les superficies traitées sont passées elles de 678,5 hectares à 21 074 433 hectares soit un accroissement moyen de 214 % par campagne. Quant à la production, elle est passée de 1402,51 tonnes à 186 634,45 tonnes soit un taux d’accroissement moyen de 400 % par campagne.

Les résultats sont tangibles et il est à parier que la petite irrigation villageoise fera parler d’elle dans la sous-région ouest-africaine.

Les cultures maraîchères

Elles sont par excellence les cultures de contre-saison. L’importance des cultures maraîchères varie d’une saison à une autre et l’on remarque que c’est lorsqu’une campagne agricole est jugée insuffisante que les paysans s’adonnent plus à la culture maraîchères afin de se créer des opportunités de revenus. Les résultats d’une enquête sur les cultures maraîchères ont fait ressortir que le chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble des maraîchers est de 15 milliards de francs.

C’est donc un secteur porteur et qui en plus connaît un regain de dynamisme grâce au volet "Soutien aux cultures maraîchères" du Programme d’aide d’urgence mis en œuvre par les partenaires techniques et financiers et par le Programme Petite irrigation villageoise. La sécurité alimentaire permanente n’est plus une utopie que confirment des disettes récurrentes et des déficits de toutes natures. Les statistiques en effet invitent à plus d’optimisme et comme elles sont régulièrement confirmées par la réalité, il y a de quoi sourire. Pourvu que ça dure.

Luc NANA
Sidwaya

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