Education, santé, agriculture etc. Alors que le Sida fait des ravages avec un taux de séroprévalence élevé, que le paludisme cause des décès, comment “recevoir” cette autre maladie qui s’attaque, il est vrai, à la volaille au premier plan ?

Mais à la vérité, en Afrique un peu plus qu’ailleurs, s’attaquer à la volaille, c’est s’attaquer au fondement même des valeurs culturelles. Le poulet, en effet, n’est pas qu’économique ici. Il est culturel en ce sens qu’il participe à tous les rites : baptêmes, mariages, funérailles. Les trois piliers de la vie.

Comment aujourd’hui faire admettre que ce « accompagnon » là, source de fierté peut, par ailleurs engendrer, malheur jusqu’à mort d’homme. Déjà qu’avec le Sida, il a fallu vraiment “batailler dur à coup de campagnes, de sensibilisation” pour donner la preuve que c’est vraiment une maladie et non une malédiction. La difficulté en Afrique c’est que chaque concession a sa basse-cour dont le maître des céans exhibe à tout venant, la qualité et la quantité des volailles.

Un élevage rudimentaire pour la plupart peut-être mais avec comme conséquence de ne pas éloigner l’oiseau de l’homme. En moins de deux semaines, près de sept foyers ont été détectés au Nigeria, ce qui met en “danger” permanent d’abord tous les voisins de ce géant de l’Afrique, pays-tampon entre l’Afrique centrale et occidentale. Par ricochet donc, les voisins de ces voisins se sentent menacés.

La célèbre formule qui veut que “si la maison de ton voisin brûle, à défaut de lui porter secours, commence à tremper ton toit”, n’aura jamais réellement eu prise avec la réalité qu’en cette période d’épizootie influenza. Au Burkina Faso où “il n’y a pas de grippe aviaire”, mais où “le pays n’est pas à l’abri de la grippe aviaire”, des mesures sont prises pour parer au plus pressé. Pour l’heure, la prévention est de mise.

Et depuis 2004, un arrêté interdisant l’importation de volailles des pays contaminés avait été pris. Lequel a été renforcé, ces derniers temps, par un arrêté interministériel portant création d’un comité technique national de prévention et de riposte contre la grippe aviaire hautement pathogène.

L’Etat a prévu près de un milliard trois cent millions pour le cas où. Les experts sont quasiment formels, un poulet même atteint mais porté à hauteur de cuisson de 60 degrés n’est plus source de contamination à l’homme. Roue libre donc pour les flambés dont raffolent les Burkinabé ?

On a même envie de dire heureusement. Mais le danger se trouve dans la manipulation. Et c’est là qu’il y a “péril”. Surtout en Afrique. Le peu de précautions tant en zones rurale qu’urbaine peut être source de “propagation” à grande échelle. Pour l’heure dans tous les pays du continent, on en est qu’à la prévention avec un regard tourné vers le Nord pour d’éventuels soutiens. Mais sans trop d’illusions ?

Depuis janvier, près de 1,6 million de dollars avaient été prévus. Sans suite. Pourtant, il faut faire quelque chose. Le poulet est “très” important dans nos pays. Pour une population de treize million d’habitants au Burkina Faso, on estime à trente voire trente deux millions, le nombre de volailles. Un ratio arithmétique de deux poulets par habitant. Et ici comme partout ailleurs sur le continent, si la bataille de la prévention échoue, il faut gagner celle du dédommagement des éleveurs.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya