CAN 2004 : Kenya # Burkina : 3 - 0 : La débâcle des Etalons
Le 26 janvier dernier, les Etalons engageaient avec courage, l’aventure de la CAN 2004. Après un match héroïque où ils se sont dépensés sans compter, ils réussissaient le partage des points avec la très redoutée équipe du Sénégal : les Lions de la Teranga 0 - 0. Ce demi succès était encourageant et annonçait une bonne participation des Etalons à cette XXIVe CAN Tunisie 2004. Hélas, la suite allait démentir et contredire lourdement les pronostics et les espoirs d’une façon douloureuse.
Après le Sénégal, ce sont les Aigles du Mali qui vont administrer une belle paire de claques à des Etalons étourdis.
Les 3 buts en faveur des Aigles obligent le onze national du Burkina a redescendre de son nuage. Malheureusement , on n’avait rien vu encore. Le pire était derrière. Il va arriver par l’intermédiaire du Kénya, l’équipe qu’on disait la plus faible du groupe. Les Kenyans contre toute attente vont mettre fin à la belle aventure des Etalons en leur infligeant un cinglant 3-0, ce que ni le Mali encore moins le Sénégal n’avait réussi à faire.
Pourtant, avant cette ultime rencontre Kenya # Burkina, tous nos joueurs étaient confiants. "Ne serait-ce que pour l’honneur, nous allons battre le Kenya" avait glissé Dagano. Son refrain était repris par bon nombre de joueurs. Leur confiance et leur assurance étaient de mise d’autant plus que les Harambee Stars n’avaient jamais remporté le gain d’un match depuis qu’ils participent à la CAN (4 participations sans tenir compte de Tunisie 2004).
Est-ce cette négligence de l’adversaire qui a conduit Rabier à modifier son Onze majeur ? On ne saurait trop vous le dire. Mais le technicien des Etalons expliquera ses choix en ces termes : "La majorité de mes poulains étaient fatigués. Ce n’est pas facile de livrer trois matchs en une semaine". Balboné, Tall, Ousmane Traoré, Amara et Mohamed Kaboré sont donc jetés dans le grand bain d’entrée. Après s’être aperçu que l’adversaire n’allait pas se laisser manœuvrer aisément, Rabier retire Balboné qui ne fonctionnait pas bien après 35 minutes.
L’association de Kéré avec "Bouffe-tout" dans l’axe central de la défense ne donne pas l’effet escompté comme à Navarre. L’activité au niveau du secteur médian laissait à désirer. En attaque, Dagano était statique. Il ne bougeait pas pour multiplier les appels. Seul Minoungou proposait des solutions de passe en profondeur. De ce fait, les Etalons offraient au public de Bizerte, un ersatz de football comme il n’en voyait. Des sifflets commencèrent à monter. Les Harambee stars en profitèrent pour envoyer quelques piques.
• Les Etalons ont déjoué
Si les Etalons pouvaient répliquer au Kenya en allure de croisière, cela devenait très, très compliqué lorsque ce dernier passe en configuration hors bord de luxe. Les "étalés", excusez, les Etalons allaient connaître les affres du cauchemar. Le Kenya, dans un premier temps avait cherché à attirer mollement en largeur la formation burkinabè. Il décidait d’un coup de le déchirer avec la complicité des "Etalés".
C’est Emmanuel Aké Muttendango qui sera le premier à faire se dresser la crinière des Etalons (50e mn). Poncifs, amorphes et timorés les Burkinabè étaient incapables de répondre à la file. Pire, ils subissaient sans avoir envie de réagir, de répliquer ni de tenir. Dans cette rencontre, le moral des supporters burkinabè aura oscillé entre douche froide (1-0), rinçage (2-0), résignation et impuissance (3-0). Le spectacle ne leur plaisait guère, mais ils étaient obligés de subir. Certains ont même quitté les gradins un quart d’heure avant la fin du match. Décidément, les CAN se suivent et se ressemblent pour le Burkina Faso. Un pays prêt à offrir du gâteau (victoire au Kenya) et la cerise sur le gâteau (première victoire Kenyane depuis que ce pays participe à la CAN). Il va falloir situer les responsabilités de cette faillite collective. Et comme le linge sale se lave en famille, ce rendez-vous est donc pris pour Ouagadougou que tout le monde regagnera bientôt.
Béranger ILBOUDO
Envoyé spécial à Tunis
Pourquoi les Etalons, version Jean Paul Rabier ont-ils pris l’eau au point de se noyer et le tout Burkina avec ? Les causes réelles de ce naufrage ne sauraient être révélées à chaud. Mais nous n’avons pas pu nous retenir d’interroger le maître à penser sur le sujet. Car ce Burkina ≠ Kenya, Etalons et staff technique l’avaient placé sous le signe du barrou d’honneur.
On était d’autant plus confiant que l’adversaire s’appelait le Kenya : cette équipe était taxée de distributeuse de points dans la poule B pour reprendre le mot aux mauvaises langues. Mardi 2 février. Nous voilà au stade du 15-Octobre. C’était jour de victoire, la première du Burkina dans cette CAN. Enfin on s’y attendait. Puis patate ! Le ciel va tomber sur nous. Un, deux, trois buts du Kenya. Le Burkina n’a marqué aucun. Pourquoi ?
A la fin du match, nous n’avons trouvé aucun joueur pour répondre à cette question. Ils se sont tous précipités dans le car et ont refusé de s’expliquer. Rabier, lui, n’a pas échappé aux griffes de la presse. Voici son explication. Elle vaut ce qu’elle vaut. "Je ne cherche pas un parapluie. Mais je dois dire qu’à la faveur des éliminatoires, je suis parvenu à avoir une équipe type. Mais entre temps, les choses ont changé. Sur les 22 joueurs que j’ai pris, le 1/3 n’avait pas de compétitions. Ils n’ont pas joué dans leur club. Ce n’est pas les quelques jours de préparation qui vont les requinquer. Je n’avais que 4 garçons compétitifs. Les autres n’ont pas l’habitude de jouer le match plein. Après le match livré contre le Sénégal, mes joueurs ont manqué d’arguments".
Voilà un discours qui tranche avec les "on est prêt", "on a eu une bonne préparation", "j’ai une bonne équipe" que le énième coach a tenu il n’y a pas longtemps dans la presse tunisienne.
Jérémie NION, envoyé spécial à Bizerte (Jery 15@hotmail.com)
Sidwaya