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Grippe aviaire : Le Sahel, zone à haut risque

Publié le mardi 21 février 2006 à 07h31min

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Face au risque de propagation de la grippe aviaire dans notre pays, le ministre des Ressources animales, Tiémoko Konaté, était du 18 au 19 février 2006 en tournée dans les provinces du Soum et du Séno. Mission : faire renforcer la surveillance épidémiologique dans la région et présenter aux populations le plan national de prévention et de riposte contre la grippe aviaire.

Constat effroyable : la région du Sahel est une porte d’entrée potentielle de la grippe aviaire au Burkina. Parsemée de nombreuses mares dont celle d’Oursi, classée patrimoine mondial, cette zone accueille de nombreux oiseaux migrateurs, vecteurs du virus influenza aviaire, hautement pathogène. "Nous avons commencé la tournée dans le Sahel, car il constitue le plus grand site d’oiseaux migrateurs au Burkina Faso. Il faut donc renforcer la surveillance, particulièrement autour de la mare d’Oursi", a expliqué le ministre des Ressources animales, Tiémoko Konaté.

Avant sa rencontre avec les populations locales pour la présentation du plan national de prévention et de riposte contre la grippe aviaire, le ministre, accompagné du gouverneur de la région du Sahel, Bila Dipama, s’est rendu à la mare de Dori et à celle d’Oursi, déjà sous haute surveillance. Avec une circonférence de plus de quinze kilomètres, cette dernière, véritable lac aux potentialités multiples, est la principale source de vie pour le département qui porte du reste son nom.

Abreuvoir naturel pour petits et gros ruminants, la mare d’Oursi pourvoit aux besoins alimentaires des populations grâce à son eau jugée très poissonneuse. Depuis la menace de plus en plus grande de la grippe aviaire, de nombreux guetteurs surveillent à longueur de journée sa faune aquatique riche de trente-trois espèces d’oiseaux.

Mangeons toujours nos poulets

"Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore constaté de mort suspecte d’oiseaux aux alentours de la mare", rassure l’agent forestier, Ibrahim B. Yonli.

Même constat de satisfaction autour des points d’eau de Yomboli, Tin Edjar, Gondowoui et Dori. Mais le péril aviaire demeure toujours, surtout avec la proximité du Niger où des morts suspectes de volatiles venues d’Europe ont déjà été enregistrées. Et c’est pourquoi Tiémoko Konaté a appelé les populations à plus de vigilance et à la sérénité.

"Il ne faut pas céder à la panique, notre pays n’est pas touché, nos poulets sont comestibles. Mais la surveillance doit être l’affaire de tous", a-t-il déclaré aux producteurs déjà informés de la maladie. La tournée dans les différentes localités a surtout été marquée par la présentation du plan contre la grippe aviaire, dont le coût, initialement évalué à plus d’un milliard, atteint aujourd’hui les cinq milliards et demi de francs CFA (lire encadré).

Une indemnité de 600 FCFA par poulet

Adopté au dernier Conseil des ministres, le plan fixe comme mesures préventives la surveillance active chez les oiseaux migrateurs, la volaille et les personnes travaillant dans le secteur avicole. Contrairement donc aux attentes de plusieurs producteurs, la vaccination préventive, jugée trop onéreuse n’est pas à l’ordre du jour (NDLR : plus de 800 millions de F CFA).

"La vaccination systématique pose un problème de coûts. On procédera par contre à une vaccination ciblée en cas de foyer de grippe aviaire pour former une ceinture de sécurité autour de la zone infectée", a précisé le ministre Tiémoko.

En cas d’apparition de la maladie ou de l’épidémie, une seule option : l’abattage systématique de la volaille, assorti d’une mesure d’indemnisation de 600 F CFA par tête, versée au producteur. "Le montant de la compensation financière est faible et est très en deçà du prix réel du poulet à Oursi", estime Saïdou Boly, éleveur de volailles. Mais pour le ministre, le prix à payer doit être partagé par tous : "Le montant de l’indemnisation est réaliste. Il ne revient pas à l’Etat seul de supporter les risques", a-t-il justifié.

Alain Saint Robespierre


L’ordonnance tendue aux bailleurs de fonds

La version H5N1 de la grippe aviaire, qui peut se transmettre à l’homme, est un fléau qui met en péril la santé et les moyens de subsistance des populations. Alors, aux quatre coins de la planète, les autorités politiques et sanitaires s’activent en déployant des actions de prévention et de riposte.

Le Burkina n’est pas en reste, lui dont le Conseil des ministres du 15 février 2006 a adopté un « Projet de plan national de prévention et de riposte contre l’influenza aviaire hautement pathogène ». Estimé alors à un peu plus d’un milliard F CFA, le budget de ce projet de plan national a rapidement quadruplé, en l’espace de cinq jours, pour atteindre 5,6 milliards F CFA.

L’Etat met dans la cagnotte 300 millions et le reste du budget est à rechercher auprès des partenaires. En rencontrant donc les bailleurs de fonds hier dans la matinée, il s’agissait pour le gouvernement, comme l’a déclaré le ministre des Ressources animales, Tiémoko Konaté, de leur« présenter le contenu et le budget de ce projet de plan afin de recueillir vos contributions à son amélioration d’une part et de solliciter votre appui technique et financier pour sa mise en œuvre ».

La commission de pilotage du projet dispose de 24 heures pour divulguer ce document de référence auprès de tous les bailleurs de fonds. Vu l’urgence, le gouvernement a souhaité que ces derniers puissent réagir par rapport au contenu du document dans les 72 heures. Cela permettra de finaliser dans les meilleurs délais ce projet de plan national contre la grippe aviaire.

A ce jour, Tiémoko Konaté a soutenu qu’aucun cas de ce fléau n’a été détecté au Faso. Si la situation se dégradait et qu’elle nécessitait un abattage massif des volailles, l’indemnité prévue pour chaque tête est de 600 F CFA. Ce montant saura-t-il convaincre les producteurs ? Wait and see

L’Observateur

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