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Désertion du colonel Fagaga de l’armée malienne : Ne réveillez pas la rebellion qui dort !

Publié le mardi 21 février 2006 à 07h41min

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Le président Amadou Toumani Touré

Un militaire, de surcroît un haut gradé, qui abandonne son poste dans nos pays d’Afrique où l’instabilité politique est parfois la chose la mieux partagée, il y a de quoi se poser de sérieuses questions.

La désertion du lieutenant-colonel Hassan Fagaga, ex-rebelle touareg de l’armée malienne, est aujourd’hui à la une du côté des rives du Djoliba. Le colonel a en effet abandonné son poste à Bamako depuis déjà quelques semaines. Plus qu’un abandon, l’ex-rebelle a, selon des sources généralement bien informées, déserté et élu domicile dans le désert du Mali, en compagnie de « quelques éléments ».

Pour mémoire, l’ex-combattant du mouvement populaire de l’Azawad (MPA), ancien Mouvement rebelle touareg, le lieutenant-colonel Hassan Fagaga, est présentement l’un des ex-rebelles touaregs le plus haut gradé qui a rejoint l’armée du Mali. Au dire d’un quidam qui a requis l’anonymat, il est venu à Kidal, localité située à 1000 kilomètres au nord-est de Bamako, capitale de région et fief de l’ex-rébellion touarègue. Quelques jours plus tard, il a pris le maquis, plus au nord, accompagné par quelques dizaines de jeunes de la ville.

Toujours selon cette même source, une délégation a tenté vainement de le rencontrer, histoire de lui suggérer de ne pas poser des actes qui pourraient le mettre en marge de la République. Pour l’instant, le colonel déserteur n’a pas officiellement rendu publiques ses revendications, mais, souligne-t-on, cela ne saurait tarder.

On sait seulement que sa grogne s’explique par le désintérêt du gouvernement vis-à-vis de la région habitée par les Touaregs, un peuple nomade du Sahara, ethnie du colonel. Une zone aride par excellence. Il y a aussi que le déserteur invoque le peu de poids accordé à ses « parents » militaires dans l’armée malienne. Le colonel Fagaga avait été récemment affecté à un poste militaire dans la région de Tombouctou, au nord-ouest du pays. Ce poste, il ne l’a jamais rejoint.

On se rappelle, le Mali a connu dans les années 90 une rébellion touarègue. En mars 1996, une cérémonie dite « Flamme de la paix » a été organisée à Tombouctou pour marquer officiellement la fin de cette rébellion.

Entre 1995 et 1996, ce sont environ 2 000 anciens combattants qui ont été intégrés dans l’armée et la fonction publique maliennes après la signature d’un « pacte national ».

Cette crise, comme un volcan, couvait longtemps, mais on nourrissait le secret espoir qu’elle ne se déclenche jamais. Ce d’autant plus que d’énormes efforts tous azimuts ont été consentis par les autorités pour sauver les meubles. Serait-ce donc le retour des vieux démons, occasionné sans doute par des promesses non tenues ? Avec cette nouvelle situation chez le voisin malien, il n’est pas exagéré de craindre le pire.

Dans une Afrique où les moindres incendies se transforment rapidement en feux de brousse incontrôlables, il y a effectivement lieu de s’inquiéter. En la matière, les exemples foisonnent, aussi éloquents les uns que les autres et tout aussi regrettables. Il ne faut surtout pas réveiller le chat qui dort.

Souhaitons que les velléités indépendantistes ne prennent pas des proportions importantes dans cette partie du continent noir qui vit déjà des situations bien fâcheuses. Il y a donc nécessité qu’elles soient étouffées dans l’œuf pour que les populations ne soient pas livrées à un calvaire indescriptible et que le pays d’Amadou Toumani Touré (ATT) ne soit pas condamné à un perpétuel recommencement.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2006 à 13:31, par Moussa, France En réponse à : > Désertion du colonel Fagaga de l’armée malienne : Ne réveillez pas la rebellion qui dort !

    Il faut, à tout prix, éviter la désintégration de l’Etat malien. Ce déserteur doit être immédiatement rappelé à l’ordre à moins que ses revendications ne soient légitimes.
    Pour éviter cette désintégration, il faut étouffer l’oeuf avant qu’il n’éclose. A défaut, il faut craindre le pire.
    Les militaires maliens ont-ils les moyens d’éradiquer cette rébellion avant que..... Un amoureux de l’union malienne.

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