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Le procès du coup d’Etat aux Comores se tiendra sans Bob Denard

Publié le lundi 20 février 2006 à 07h55min

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Bob Denard (milieu)

Le "procès Bob Denard" se tiendra sans Bob Denard. L’ex-mercenaire et 26 autres hommes seront jugés à partir de lundi par le tribunal correctionnel de Paris pour une tentative de coup d’Etat aux Comores en 1995. Souffrant de la maladie d’Alzheimer, le "chef", âgé de 76 ans, est dispensé de se présenter aux audiences.

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1995, une trentaine de mercenaires français, dirigés par Bob Denard, ont débarqué aux Comores à bord de quatre canots pour renverser le président Saïd Djohar et installer Mohamed Taki et Saïd-Ali Kemal au pouvoir.

Le groupe "Alpha" commandé par Dominique Malacrino, surnommé "Commandant Marques", a investi le camp militaire de Kandani. Le groupe "Bravo", sous la houlette de Jean-Paul Guerrier, alias "Siam", a libéré des prisonniers politiques à Kandani et neutralisé l’armurerie, tandis que le groupe "Charly" dirigé par Jean-Marie Dessalles, alias "Jean-Pierre", a investi le palais présidentiel et capturé le président. Bob Denard, ou "groupe Delta", restait en retrait.

Les mercenaires ont ensuite installé un comité militaire de transition et remis le pouvoir à Mohamed Taki et Saïd-Ali Kemal. Le 4 octobre, les forces françaises sont intervenues pour libérer le président Djohar. Les mercenaires se sont rendus. Mohamed Taki a finalement été élu président de la République le 16 mars 1996.

L’enquête a permis de déterminer que Bob Denard avait créé deux sociétés domiciliées à Genève pour acheter le bateau "Le Vulcain" ayant permis de transporter les mercenaires sur place et pour acheter du matériel.

Il a expliqué aux enquêteurs qu’il était impliqué aux Comores depuis 1977 -où il avait notamment participé avec les services français à l’installation au pouvoir d’Ahmed Abdallah- et avait agi par "engagement moral" vis-à-vis des Comoriens victimes d’élections truquées et de détournements de fonds de la famille Djohar.

Des commissions rogatoires aux Comores ont par ailleurs permis d’établir que Saïd-Ali Kemal avait été l’un des commanditaires de ce coup d’Etat. Mais, selon l’accusation, Robert Denard avait aussi des motifs plus personnels notamment la libération des prisonniers politiques et la récupération de ses biens immobiliers aux Comores.

Les mis en examen ont aussi assuré avoir été couverts par les services de renseignement français, ce qui n’a pas pu être vérifié. Il est cependant "peu vraisemblable", selon l’enquête, que "les différents services français aient totalement ignoré le projet de Robert Denard".

Par ailleurs, les investigations ont permis d’évaluer le coût de cette opération à environ 1,5 million d’euros, dont le financement n’a jamais pu être totalement mis à la lumière. Il apparaissait cependant que "l’opération de Bob Denard avait été financée avec l’intention de créer aux Comores une zone franche et un système bancaire ’off-shore’" pour blanchir de l’argent.

Les 27 hommes sont poursuivis pour "association de malfaiteurs". Ils risquent dix ans d’emprisonnement. Le procès doit durer jusqu’au 15 mars à raison de trois audiences par semaine, les lundi, mardi et mercredi après-midis.

Ancien quartier-maître de la Marine nationale et colonel dans l’armée congolaise, Robert Denard, et son lieutenant Dominique Malacrino, ont été acquittés le 17 mai 1999 par la cour d’assises de Paris de l’assassinat du président comorien Ahmed Abdallah, tué de cinq balles dans la nuit du 26 au 27 novembre 1989 dans son bureau du palais présidentiel de Moroni.

AP

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