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M. Frédéric A. Korsaga, commissaire burkinabè à l’UEMOA : "La croissance économique du Burkina serait soutenue dans un contexte de maîtrise de l’inflation".

Publié le dimanche 1er février 2004 à 12h11min

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L’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA ) vient de souffler ses dix bougies le 10 janvier 2004 à Niamey. Au lendemain de la dévaluation du franc CFA de 50% par rapport au franc français, l’inflation des prix des produits dans la plupart des huit pays membres avait contribué considérablement à l’effondrement du pouvoir d’achat des populations.

Dix ans après, l’UEMOA a pu redonner confiance et suscite encore de grands espoirs pour la croissance économique des Etats.

Nous avons rencontré dans les coulisses du VIIIe sommet des chefs d’Etat de l’Union à Niamey, M. Frédéric Assomption Korsaga ancien ministre du Commerce et actuellement commissaire burkinabé, chargé du Département des politiques économiques de l’UEMOA, qui a bien voulu répondre à nos interrogations sur les avantages réels que tire l’économie burkinabè dans cette Union. Il commence à nous situer l’état de notre économie dans l’Union dix ans après, suggère le dispositif à prendre avant la fin des compensations des "moins-values de recettes" dues à l’application du Tarif extérieur commun (TEC), rassure l’industrie burkinabé de son évolution...

Foi d’un expert sur l’avenir économique de notre pays dans l’UEMOA.

L’Hebdomadaire du Burkina (HB) : Monsieur le commissaire comment va l’économie burkinabé dans l’Union ?

Commissaire Frédéric Assomption Korsaga (F.A.K) : Au regard des indicateurs macroéconomiques des cinq dernières années, l’économie du Burkina Faso, qui représente environ 11 % du PIB communautaire, se porte relativement mieux dans l’Union. En effet, après la contraction de l’activité économique en 2000 du fait essentiellement des mauvaises conditions climatiques, le taux de croissance économique sur la période 2001-2003 a été en moyenne de 6 % par an, taux supérieur au taux de croissance démographique estimé à 3 %. En 2003 le taux de croissance a même atteint 7 %, taux retenu au sein de l’Union comme le minimum à réaliser de façon durable pour réduire sensiblement la pauvreté. Cette performance en 2003 s’explique par la bonne tenue de la campagne agricole et la capacité d’adaptation de l’économie ayant permis d’amortir l’impact négatif de la crise ivoirienne survenue depuis le 19 septembre 2002.

Dans l’ensemble, la croissance économique a été réalisée dans un contexte de maîtrise de l’inflation en raison essentiellement de la baisse des prix des produits alimentaires. Cette évolution des prix des produits alimentaires est imputable à l’approvisionnement régulier des marchés en produits céréaliers suite aux résultats excédentaires des campagnes agricoles. En effet, depuis la mise en œuvre du Pacte de convergence en janvier 2000, le taux d’inflation annuel moyen a été contenu dans la limite des 3,0 % requis, excepté en 2001 où celui-ci a été de 4,9 %. Cette poussée en 2001 s’explique par la hausse des prix des produits pétroliers et l’augmentation des prix des produits alimentaires du fait de l’insuffisance de l’offre de produits vivriers en rapport avec les résultats défavorables de la campagne agricole 2000/2001.

Au plan des finances publiques, la situation durant les cinq dernières années se caractérise par une faible mobilisation des recettes et une moindre maîtrise des dépenses courantes. Ainsi, les recettes budgétaires ont enregistré une faible croissance jusqu’en 2001 en rapport avec le ralentissement de l’activité économique, le désarmement tarifaire induit par la mise en application du régime tarifaire préférentiel et l’entrée en vigueur du TEC et la lenteur dans la mise en œuvre de certaines mesures et réformes structurelles. A partir de 2002, les recettes budgétaires ont fortement augmenté. Ainsi, elles ont augmenté de 8,2 % en moyenne par an pour représenter 12,4 % du PIB. Le taux de pression fiscale, défini par le ratio des recettes fiscales sur le PIB nominal, a faiblement évolué dans une fourchette de 11 % à 11, 8 % pour une norme communautaire de 17,0 % minimum.

L’évolution à la hausse des dépenses est essentiellement imputable aux dépenses courantes qui ont régulièrement progressé sur la période. Les dépenses courantes, notamment la masse salariale, les transferts et subventions, n’ont été maîtrisées qu’en 2001 et en 2003. Elles ont progressé de 11,5 % en moyenne par an pour représenter 11,4 % du PIB. Quant aux dépenses en capital, elles ont fortement augmenté en 1999 et en 2003. Celles financées sur ressources internes sont par contre en hausse sensiblement sur la période, excepté en 1999 et en 2003, en rapport avec le financement des investissements dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Au total, l’amélioration des recettes s’est révélée insuffisante comparativement à l’évolution des dépenses. Ainsi, le déficit global s’est aggravé sur la période, en passant de 3,5 % du PIB en 1999 à 6,2 % en 2003. De même, le déficit budgétaire de base (c’est-à-dire le déficit global calculé en retranchant les dons et en ajoutant les dépenses en capital financées sur ressources extérieures) rapporté au PIB s’est également aggravé en passant de 0,4 % en 1999 à 2,7 % en 2002. Ce ratio s’est amélioré en 2003, année où il a retrouvé son niveau de 1999.

En ce qui concerne la dette publique totale, son encours rapporté au PIB nominal s’est fortement amélioré en passant de 67,4 % en 2001 à 44,8 % en 2003. Le service de la dette publique extérieure rapporté aux recettes budgétaires se situerait à 14,2 % contre 15,5 % en 2002. Ces résultats sont obtenus, en partie, à la faveur de l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE en avril 2002 et de la dépréciation du dollar.

Au plan de la balance des paiements, le déficit courant hors dons, s’est réduit à partir de 2001 du fait, essentiellement, de la progression des exportations en volume notamment de coton, malgré la baisse des cours. Il s’est aggravé en 2003 en s’établissant à 13,9 % du PIB contre 12,8 % en 2002 en rapport avec les surcoûts des importations de biens et de services liés principalement au détournement de trafic suite à la crise ivoirienne.

S’agissant de la situation monétaire, elle se caractérise en fin décembre 2003 par une hausse des avoirs extérieurs nets et du crédit intérieur, respectivement, de 12,2 milliards et de 26,9 milliards, entraînant une augmentation de 7,0 % de la masse monétaire qui s’est établie à 467,1 milliards.

En matière de convergence économique, le profil des indicateurs s’améliore, excepté le déficit extérieur courant hors transferts officiels par rapport au PIB nominal et le ratio des investissements financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales. Sur les huit (8) critères de convergence, quatre (4) dont trois (3) de premier rang seraient respectés en 2003 comme en 2002. Ainsi, en matière de convergence économique en 2003, le Burkina occupe la quatrième place sur la base du nombre de critères respectés.

Pour assurer le respect des quatre (4) critères de premier rang notamment du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal (critère clé) en 2005, horizon de convergence, le Burkina doit poursuivre l’assainissement des finances publiques, en mettant l’accent, d’une part, sur une meilleure mobilisation des recettes budgétaires à travers l’élargissement de l’assiette fiscale et le renforcement de l’efficacité de l’administration fiscale et douanière et, d’autre part, sur la maîtrise soutenue des dépenses courantes, notamment la masse salariale et les transferts et subventions.

Le Burkina doit, par ailleurs, procéder à l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles en appui à l’assainissement du cadre macroéconomique et à l’arbitrage des dépenses de l’Etat en faveur des secteurs sociaux et des infrastructures socio-économiques de base en vue de valoriser le capital humain et de desserrer les contraintes d’offre pour mieux profiter de sa situation géographique centrale dans l’Union.

L’un des grands chantiers réalisés par l’UEMOA est la mise en application du Tarif Extérieur Commun (TEC) il y a quatre ans. Pensez-vous que l’application du TEC a sincèrement amélioré le panier de la ménagère des Burkinabé ?

F.A.K : La situation des Etats membres avant le TEC était caractérisée par une multitude de taxes avec des taux élevés. L’entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun (TEC), en 2000, s’est traduite pour la majorité des Etats membres de l’UEMOA, dont le Burkina Faso, par un désarmement tarifaire qui devrait se répercuter sur les prix à la consommation. Le taux le plus élevé (pic tarifaire) est passé de 65,5 % à 22 % ; et la moyenne de taxation est passée de

13,6 % à 11,2 %. Certains produits à caractère social ont été purement exemptés du Droit de Douane. On peut citer les produits tels que les cahiers, les médicaments, le papier journal, les appareils médicaux, les préservatifs, etc.

S’agissant du Burkina Faso, l’introduction du TEC combiné au désarmement tarifaire interne pour les produits industriels agréés à la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC) a contribué à une diminution de la fiscalité, le taux de TVA étant conforme à la nouvelle directive communautaire y relative. D’un point de vue macroéconomique, l’application du TEC devrait favoriser une baisse du niveau général des prix si les opérateurs économiques répercutaient l’impact du désarmement tarifaire sur les prix des biens et services destinés à la consommation des ménages.

La mesure de l’impact du TEC sur l’inflation s’apprécie généralement à partir de l’évolution des prix des produits importés. Au Burkina, l’analyse comparée de l’évolution de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) et de celle du niveau des prix des produits importés révèle qu’en 2001, un an après l’entrée en vigueur du TEC, l’inflation importée avec un taux de 1,2%, est plus faible que l’inflation globale qui est de 4,9 %. Une partie de ces résultats performants enregistrés au niveau de l’évolution des prix des produits importés serait imputable à l’application du TEC. Cet impact favorable sur l’inflation importée aurait pu être plus important si la concurrence au niveau des opérateurs économiques avait pleinement joué. C’est pourquoi, l’UEMOA vient d’adopter des textes communautaires en matière du commerce et de la concurrence afin de promouvoir les échanges et de maîtriser l’inflation.

Le panier de la ménagère étant composé principalement des produits locaux dont les prix contribuent fortement à l’appréciation de l’inflation globale, il subit souvent des chocs liés aux flambées des prix des produits alimentaires en raison des difficultés d’offre des produits céréaliers. Ce qui réduit l’impact positif de l’application du TEC sur l’évolution du niveau général des prix. Toutefois, seule une étude plus détaillée pourrait permettre de déterminer avec précision l’ampleur de l’impact du TEC sur les prix à la consommation des biens et services importés retenus dans le panier de la ménagère.

Avec la mise en œuvre du TEC les pays bénéficient d’un système de compensation versé par l’UEMOA. Et le Burkina a déjà reçu plus de 16,2 milliards de F CFA sur les 86,8 milliards de F CFA répartis. Après la fin de cette compensation prévue en 2009, cela ne constituera-t-il pas un coup au budget de l’Etat burkinabé ?

F.A.K : Il convient de souligner que le système de compensation devra prendre fin le 31 décembre 2005 et non en 2009. En tout, le dispositif de compensation des moins-values de recettes douanières aura duré 11 ans de 1994 à 2005. De 2003 à 2005 la compensation se fera selon un taux dégressif à savoir 80% des moins-values en 2003, 60% en 2004 et 30% en 2005. La période de compensation devrait être mise à profit, par les Etats membres pour opérer des réformes fiscales, en orientant celles-ci davantage vers la fiscalité intérieure. Au- delà de 2005, les Etats membres pourront bénéficier de compensations économiques en lieu et place des compensations financières, à travers des réalisations qui seront effectuées sur le Fonds d’Aide à l’Intégration Régionale (FAIR) en vue de parvenir à un développement équilibré du territoire communautaire en réduisant les disparités entre les régions. Les domaines d’intervention de ce fonds sont : les infrastructures à caractère économique ou social, les projets visant à faciliter la reconversion des régions affectées par les conséquences des réformes de l’Union. Un programme pour la période de 2002-2006 a été adopté par le Conseil des Ministres en décembre 2001 et financé à concurrence de 118 milliards sur les ressources propres de l’Union.

Une analyse simple de l’évolution du poste " compensation des moins-values de recettes " dans le budget du Burkina, aboutirait à la conclusion selon laquelle la fin des compensations constituerait un manque à gagner au budget de l’Etat burkinabé. Cependant, le mécanisme du marché commun étant bâti de telle manière que les moins-values de recettes liées à l’Union douanière puissent être progressivement compensées par l’amélioration des recettes de la fiscalité intérieure, le Burkina Faso comme les autres Etats membres doivent améliorer progressivement leur production et le système fiscal intérieur en vue de promouvoir les recettes fiscales. Sur cette base, le Burkina devra, dès 2006, largement boucler les gaps qui pourraient subvenir suite à l’arrêt des opérations de compensations.

M. le commissaire, Comment l’Etat doit-il se préparer pour ne pas subir une tension de trésorerie après la levée de la compensation ?

F.A.K : L’existence d’une tension de trésorerie suppose que pendant la période considérée, le rythme de réalisation des dépenses est supérieur au recouvrement des recettes. Pour éviter une tension de trésorerie après la levée de la compensation, l’Etat doit proposer à la fois des mesures d’amélioration des recettes fiscales pour compenser les moins-values liées à la mise en œuvre de l’Union douanière et celles visant la maîtrise des dépenses à un niveau compatible avec l’évolution des recettes.

Pour améliorer davantage les recettes, il s’agira essentiellement de réorienter les efforts vers la fiscalité intérieure au détriment de la fiscalité de porte comme c’est le cas actuellement, afin de promouvoir l’indépendance financière de l’Etat vis-à-vis des recettes fiscales sur le commerce international. Pour ce faire, l’Etat devrait prendre des mesures pour accroître la production nationale, élargir l’assiette de la fiscalité intérieure et améliorer le recouvrement à travers :

- l’intensification de la lutte contre la fraude douanière et l’évasion fiscale ;

- la bonne gouvernance pour promouvoir le civisme fiscal ;

- la poursuite de la vérification des factures et le suivi rigoureux de redressements fiscaux ;

- la réduction des exonérations et la fiscalisation du secteur informel.

S’agissant des mesures relatives à la maîtrise des dépenses, elles porteront essentiellement sur la transparence dans la gestion de la chose publique, l’efficacité et l’efficience des investissements publics.

Les produits de l’industrie burkinabé sont-ils réellement compétitifs dans l’espace UEMOA ?

F.A.K : Dès la création de l’UEMOA en 1994, un régime tarifaire préférentiel transitoire des échanges a été mis en place. Sur la base de ce dispositif, 162 produits émanant de 34 industries burkinabé bénéficient de l’agrément à la Taxe préférentielle Communautaire. Les exportations du Burkina Faso dans l’Union ont connu un taux de croissance de 11,7 %, en valeur, entre 1996 et 2001. En quantité, cette croissance est de 20,0 %. De nouvelles règles d’origine sont entrées en vigueur en 2003. Elles comportent des dispositions plus libérales et des procédures plus allégées qui permettront une meilleure participation des industries communautaires au commerce intra communautaire. Sans doute les exportations du Burkina Faso dans l’Union vont connaître une évolution dans les prochaines années car la bataille de la compétitivité n’est jamais gagnée d’avance. Le Burkina dispose d’atouts qui sont pour l’heure, insuffisamment exploités, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire et de l’élevage.

Dans l’ensemble, la protection tarifaire par le mécanisme de la Taxe Dégressive de Protection (TDP) et de la Taxe Conjoncturelle à l’Importation (TCI) devrait contribuer à assurer la compétitivité interne de certains produits. Le désarmement tarifaire au Burkina engendré par la construction de l’Union douanière a contribué à la promotion des affaires intracommunautaires.

Des efforts doivent particulièrement être déployés au Burkina pour réduire les coûts des transports, de l’énergie notamment électrique, des télécommunications et de l’eau. De même l’amélioration de la productivité du travail doit être une préoccupation permanente.

Dans le domaine des avantages comparatifs, d’aucuns préconisent la spécialisation des pays par produit. Dans cette alternative que pourrait proposer l’industrie burkinabé ?

F.A.K : Dans l’Union, la complémentarité des économies permet de mieux organiser la production à travers la spécialisation des pays pour les produits dont ils ont des avantages comparatifs. Les produits industriels du Burkina à l’instar de ceux des pays enclavés de l’Union ont peu d’atouts compétitifs du fait des frais d’approche qui grèvent les coûts de production. Les réformes qui réduiraient le coût des facteurs locaux et des intrants importés, combinées à la libéralisation des filières et à un code d’investissement simple, transparent et incitatif, offriraient des perspectives de croissance exploitables par les petites et moyennes entreprises. L’industrie burkinabé est essentiellement compétitive pour les produits dont la matière première est locale. Ainsi, les études réalisées ces dernières années indiquent que le Burkina devrait se spécialiser dans les produits de l’agroalimentaire, de textile, de l’élevage et chimiques. Il s’agit :

- du coton fibre, de l’huile, du savon et de l’aliment bétail à base de graine de coton ;

- des boissons et tabac et alcool éthylique ;

- des produits à base du beurre de karité, du sésame et de la noix de cajou ;

- du textile et des produits et sous-produits de l’élevage (cuirs, peaux et cornes) ;

- des conserves de fruits et légumes, de lait et de viande ;

- des céramiques et autres minéraux ;

- du carton emballage.

Grosso modo, monsieur le Commissaire en 10 ans d’existence de l’UEMOA pensez-vous que l’économie de notre pays a tiré son épingle du jeu dans cette Union ?

F.A.K : Le Burkina a enregistré des performances économiques au cours des 10 dernières années. En effet, le taux de croissance économique annuel moyen s’est maintenu au-dessus de la croissance démographique et, l’inflation en se situant en dessous de 3 % a été jugulée, excepté en 2001. Outre l’impact du TEC ci-dessus développé, les échanges intracommunautaires exemptés des droits de douane pour les produits originaires ont également contribué à la maîtrise de l’inflation.

Reflétant l’activité économique, les recettes budgétaires se sont améliorées malgré les moins-values de recettes de porte liées au désarmement tarifaire largement compensées par l’amélioration des recettes liées à la fiscalité intérieure. Comme indiqué à la question 3, le montant total des compensations liées à la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC) au profit du Burkina s’élève à plus de 16 milliards. Au titre des moins-values, le montant total des versements en instance au bénéfice du Burkina Faso est estimé à 9,8 milliards.

S’agissant des dépenses, elles n’ont pas été suffisamment maîtrisées. Cette faible maîtrise s’explique essentiellement par celle des dépenses courantes.

Globalement la diminution de la fiscalité a contribué à l’amélioration de la compétitivité de l’économie. Ainsi, les exportations vers les Etats membres de l’Union se seraient améliorées en rapport avec la construction de l’Union douanière. La crise ivoirienne a eu un impact négatif sur la compétitivité de l’économie du fait des surcoûts engendrés par les contournements du trafic routier. Cependant, les échanges intracommunautaires s’amélioreraient davantage avec la mise en œuvre effective de l’ensemble des réformes communautaires (politiques sectorielles, libre circulation des biens, des personnes et des capitaux et libre établissement des personnes physiques et morales) qui sont complémentaires pour la construction du marché commun.

Le Burkina aurait mieux tiré profit de l’Union s’il avait su diversifier ses produits à l’exportation et mis en place une politique plus adaptée de promotion des exportations afin d’améliorer les ratios des exportations sur le produit intérieur brut (PIB).

M. le commissaire, quel est l’avenir économique du Burkina dans l’UEMOA ?

F.A.K : L’intégration régionale offre un cadre idéal pour le Burkina à travers l’assainissement des finances publiques, l’accroissement des échanges intracommunautaires et le développement de l’artisanat et des services. En effet, le processus d’intégration régionale engagé au sein de l’UEMOA demeure le salut pour mieux bénéficier des avantages liés à la mondialisation en vue d’assurer le développement économique et social de nos populations.

Les perspectives économiques indiquent que l’avenir du Burkina dans l’Union, à l’instar des autres Etats membres, est promoteur. La croissance économique serait soutenue dans un contexte de maîtrise de l’inflation. Le taux de croissance économique annuel moyen serait de 6 % les trois prochaines années et, le taux d’inflation se situerait au-dessous de 3 %.

La mise en œuvre du mécanisme de surveillance multilatérale à travers la mise en application du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité permettrait de situer l’économie sur un sentier de convergence des performances et des politiques économiques. Ainsi, l’économie devrait générer davantage de ressources indispensables pour lutter efficacement contre la pauvreté.

En matière de financement du développement, l’UEMOA a mis en place un fonds structurel intitulé Fonds d’Aide à l’Intégration Régionale (FAIR) en vue du financement de l’aménagement équilibré du territoire communautaire pour contribuer à la réduction des disparités régionales et à l’accélération de la croissance économique. Dans ce cadre, les projets éligibles et les zones d’interventions ont été identifiés pour chaque Etat membre. Au total pour l’Union, 49 régions et 33 projets dont 4 projets d’environ 15 milliards pour le Burkina sont éligibles au FAIR. Le coût total de l’ensemble des projets retenus dans le cadre du programme d’aménagement du territoire communautaire au titre de la première période quinquennale 2002-2006 est estimé à 118 milliards.

Par ailleurs, le Burkina a élaboré un document stratégique de réduction de la pauvreté qui a été adopté par les institutions de Bretton Woods avec l’appui des différents bailleurs de fonds. Ce document vient d’être révisé après trois années de mise en œuvre réussie. La poursuite de la mise en application de ce document permettra au Burkina de bénéficier de manière substantielle de l’allègement du service de sa dette extérieure et donc de dégager des ressources importantes pour les investissements productifs. La Commission de l’UEMOA en relation avec le Secrétariat Exécutif de la CEDEAO et la Banque mondiale est en train d’élaborer une stratégie régionale de lutte contre la pauvreté, en vue d’apporter les compléments régionaux nécessaires aux stratégies nationales.

La diversification de l’activité économique entreprise dans le cadre des politiques sectorielles contribuerait à la promotion des exportations vers les pays de l’Union, induisant une réduction du déficit extérieur courant hors dons.

L’objectif d’un avenir promoteur pour les économies de l’Union ne serait atteint que si les Etats membres mettent rigoureusement en œuvre les réformes communautaires, notamment les chantiers relatifs au réseau routier d’interconnexion des capitales, aux programmes communautaires agricole et énergétique conformément au traité de l’Union.

Interview réalisée par Théodore Zoungrana
(tzoungrana@yahoo.fr)
L’Hebdomadaire

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