Les images de clandestins tentant de franchir la frontière maroco-espagnole sont encore dans les mémoires. Elles ont fait le tour du monde. Elles ont surtout convaincu de nombreux jeunes africains que l’Europe n’a jamais été, et ne sera jamais un partenaire crédible pour l’Afrique. Trop occupée il est vrai, à soigner sa ligne, et à ériger des murailles de plus en plus hautes, afin de ne pas voir et recevoir toute la misère du monde, selon la triste formule, du non moins tristement célèbre Michel Rocard.

Et d’ici peu, la France se repliera davantage sur elle-même. Avec un plan conçu par un ministre curieusement issu de l’immigration. Qu’à cela ne tienne, les jeunes africains sont chaque jour plus nombreux à aller frapper à d’autres portes. Plus accueillantes, et plus humaines.

Séraphin, étudiant en langues, raconte comment il a dû renoncer à ses vacances en France. Le visa lui a été refusé par une dame qui exigeait de voir ses notes de classe. Faute de quoi, elle s’octroyait le droit de ne pas donner suite à sa demande.

Un autre épisode, plus proche. Celui du visa refusé à Aminata, par le consulat de France au Burkina. Alors qu’elle réclamait simplement le droit d’aller voir son enfant. La France, lui a-t-on répondu, ne lui reconnaît pas le statut d’épouse de citoyen français.

Drôle de façon d’agir, pour un pays dit des droits de l’Homme. Sans parler du double langage de son président, qui se fait le défenseur de la cause des agriculteurs africains, et qui freine des quatre fers, en ce qui concerne une révision de la Politique agricole commune(PAC).

Un ministre de l’intérieur qui fait le jeu de l’extrême droite, un président qui pactise avec des régimes critiquables, la France a perdu ses galons en Afrique. Le thème de la jeunesse proposé au très anachronique « sommet France Afrique », n’y a rien changé.
Ainsi que le fait remarquer un jeune, « pourquoi est-ce par exemple plus facile à un ghanéen de se rendre aux USA ou en Angleterre, qu’à un burkinabè de se rendre en France ? » Question à laquelle, nous n’avons pas pu apporter de réponse.

Une chose est certaine. Si la France, en reconnaissance de tous les services rendus à elle par les africains, leur ferme ses frontières et son cœur, d’autres ouvriront les leurs.

Juvénal Somé
Lefaso.net