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Lutte contre l’occupation anarchique des abords des marchés : Matinée « d’intifada » à Baskuy-yaar

Publié le samedi 11 février 2006 à 07h03min

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Des échauffourées ont éclaté entre la police municipale et des commerçantes du marché de Baskuy (Ouagadougou) hier vendredi 10 février 2006. Tout est parti d’une descente des agents de la police municipale en vue de déguerpir les commerçantes occupant anarchiquement la bordure du marché dans la nuit du 9 au 10 février 2006.

Le marché de Baskuy a vécu des heures mouvementées hier vendredi 10 février 2006. Tout serait parti d’une descente des agents de la police municipale dans la nuit du 9 février 2006 en vue de « mettre de l’ordre face à l’occupation anarchique du côté Est du marché », selon le responsable des détachements de la police municipale dans les marchés, l’officier Jean-Marie Ouédraogo. Sur leur passage entre 20 h et 24h, selon des témoins, les agents de la police municipale démolissent les hangars anarchiques, emportent des tables et des condiments appartenant à des commerçantes.

En répréssaille, les commerçantes victimes, descendent dans la rue et posent des barricades de pierre sur le bitume au petit matin. Un bus de la Société des transports en commun de Ouagadougou (SOTRACO) sera pris sous le « feu des jets de pierres » des femmes en colère. Grâce à la diligence de Mme le commissaire de l’arrondissement de Baskuy, Mme Mariam Diallo née Zoromé, le pire sera évité et les barricades levées. L’intervention de la commissaire, appuyée de quelques agents et des autorités administratives et politiques, calme les ardeurs.

Selon les commerçantes « traitées d’anarchistes », le manque de clientèle à l’intérieur du marché les pousse à exposer leurs produits aux abords du marché. Aussi, le coût de la taxe des boutiques (12 000 F CFA) est assez élevé pour les vendeuses de condiments qu’elles sont. Or, une victime renchérit que dehors, le hangar revient à 10 500 F CFA.

Pour la représentante de la Régie autonome de gestion des marchés Mme Nonguierma, les femmes ont plusieurs fois été sensibilisées sur les dangers de l’occupation anarchique des alentours du marché. Selon elle, « on ne peut pas construire des hangars à l’intérieur du marché et laisser les femmes occuper l’extérieur pour leur commerce alors qu’il y a des hangars vides à l’intérieur du marché ».

Les torts sont partagés

L’un des commerçants rencontrés sur la place du marché situe le problème des mésententes entre la police municipale et les commerçantes à un autre niveau. Selon Saïdou Koanda, les torts sont partagés. Pour lui, toutes les deux parties sont coupables et fautives. Non seulement, M. Koanda reproche qu’il n’est pas normal que des commerçants s’attaquent à des forces de l’ordre mais aussi qu’il ne sied pas que la police municipale débarque de nuit pour ramasser et casser tout sur son passage. Cet état de fait est imputable non seulement à l’inorganisation des commerçants qui n’ont pas de représentant syndical mais aussi aux autorités en charge du marché qui n’ont pas œuvré à organiser les commerçants en les dotant de personnes capables d’être des interlocuteurs crédibles aux yeux de l’administration. Et cette inorganisation est reprise en chœur par l’officier Jean - Marie Ouédraogo. Dans leur lutte contre l’occupation anarchique, il leur revient de procéder à des descentes dans le marché durant la nuit.

Selon l’officier, les commerçantes avaient anarchiquement occupé la voie avec leurs marchandises obstruant les voies. Du coup, les commerçantes installées à l’intérieur ne pouvaient plus avoir de la clientèle. « A maintes reprises, nous avons interpellé les propriétaires des concessions afin qu’ils enlèvent les hangars en vue d’inciter les femmes à entrer à l’intérieur du marché », a expliqué l’officier Ouédraogo. Peine perdue, selon Mme Nonguierma car pour elle, Naaba Tanga, le chef du marché (Raag Naba) est celui-là même qui encourage l’anarchisme.

De leur côté, les commerçantes trouvent que c’est Mme Nonguierma qui leur manque de respect en n’adoptant pas les civilités nécessaires lorsqu’elles se présentent dans son bureau. Mme Nonguierma dit ne pas reconnaître les faits à elle reprochés. Selon elle, Naaba Tanga prend une somme de 250 F CFA chez les commerçantes « anarchistes » en leur rétrocédant des places illégales.

Le problème est posé. Et ce sont les pourparlers entamés par le député Amidou Compaoré, accompagné du directeur régional de la police nationale, Alain Joachim Bonzi, le commissaire adjoint du commissariat central Amadé Bélem, la commissaire de Baskuy Mme Diallo née Zoromé avec tous les protagonistes du problème qui ont permis de décanter la situation. Pour l’instant, les choses semblent être rentrées dans l’ordre. Mais les autorités ont promis de travailler à trouver des solutions idoines aux problèmes afin que chaque partie trouve son compte dans la gestion du marché de Baskuy. A tout point de vue, le marché constitue le poumon économique qui fait vivre des milliers de famille.

Daouda Emile OUEDRAOGO
Sidwaya

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