LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Caricatures du prophète Mahomet : Liberté de la presse ou blasphème ?

Publié le vendredi 10 février 2006 à 07h59min

PARTAGER :                          

Comme on le sait, les caricatures blasphématoires du Prophète Mahomet dans certains journaux occidentaux continuent à provoquer des vagues d’indignation et des manifestations violentes dans plusieurs pays musulmans. Même certains Etats, habituellement reconnus comme des ventres mous de la contestation anti-occidentale, se sont mêlés à ce concert de désapprobation presque universelle.

Au nom de la liberté de la presse, ces journaux estiment qu’il est de leur droit de dépeindre le prophète sous des traits qui ne pouvaient qu’inciter ses fidèles à la révolte et conduire à une situation qui pourrait déboucher sur un conflit inter-religieux dont les conséquences pourraient être dramatiques. Nul ne conteste aujourd’hui que la liberté de la presse constitue cette sève qui vivifie la démocratie. Inutile de revenir sur le lien dialectique entre la liberté de la presse et la démocratie.

Mais, force est de constater que ceux qui prétextent les impératifs de la liberté de la presse pour débrider les fantasmes des journaux de leurs pays se sont souvent comportés en véritables médiaphobes.
Lors de l’invasion de l’Irak, les journalistes étaient invités par les généraux du Pentagone à choisir entre leur cercueil et le reportage guidé et à distiller la version officielle du déroulement de la guerre. Il fallait, non seulement justifier cette invasion, mais magnifier également la noblesse de cette mission sous la bannière étoilée.

Tous les journalistes qui avaient tenté de se mettre en marge de cette feuille de route ont fait les frais de leurs velléités d’indépendance. L’arbre de l’Occident défenseur de la liberté de la presse ne doit pas cacher le fait que la presse a une valeur marchande en même temps qu’elle véhicule des valeurs culturelles. Tout en recherchant frénétiquement le scoop pour augmenter leurs tirages, les journaux occidentaux sont de véritables caisses de résonance des valeurs culturelles et philosophiques des pays où ils évoluent.

Plus grave, ils inculquent à leurs lecteurs le sentiment que tout ce qu’ils publient dans leurs colonnes sort de la matrice de la vérité scientifique. En caricaturant le Prophète avec des bombes sur la tête, on accrédite insidieusement la thèse qu’il aurait pu être ou qu’il était un terroriste, un poseur de bombes ou un kamikaze prêt à détruire tout sur son passage.

Le plus troublant, c’est que les caricatures en question ont été l’aboutissement d’un concours lancé par un éditeur, et que c’est après une sélection opérée par un jury, que celles du Prophète ont été retenues. On ne peut donc parler d’improvisation. Il s’agit donc d’un choix prémédité et planifié. On aurait pu éviter de tels dérapages d’autant que des précédents semblables avaient secoué la planète. Ils avaient pour noms : "Les versets sataniques" de Salman Rushdie et la caricature du Prophète convolant en justes noces polygamiques avec des miss nigérianes. C’est dire que la responsabilité sociale du journaliste était énorme dans ces cas de figure.

Ce qui vient de se produire relève plus d’une provocation délibérée que de la volonté de défendre la liberté de la presse. D’abord il y a le contexte actuel qui ne sied pas à de tels fantasmes. Car aujourd’hui, on a le sentiment que la lutte contre le terrorisme international s’apparente à la lutte contre l’Islam.

George W. Bush avait déjà commis l’imprudence en parlant de croisade après les attentats du 11 septembre. A quelle liberté de presse veut-on nous faire croire quand un Silvio Berlusconi, magnat de la presse italienne, phagocyte politiquement et financière-ment les médias de son pays qui répercutent aux quatre coins du monde ses convictions que la civilisation occidentale est supérieure à la civilisation orientale ?

Quelles couleuvres veut-on nous faire avaler quand les marchands de canon et les puissants lobbies militaro-industriels américains pointent leurs canons sur la nuque des journalistes et les invitent, dans la relation des faits, à ne pas dépasser une certaine ligne rouge tracée par les grands groupes financiers et économiques ?

L’Occident devrait se débarrasser de ce manichéisme qui lui donne la trompeuse illusion qu’il détient toutes les valeurs éthiques et morales du 21e siècle. Dans cette optique, ils entendent tout nous imposer même leurs fantasmes. Lorsque le parlement d’un pays, la France, pays de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, vote une loi idolâtrant pratiquement les bienfaits de la colonisation, et que presque personne en Afrique n’ait rien eu à dire, sauf l’Algérie, on tombe des nues.

Cependant, pour l’Occident, tout ce qui est bon pour lui, doit être bon pour les autres. Après avoir joué au pyromane, et se disant attaché à la liberté, il ne comprend pas que les autres, au nom de cette même liberté, manifestent dans les rues pour exprimer leur mécontentement. La liberté à deux vitesses, tel semble être la vision des responsables et des médias occidentaux.

On peut toujours salir l’image de l’Islam, mais gare à celui qui aura fait une allusion, même banale, au judaïsme, pour ne citer que ce cas. Autorités politiques et puissants lobbies juifs montent aussitôt au créneau pour protester de façon hystérique et véhémente quand il s’agit du judaïsme. Jean-Marie Le Pen en sait quelque chose, lui qui avait dit de façon malhreureuse certes que les fours crématoires étaient un épisode relégable à un simple détail de l’histoire. L’Occident ne trouve rien à redire sur les attaques ciblées d’Israël contre des Palestiniens. T

out comme il trouve normal de rejeter la victoire du Hamas après des élections démocratiques et transparentes. L’Occident ne pouvait que fédérer contre lui, toutes ces frustrations et humiliations dont il a semé et entretenu la graine.

"Le Fou"

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 10 février 2006 à 10:31 En réponse à : > Caricatures du prophète Mahomet : Liberté de la presse ou blasphème ?

    Bien dit Le Fou

    • Le 10 février 2006 à 13:51 En réponse à : > Caricatures du prophète Mahomet : Liberté de la presse ou blasphème ?

      Il est intellectuellement malhonnête de confondre critique d’un religion, blasphème et négation d’un crime contre l’humanité.
      Le pen n’a pas critiqué ou blasphémer sur la religion Juive mais a dit que les fours étaient un détail. Or, dans les ours, il n’y avait pas que des juifs.

    • Le 11 février 2006 à 10:53, par contedelavie En réponse à : > Caricatures du prophète Mahomet : Liberté de la presse ou blasphème ?

      Bush qui as commencé avant la guerre d’Irak de blasphémé l’Islam en annonçant ouvertement dans tout les médias que l’Islam était " l’action du mal " c’est les politiciens américains qui son responsable du début de ces dérapages...
      La caricature religieuse as toujours existé et ce n’est pas aujourd’hui que cela changeras. De ce côté la liberté de la presse est importante. La muselé vas à l’encontre de la liberté de la pensée.
      Les mots de Bush, de Blair, Berlusconi son plus condamnable, vus qu’elles proviennent de la bouche de dirigeants politique d’un état.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique