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Caricatures du Prophète Mahomet (P.S.L) : Le « choc des ignorances » se poursuit

Publié le jeudi 9 février 2006 à 04h09min

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Voilà bientôt une décade que ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet, défraie la chronique avec une fronde généralisée et une colère du monde arabo-musulman d’un côté et une « raideur » des fautifs qui refusent de reconnaître leurs torts. Une affaire qui n’aurait peut-être pas eu une telle ampleur, si les néoconservateurs de Washington n’avaient pas décrété leur guerre des civilisations après le 11 septembre 2001.

S’il est vrai que la religion musulmane ne tolère aucun manquement quant au respect strict des dogmes qui la fondent, il n’en demeure pas moins que les manifestations consécutives à la « désacralisation » du Prophète Mahomet par des caricaturistes danois peu inspirés ont de quoi surprendre par leur ampleur. De Téhéran à Bamako en passant par Beyrouth, Damas (l’ambassade danoise y a été saccagée et brûlée) et le Caire, la rue arabo-musulmane gronde et demande réparation de la part de ces « impies » qui ont ainsi porté atteinte à leur saint Prophète et donc à leur religion.

Il faut dire que le climat politique international se prête à ce « repli identitaire » avec l’œuvre « civilisatrice » entreprise par l’administration américaine en direction du Proche et Moyen-Orient depuis deux décennies sur fond de diabolisation de la religion musulmane.

En effet, derrière le « remodelage » politique de cette partie du Globe se cache un enjeu culturel autrement plus important si tant est qu’il veut remettre en cause les fondamentaux même de la religion musulmane et donc de la civilisation arabe. Le « one man, one vote » est déjà porteur en lui-même de germes destructeurs d’une société qui on le sait, a défini clairement le rôle de la femme musulmane, lequel sans être un calvaire, n’est pas loin de ressembler pour certain occidentaux bien-pensants ( ?) à une « prison ».

Interdite de vote, voilée jusqu’aux yeux et confinée à la maison, la femme arabe et musulmane a néanmoins vu son sort s’améliorer considérablement ces dernières années en Iran, en Syrie et même en Arabie Saoudite, « bastion » du fondamentalisme. « Pas assez » cependant du goût des Occidentaux qui voudraient la voir habillée comme la parisienne ou la londonienne, voire la ouagalaise acculturée et délurée, avec « bas d’eph », hauts sautés, jeans collants et bas, bref dans le « mouvement ».

Un mouvement que la religion musulmane n’est pas loin d’assimiler à du satanisme et contre lequel il se bat conséquemment. Autre pomme de discorde, cette dévolution du pouvoir en Arabie, jugée quasi - dynastique par les Occidentaux qui veulent changer les règles du jeu en instaurant le système électoraliste multipartisan.

Le revers de la médaille

« C’est pour améliorer les conditions de vie des populations en leur permettant de choisir elles-mêmes leurs dirigeants », clament les tenants de cette démocratie libérale qui, paradoxalement, sont en train d’avoir les effets contraires à ceux qui ont guidé cette croisade.
En boutant par exemple Saddam HUSSEIN hors du pouvoir, George W. BUSH s’attendait à tout, sauf à se coltiner une assemblée irakienne à forte connotation islamique. De la myopie politique tout simplement, si tant est que Saddam HUSSEIN avait été maintenu au pouvoir malgré son côté dictatorial, pour contenir les islamistes irakiens.

En sautant le « couvercle » Saddam, BUSH se mettait dans une dialectique théologique ingérable (pour l’Occident, Saddam était un bien plus qu’un mal) ce que la suite allait nous démontrer avec cette déferlante islamique lors des législatives irakiennes. Laquelle s’est transformée en lame de fond, avec l’Egypte, le Koweït, l’Arabie Saoudite, la Syrie et tout dernièrement, la Palestine qui sont tous tombés sous l’obédience des « islamistes » après des élections libres et transparentes.

Bien sûr en Egypte, MOUBARAK garde toujours la main, mais les frères musulmans ont effectué une percée remarquable lors du dernier scrutin législatif. Ailleurs et notamment à Téhéran et Damas, les fatwas se multiplient donc contre les « infidèles » qui veulent détruire la religion musulmane.

Dans cette occurrence, la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres, ce qui est advenu après qu’un caricaturiste en quête de reconnaissance a brocardé le Prophète de l’Islam. Un acte qui s’insère dans un tout déjà explosif donc et, ce qui devait arriver, arriva. Le choc des ignorances comme l’avait qualifié Blaise COMPAORE se poursuit et, il n’est pas certain que le plus fort ou supposé tel, gagne la bataille.

Car, le monde arabe, riche de son pétrole et fier de sa civilisation multiculturelle, n’entend pas se laisser faire sans résistance, en témoignent tous ces attentats terroristes qui endeuillent le monde. Avec les soutiens souterrains dont il jouit dans le camp d’en face (l’argent est le nerf de la guerre) le monde arabe fait face comme il peut à cette prédation politique et économique qui ne dit pas son nom.

L’enjeu dans les mois à venir va résider dans la capacité de résistance de l’axe Téhéran-Damas devenu le principal axe de combat dans cette guerre de civilisations. Si Téhéran « tombe », BUSH et les siens jouiront d’une marge de manœuvre très large, notamment en Palestine, où le Hamas ne peut tenir sans le soutien du Hez bollah libanais, lui-même fortement dépendant du régime de Damas, lequel s’abrite derrière le « parapluie » iranien.

La théorie des dominos chère à Henry KISSINGER refait donc surface avec un bémol toutefois, l’Orient n’ayant rien à voir avec l’Amérique Latine. Pour en revenir à l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet (PSL) disons qu’elle va s’estomper, mais que la « mère des batailles » entamée depuis les croisades du Moyen-Age va se poursuivre implacablement. C’est écrit.

Par Alpha. YAYA
L’Opinion

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