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Culture : Le Dodo n’a rien à voir avec les masques sacrés selon Gnamy Seydou Dembélé

Publié le vendredi 9 juin 2023 à 23h28min

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Culture : Le Dodo n’a rien à voir avec les masques sacrés selon Gnamy Seydou Dembélé

Autrefois, durant la période du mois de Ramadan dans certaines villes du Burkina, il était fréquent de rencontrer de jeunes garçons et jeunes filles dansant le Dodo à travers divers déguisements, dont des masques d’animaux sauvages. Ainsi, ils se promènent en petits groupes, de quartier en quartier et de porte à porte pour faire des prestations de danse accompagnées de chansons locales. En retour, ils reçoivent des pièces d’argent. Cependant le phénomène Dodo se fait de plus en plus rare à Bobo-Dioulasso, la jeune génération n’étant pas initiée à cela. Mais Gnamy Seydou Dembélé, une bonne volonté tente de sauvegarder cette culture qui est atypique aux bobolais à travers un festival dénommé Festival Dodo de l’association Eveil jeunesse de Bobo dont il est le président

Lefaso.net : Quelle est l’historique des Dodo ?

Gnamy Seydou Dembélé : Le Dodo se passait durant les périodes de jeûne musulman. La plupart des adultes d’aujourd’hui de Bobo-Dioulasso ont participé dans leur jeunesse au Dodo. Mais c’est une manifestation culturelle qui est en perdition et on a donc essayé de ramener cela pour que la jeunesse d’aujourd’hui qui ne connaît pas le Dodo puisse y participer.

Quelle est la place culturelle du phénomène Dodo à Bobo-Dioulasso ?

Le Dodo éveille les enfants. Il permet aux enfants de connaître la culture et de se connaître sur le plan artistique. Ça leur permet de chanter les vieilles chansons, d’être très regardants sur notre culture. Souvent sur la scène, on aperçoit des déguisements d’animaux, ça les cultive sur beaucoup de plans. Donc pour une bonne mise en pratique et une meilleure assimilation culturelle, nous conseillons aux enfants qui participent au Festival Dodo de fabriquer eux-mêmes les masques de Dodo.

Quels sont les critères pour être Dodo ?

Ce sont généralement les jeunes adolescents d’à peu près 5 à 14 ans qui jouent au Dodo.

Vue de spectateurs du festival Dodo

Depuis quelle année organisez-vous le Festival Dodo ?

J’organise le Festival Dodo depuis 2014 chaque mois de ramadan.

Comment se déroule ce festival ?

Nous procédons par présélection. On a des groupes de Dodo qui viennent s’inscrire et on les encadre pendant tout le mois de carême. Ensuite, nous faisons des sélections jusqu’en finale au cours de laquelle on retient quatre équipes c’est-à-dire des Dodoni et des Dodo. Les Dodoni représentent les jeunes filles et les Dodo, les jeunes garçons.

Qu’est-ce qui vous a motivé à l’organisation d’un tel festival ?

Ce qui m’a beaucoup motivé c’est qu’avant de commencer le festival en 2014, on s’est rendu compte qu’il n’y avait plus de Dodo dans la ville de Bobo. Les enfants portaient plutôt des masques à l’image des masques sacrés, sortaient s’arrêter au bord des routes, poursuivaient et frappaient les gens. Je me suis dit que le Dodo à notre temps ce n’était pas comme ça. C’est ce qui nous a motivés à travers l’Association Eveil jeunesse de Bobo à créer un festival de Dodo parce que finalement les gens confondaient les Dodo aux masques sacrés pourtant les accoutrements ne sont pas pareils. Donc le festival, c’est pour faire revivre cette culture de Dodo qui est en perdition dans la ville de Bobo-Dioulasso.
Et je le rappelle, le Dodo n’a rien à voir avec les masques. Les masques c’est sacré alors que le Dodo c’est pratiquement des jeux et ce n’est pas non plus inspiré des masques. Le Dodo, c’est la créativité des enfants. Un enfant peut s’asseoir et créer par exemple un lion, un singe…Ce sont eux-mêmes qui fabriquent leurs déguisements.

Gnamy Seydou Dembélé, promoteur du festival Dodo

De 2014 à 2023, cela fait pratiquement 8 ans que vous organisez le festival
Dodo, quel bilan retenez-vous ?

On retient beaucoup de choses. Il y a de l’engouement mais côté accompagnement, c’est avec nos fonds propres que nous travaillons avec aussi la contribution des frères du quartier. On sait que quand on organise le Dodo ça plaît à beaucoup de jeunes, c’est un coin de rencontres des jeunes avec beaucoup d’engouement.

Que reçoivent les gagnants ?

Ça dépend des périodes. Il y a différents prix qui dépendent de ce qu’on gagne de part et d’autre des bonnes volontés, c’est ce qu’on redistribue.

Quel est votre dernier mot ?

Je sollicite l’Etat à travers le ministère de la Culture à nous soutenir surtout financièrement parce que nous sommes une association qui essaie de promouvoir la culture. Ça fait près de 8 ans que nous organisons le festival Dodo mais nous n’avons jamais bénéficié de soutien de l’Etat.

Haoua Touré
Lefaso.net

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