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Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

Publié le jeudi 8 juin 2023 à 22h25min

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Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

Face au chômage qui prend de l’ampleur au Burkina Faso, les autorités burkinabè ont mis en place plusieurs dispositifs publics de financement et d’accompagnement des personnes en quête d’emploi. C’est ainsi qu’a été notamment créé le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ) pour réduire le taux de chômage en encourageant la jeunesse à l’entrepreneuriat. Cependant, l’inégal répartition des fonds destinés à absorber le taux de chômage dans le pays des hommes intègres pose problème. Et c’est ce que démontre Larba Pilga, à travers la thématique : « Viabilité des dispositifs publics de financement de l’entrepreneuriat des jeunes au Burkina Faso, mythe ou réalité ? ». Directeur de la jeunesse et de l’éducation permanente, au ministère en charge des sports et de l’emploi, Larba Pilga est intervenu au cours de la conférence publique organisée par l’université Thomas Sankara dans ses locaux, le mercredi 7 juin 2023.

« Ni la fonction publique, ni le secteur privé ne peuvent absorber tous les demandeurs d’emploi, titulaires de diplômes ». C’est ce qu’affirme Larba Pilga, dans l’introduction de sa communication intitulé « Viabilité des dispositifs publics de financement de l’entrepreneuriat des jeunes au Burkina Faso, mythe ou réalité ? ». Avec chiffres à l’appui, M. Pilga explique qu’en 2022, pour 6 069 postes à pourvoir au niveau de la fonction publique, ce sont 2 106 962 candidats détenteurs de diplômes qui ont été enregistrés.

Qu’en est-il alors des non diplômés, s’interroge le directeur de la jeunesse. Il révèle qu’au Burkina Faso, seulement 51,8% des hommes en âge de travailler et 35,2% des femmes dans la même situation sont occupés. Le taux d’occupation le plus faible lui, est enregistré dans la région du Sahel avec 22,8% tandis que celui le plus élevé est enregistré dans le Sud-ouest avec 53,2%.

Ces statistiques extraits du dernier (5e) recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) du Burkina Faso, montrent ainsi qu’il y a nécessité selon le conférencier, de promouvoir l’entreprenariat des jeunes. Si l’État a en effet, consenti des efforts dans ce sens, en mettant à la disposition des populations plusieurs dispositifs de financement de leurs initiatives, force est de constater que ces fonds sont inégalement répartis dans l’espace du pays, fait-il remarquer.

Inégalité des répartitions des fonds dans l’espace

Pour étayer ses propos, Larba Pilga présente les chiffres de financement du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ) entre 2020 et 2021. Ainsi, il est enregistré entre autres pendant cette période, 361 initiatives financées dans la région du Centre, 172 dans les Hauts-Bassins, 43 dans le Centre-nord, 31 dans le Nord, 22 dans le Sahel et 5 initiatives financées dans l’Est.

Ces données viennent corroborer la thèse de M. Pilga selon laquelle, les dispositifs publics de financement bénéficient principalement aux jeunes vivant dans les centres urbains au détriment de ceux installés en milieu rural. Des insuffisances des fonds initiés pour soutenir les personnes désirant entreprendre, le directeur de la jeunesse relève un problème de recouvrement des crédits octroyés. Cela, du fait du nombre réduit des agents devant assurer le suivi des bénéficiaires. Ces difficultés s’illustrent par les sommes non encore payés des souscripteurs aux différents fonds suivants.

Statistiques de financement de l’entrepreneuriat des jeunes entre 2020 et 2021

Difficultés de recouvrement

Il s’agit ainsi, pour le Fonds d’appui au secteur informel (FASI), d’un montant de plus cinq milliards de francs CFA à recouvrer du fait du non-paiement des crédits octroyés à 19 184 promoteurs d’entreprises arrivé à échéance. Dans le même contexte, plus de quatre milliards de francs CFA sont à recouvrer pour le Fonds d’appui à la petite entreprise (FAPE), après le financement de 2 955 promoteurs. À cela, s’ajoutent plus de cinq milliards de francs CFA qui sont également à recouvrer pour le compte du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ), à l’issue de l’accompagnement de 8 488 jeunes.

Au regard de toutes ces insuffisances recensées dans l’attribution des fonds destinés à réduire considérablement le taux de chômage au Burkina Faso, Larba Pilga déduit que les dispositifs publics de financement de l’entrepreneuriat des jeunes ne sont pas viables. Il recommande de ce fait, une réforme des fonds en vue de les rendre plus viables et les adapter aux besoins des jeunes.

Pour rappel, le Fonds d’appui au secteur informel (FASI) a pour mission de promouvoir l’auto emploi dans le secteur informel, de lutter contre le chômage, le sous-emploi et la pauvreté.

Ses domaines d’intervention sont l’agropastoral, l’artisanat, le commerce et les prestations de services.

Le Fonds d’appui aux initiatives des Jeunes (FALJ), quant à lui, a pour mission de réduire la pauvreté, le chômage, le sous-emploi des jeunes en milieux urbain et rural. Il a aussi pour but de contribuer à la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de jeunesse à travers le financement des promoteurs jeunes formés en entrepreneuriat. Son public cible constitue les jeunes scolarisés ou non, âgés de 18 à 35 ans et formés en entrepreneuriat.

Lire aussi : Burkina/Entrepreneuriat : « Le crédit n’est pas la solution miracle à tous les problèmes des entrepreneurs », Pr Florent Song-Naba

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2023 à 16:12, par kenfo En réponse à : Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

    L’entreprenariat, c’est dans la tête des gens comme le Pr Laurent Bado l’a dit concernant la démoncratie.

    Savez vous ? Avant de donner des fonds à qui que ce soit, il faut assainir les têtes et les comportements. Sinon, ce n’est pas la peine ; Vous remettez des fonds à un jeune, il pense que c’est pour bouffer, c’est tout. Et puis beaucoup de jeunes en milieux rural ne veulent rein faire ou ne comprennent pas assez les marches du monde ; Peu de jeunes ont une bonne compréhension de l’entreprenariat.
    Ils veulent l’immédiateté. Ils ne veulent ni ne cherchent les fruits. Ils veulent ici et maintenant et tout tout de suite.
    Meme les partenaires veulent des résultats immédiats.

    Souvent, il faut faire des choses pour la génération suivante.
    Kenfo

  • Le 8 juin 2023 à 17:21, par Kouda En réponse à : Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

    Monsieur le DG, ce que vous dites est vrai pour les fonds. Et le financement public du secteur du coton, qu’a-t’il donné après toutes ces années ?
    Les mentalités sont les mêmes dès qu’il s’agit de financements publics : c’est gratuit, on prend et on bouffe et il n’y a rien. Tant que cette mentalité ne changera pas, il sera difficile d’obtenir les résultats escomptés.

  • Le 8 juin 2023 à 17:41, par GANZOURGOU BIGA En réponse à : Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

    L’Etat par ces fonds est entrain de tuer le secteur financier Burkinabé. Les gents sont habitués à prendre le crédit sans rembourser.
    Les jeunes entrepreneurs ne sont que des chercheurs de fonds disponibles pour dilapider. Ils n’ont aucun projet viable.
    Les spécialistes en montage de plans d’affaires et de projets sont devenus eux des hommes d’affaires qui mettent leurs compétences pour produire de beaux projets qu’ils commercialisent avec les chômeurs en profitant de leurs situations.
    L’Etat pourrai se rattraper si toutefois, il mettait des moyens de repressions agressifs et des facilitées de recouvrements avec des outils juridiques allégés.
    Le total des montants à recouvrer rein que pour les structures citées donnent des vertiges. A qui la faute ?

    • Le 14 juin 2023 à 14:36, par HUB En réponse à : Financement de l’entrepreneuriat au Burkina : Les jeunes vivant en milieu rural sont délaissés

      Je m’inscrit en faut sur ce que vous venez de dire, ne jetez pas toute une jeunesse en pâture même si vous êtes du domaine des fiances privées.

      Le problème de la viabilité des financement c’est que les structures recherchent la quantité de projets fiancés et non la qualité. Cela s’explique par les objectifs donnés par les partenaires financiers étrangers qui eux veulent des chiffres pour afficher. La preuve est que dans l’écrit le mr à afficher des chiffres en milliers ! C’est ce qui plaît aux bailleurs.
      Maintenant cela implique que les structures de financement étatique réduisent l’enveloppe par projet fiancé, en général on fait un écrit pour dire au jeune qui demande par exemple 5 millions qu’on ne peut le donner que 3 millions et on lui demande de prendre connaissance et de dire qu’il est prêt à travailler avec les 3 millions, le délais de remboursement aussi est également imposé c’est à dire les échéances. Vu que le jeune est désœuvré et ne veut pas laisser passer le fond il accepte et c’est ce qui donne le résultat que tu vois.

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