L’une de ces caricatures représentait Mahomet coiffé d’un turban en forme de bombe. Signe d’ignorance ou de provocation des auteurs mis au compte de la liberté d’expression !.

Les textes internationaux (la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1984, etc) qui affirment la liberté d’expression et le droit de savoir des hommes convergent sur trois critères : les restrictions doivent être prévues par une loi, elles doivent être nécessaires et servir uniquement aux objectifs énoncés par ces lois. De ce fait, était-il indispensable, au nom de la liberté de la presse, de publier les caricatures du prophète Mahomet, caricatures à hauts risques qui heurtent plus qu’autre chose ?

Mais pourquoi ne pas s’indigner et exprimer ses émotions quand on se sent blessés au regard de la politisation de l’islam, des rapports étroits de plus en plus établis entre l’islam et le terrorisme !

Le fait en question, engageant les tenants d’un certain courant idéologique, connus pour leurs myopies intellectuelles et leurs relais médiatiques, n’aurait pas mérité une vive réaction des musulmans et une impressionnante mobilisation, si cela n’avait pas eu lieu dans le contexte d’une conjoncture internationale marquée par le manque du bon sens et le redéploiement des islamophobes. Sous d’autres cieux, l’indignation des pays arabes et les manifestations de violence suite à la publication des caricatures peuvent être qualifiées d’excessifs, si on considère que bien d’autres religions ont déjà été montrées du doigt.

Le catholicisme et le judaïsme ont été les cibles des crayons des journaux à de multiples reprises et cela n’a pas engendré, ex abrupto, des mines agressives et des menaces de terroristes. N’est-ce pas dans cette logique que s’inscrit le ministre de l’Intérieur de la France, Nicolas Sarkozy : « je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on ferait un sort particulier à une religion par rapport aux autres. L’église catholique a souvent été soumise aux feux de la caricature (...). Elle a protesté intellectuellement, mais, ça n’a pas été au-delà. Elle n’a pas été jusqu’à demander l’interdiction d’un journal ».

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours

Ce que M. Sarkozy doit savoir, c’est que dire ou montrer certaines choses est en soi une offense à une norme supérieure : la loi divine, les bonnes mœurs, l’ordre politique, la tradition... Aussi, dire ou montrer certaines choses produit des conséquences nuisibles. Les caricaturistes et dirigeants des journaux devront donc savoir qu’il y a caricature et caricature pour éviter de tomber dans la barbarie, signe de leur inculture et de leur intolérance.

Alors, que chacun adopte la religion qu’il souhaite, tout en respectant celle du voisin et le monde tournera mieux. Respectons l’imam, le prêtre, le pasteur, le rabbin et tous les autres.

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, mais à condition qu’il soit bon. En tous les cas, les pays arabes musulmans ont démontré que la liberté d’expression, si ce qui s’est produit est le cas, s’arrête là où commence celle de l’Islam. Pour une paix durable à l’échelle internationale, arrêtons de profaner ce qui est sacré pour les autres.

Ali TRAORE (traore_ali2002@yahoo.fr)
Sidwaya