Cet atelier de formation est le deuxième du genre et il intervient après celui qui a eu lieu en 2022 au profit d’autres acteurs des organisations de la société civile des Cascades. Durant les deux jours de travaux, des membres des organisations de la société civile de la région des Cascades vont ainsi se familiariser avec les outils et techniques de plaidoyer, de leadership, de réseautage et de coaching en matière de changement climatique. La rencontre s’articulera autour des communications, des échanges ainsi que des travaux de groupe, afin de permettre aux participants d’approfondir leurs connaissances et de partager leurs expériences.

Les exercices d’application pendant les travaux de groupe permettront aux participants de travailler sur des cas pratiques et variés, afin d’être aptes à pouvoir ajuster leur démarche de plaidoyer lorsque le contexte l’exigera. Cet atelier se veut le plus inclusif possible. C’est pourquoi il a regroupé des acteurs provenant d’OSC de jeunes, de femmes, de personnes handicapées (des personnes de petite taille, des malentendants, etc.), intervenant dans le domaine de l’environnement et du changement climatique de la région des Cascades. Ainsi, les échangent se tiendront en dioula, en français et en langage de signes, afin de faciliter la compréhension à tous les participants.

Les membres des organisations de la société civile des Cascades renforcent leurs capacités dans le cadre de la lutte contre le changement climatique

Cet atelier de formation s’inscrit dans le cadre du projet Benkadi qui est un projet de plaidoyer pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Environ une trentaine d’acteurs de la région des Cascades prennent part à cet atelier de formation. Placé sous l’égide de l’Association de gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba, il a pour objectif de renforcer les capacités des membres des organisations de la société civile, afin qu’ils puissent mieux participer à la lutte contre le changement climatique.

Cette rencontre marque aussi le démarrage des activités du projet Benkadi pour l’année 2023. La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée par Mamadou Karama, le directeur exécutif de l’AGEREF/CL.
Dans son allocution, il a rappelé l’objectif du projet et la nécessité d’organiser cet atelier de formation. A l’en croire, Benkadi est un projet qui a été pensé par le Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales (SPONG) en consortium avec d’autres organisations de la société civile du Benin, de la Côte d’Ivoire et du Mali. Il est initié depuis 2021 dans le but de contribuer aux efforts nationaux et internationaux de lutte contre le changement climatique.

Mamadou Karama, le directeur exécutif de l’AGEREF/CL expliquant l’objectif de cet atelier

Au Burkina Faso, précisément dans les Cascades, ce projet est mis en œuvre par l’Association de gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba (AGEREF/CL).
« Ce projet est conçu pour être mis en œuvre par des organisations de la société civile. Il s’agit de voir comment nous pouvons faire le plaidoyer pour que l’Etat puisse assumer ses responsabilités en matière de changement climatique. Nous voulons également que le secteur privé puisse jouer son rôle à savoir les compagnies minières et les orpailleurs qui exploitent les ressources minières. Dans le cadre du projet nous voulons interpeller l’Etat, le secteur privé et les OSC sur leurs droits et responsabilités en matière d’adaptation et d’atténuation du changement climatique », a-t-il fait savoir.

Le projet Benkadi qui signifie en langue bambara « travailler ensemble dans la même direction » prône l’inclusion. Il place les femmes, les jeunes et les personnes vulnérables au cœur de la lutte contre les effets néfastes du changement climatique.
Au Burkina, le projet couvre sept régions dont la région des Cascades. Le projet entend susciter une plus grande implication des populations vulnérables en particulier les femmes, les jeunes et les personnes handicapées dans la mise en œuvre des politiques publiques en matière de changement climatique à travers des plaidoyers. Le programme bénéficie de l’accompagnement du Royaume des Pays Bas. Il sera exécuté sur une période de 5 ans et aura pour principales activités des renforcements de capacités, la création d’un réseau fort d’OSC, la réalisation d’actions de plaidoyer pour donner de la « voix aux sans-voix ».

Engager les OSC dans la lutte contre le changement climatique

Au Burkina Faso, les changements climatiques constituent un défi majeur pour le développement durable. Selon le Plan national d’adaptation (PNA) adopté en 2015, le pays est encore vulnérable aux effets néfastes des changements climatiques en ce qui concerne notamment ses secteurs économiques clés : agriculture, élevage, eau, environnement et ressources naturelles. La région des Cascades est fortement éprouvée également par l’avancée du désert qui porte un sérieux coup au développement.

Cette vulnérabilité est exacerbée par l’insécurité due aux attaques terroristes récurrentes qui menace gravement les besoins essentiels des populations surtout en milieu rural. Ces menaces augmentent la vulnérabilité des populations et des écosystèmes et compromettent les efforts de développement. C’est dans ce sens que l’AGEREF/CL, partenaire opérationnel de mise en œuvre du projet Benkadi dans la région des Cascades, a depuis 2022 mené des actions de renforcement de capacités au profit des organisations de la société civile. Cette formation s’inscrit dans cette dynamique.

Les femmes sont fortement représentées à cette formation

« Le projet Benkadi est un projet de plaidoyer porté au niveau national. L’équipe nationale ne peut pas à elle seule faire le plaidoyer, il faut donc des démembrements. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un réseau au sein de la société civile qui va porter le même message au niveau régional et interpeller les autorités régionales, les compagnies minières, les artisans miniers sur leurs droits et leurs devoirs en matière d’atténuation du changement climatique. Pour que ces OSC puissent ainsi participer à ces plaidoyers, il faut qu’elles soient outillées d’où l’organisation de cette formation », a-t-il expliqué.

Il a indiqué que cette formation va leur permettre d’être opérationnels et efficaces non seulement dans la gestion quotidienne de leurs associations mais également de les aider à contribuer dans le processus de plaidoyer que le projet est train de dérouler aussi bien au niveau national que régional pour ainsi interpeller l’Etat, le secteur privé et la communauté elle-même de manière générale sur leurs droits et leurs responsabilités en matière d’adaptation et d’atténuation de changement climatique. Afin de permettre à toutes les OSC de la région de bénéficier de cette formation, les acteurs qui ont été formés l’année dernière ne peuvent plus prendre part à cette session.

Romuald Dofini
Lefaso.net