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Safoura Delta : tels artistes telle fille !

Publié le samedi 4 février 2006 à 11h00min

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Safoura Delta

A l’image de ses frères et sœurs, dont Idak, elle a commencé très tôt à évoluer dans le milieu de la musique. Ce qui, s’il lui a permis de découvrir du monde, n’en fut pas moins un handicap dans ses études. Safoura Bassavé, pardon Safoura Delta, nous parle ici de sa petite expérience vécue mais ô combien riche en enseignements.

Qui est Safoura Delta ?

• Mon nom à l’état civil, est Safoura Bassavé. Je suis artiste musicienne et mon premier album vient de sortir sur le marché discographique. J’ai évolué au sein de l’orchestre familial avec mon père et ma mère.

Quels étaient tes rapports avec tes parents ?

• J’avais de très bons rapports avec eux. C’est d’ailleurs mon père qui m’a donné la permission de m’engager dans la musique et d’en faire mon métier. C’était en Guinée-Bissau. J’ai commencé ma carrière en compagnie de ma sœur aînée, Idak, par la recherche de producteur. Nous avons débarqué à Abidjan en 1999 en quête d’un producteur pour notre premier album. Nous avons contacté une structure, Touré Sound, pour la réalisation de son premier opus. Idak a réussi à réaliser son rêve avec son album. Moi, j’avais décidé d’attendre un peu. Aujourd’hui, l’heure est venue pour moi de tenir ma "Promesse" qui est le nom de mon album.

Avant la sortie de ton album, tu jouais dans des bars. Peux-tu nous dire pourquoi un tel choix ?

• Lorsque je suis revenue après le décès de ma mère en 2000, j’ai voulu rester en contact avec la musique surtout pour subvenir à mes besoins. La situation avait changé avec mes problèmes familiaux. C’est ainsi que j’ai pu obtenir une place de choriste et de chanteuse dans l’orchestre du Piano-bar Akwaba.

Dans l’orchestre familial, à quel instrument jouais-tu ?

• Je jouais à la guitare basse. Je continue d’en jouer. Nous sommes sept dans la famille. Mais en plus d’Idak et moi, mon frère cadet, Mamadou Bassavé, fait également de la musique. Il est pianiste et batteur.

Dans quelles conditions ton album a-t-il été réalisé ?

• J’ai travaillé dans de bonnes conditions au studio de Seydoni Production. L’œuvre a été arrangée par trois arrangeurs renommés de la place. Zakaria Mamboué, Alain Nyame et Sam Etienne Zongo. Je précise que j’ai bénéficié du soutien du PSIC.

Ton thème favori dans cet album est l’amour. Peux-tu nous dire pourquoi ?

• L’amour est important de nos jours sur toutes ses formes. Je suis contre le mariage forcé parce que j’estime qu’on ne peut pas vivre avec quelqu’un sans amour. Je critique ce genre de comportement, surtout les parents irresponsables dans ma chanson "youm pii la nou".

Cette chanson est-elle une fiction ou une réalité ?

• L’histoire s’est réellement passée. C’est une de mes copines qui a vécu ce cas de mariage forcé. Mon amie a dû se battre pour réconquérir sa liberté. Chaque nuit, elle empêchait son mari de dormir. Son mari, un vieux, n’en pouvant plus, a dû la ramener chez ses parents. L’histoire m’a inspirée. J’ai décidé de la chanter pour conscientiser nos parents. Il faut qu’ils sachent que les temps ont changé.

Quelle structure distribue ton album ?

• L’œuvre est distribuée par les Productions Tam-tam. Le PSIC exigeait que je sois accompagnée par un manager et que l’album soit distribué par une maison de distribution. Alors compte tenu de mes relations avec les Productions Tam-tam j’ai préféré leur confier la distribution de mon opus.

Tu évoques d’autres facettes de la vie dans ton album. Peux-tu nous en parler un peu plus ?

• C’est exact. J’ai aussi chanté le courage des jeunes filles. J’exhorte ces dernières à ne pas baisser les bras face aux difficultés de la vie. J’ai également fait un clin d’œil aux femmes battues par leurs maris.

Qui représente Idak pour toi ?

• Elle est ma sœur aînée, mon amie. En plus elle représente ma mère. Nous avons de très bons rapports. Pour le prochain album je prévois un featuring avec elle.

Quelle est sa part de contribution dans cet album ?

• Idak a énormément contribué à la réalisation de mon album. Elle m’a soutenue moralement et surtout financièrement.

Nous savons que tu viens d’une famille de musiciens, pourquoi n’as-tu pas choisi une autre profession que la musique ?

• Je n’ai pas eu la chance d’être assidue à l’école comme les autres enfants. A l’âge de huit ans, au moment où les autres étaient en classe, moi j’étais en tournée avec mes parents. Je suis handicapée par mon niveau d’études pour pouvoir postuler à une bonne fonction. J’ai essayé de faire du commerce en plus de la musique.

Le fait d’avoir tourné très jeune avec tes parents a-t-il été un avantage pour toi ?

• Sincèrement non, car cela a été un handicap pour mes études ; Néanmoins j’ai beaucoup appris au cours de cette aventure avec mes parents à travers l’Afrique. Tout n’a pas été négatif. Il y a certaines choses qu’on n’apprend pas à l’école.

Mais si c’était à refaire, , allais-tu suivre tes parents ou préférerez aller à l’école ?

• Honnêtement, je préférerais aller à l’école avant de faire la musique.

Qu’en pensent tes frères et sœurs ?

• Ils ont la même opinion que moi parce que la non-scolarisation nous a beaucoup pénalisés. Aujourd’hui, la vie est difficile pour ceux qui ne sont pas instruits ni diplômés.

Est-ce que tu en as parlé à tes parents avant leur décès ?

• Non, ni moi, ni eux n’avons eu le temps d’en parler. Lorsque nous sommes revenus au Burkina Faso, ma mère était déjà malade.

As-tu des spectacles en vue ?

• Bien sûr. Si un artiste sort un album et qu’il ne fait pas de spectacles, c’est dire que son album est mort. J’attends de me faire bien connaître avant de me lancer dans des concerts.

Alassane Kéré (alassanekere@yahoo.fr)
L’Observateur

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