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Nouveau marché de l’hippodrome : Les boutiques témoins présentées aux commerçants

Publié le jeudi 29 janvier 2004 à 05h52min

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Depuis l’incendie qui a ravagé le grand marché Rood Woko le 27 mai 2003 et qui a plongé les ex-locataires dans le désarroi, les autorités politiques et municipales s’attellent à trouver un autre cadre d’activités pour les commerçants. Le site de l’hippodrome du secteur 19 a été remblayé et des boutiques témoins construites. Ces boutiques ont été présentées aux commerçants mardi 27 janvier 2004. Le film d’une guéguerre...

La plate-forme du site du nouveau marché de l’hippodrome est terminée. Le chantier exécuté par l’entreprise Construction générale du Burkina (COGEB) a été réceptionnée mardi 27 janvier dernier. Deux boutiques témoins y ont été construites et constituent des prototypes des réalisations qui devraient y être faites. Ces boutiques d’une superficie de 6 ; 9 ; 10 ; 12 ; 20 et 30 m2 seront construites en matériaux locaux. Il est prévu sur l’aire de ce site un total de deux mille neuf cent quatre vingts (2980) emplacements devant servir de lieux de commerces divers, d’entrepôts, de restaurants et de magasins de céréales.

Les étals occuperont mille cent soixante dix-huit (1178) emplacements et la poissonnerie-boucherie trois cent soixante dix-huit (378). A ces infrastructures, il faut ajouter des latrines, des parkings, des bureaux pour l’administration du marché, des locaux pour l’infirmerie, la sécurité et les concessionnaires. Le bitumage des voies d’accès et la viabilisation de l’aire du site restent toujours des chantiers à réaliser et nécessitent des investissements énormes. La plate-forme par exemple a coûté plus de neuf cent (900) millions de F CFA.

Priorité aux commerçants de Rood Woko

L’attribution des boutiques et étals sera accordée en priorité aux commerçants de Rood Woko par un système de pré-commercialisation ; c’est ce qu’a dit le président de la commission nationale de réorganisation du marché M. Jean-Christophe Ilboudo. Cette pré-commercialisation consistera au paiement par le commerçant d’un droit d’entrée proportionnel à la superficie, la nature et la valeur commerciales de l’emplacement. La participation directe du commerçant à la réalisation de l’emplacement lui ouvre un droit de copropriété pour une durée déterminée. Le maire de la commune de Ouagadougou M. Simon Compaoré, a quant à lui rappelé que l’ensemble des acteurs de l’économie nationale sont préoccupés par la situation actuelle des commerçants.

La construction de ce nouveau marché témoigne selon le bourgmestre de Ouagadougou de l’engagement des autorités dans la résolution des problèmes des commerçants de Rood Woko notamment leur recasement. Un engagement qui s’est manifesté par la présence à cette cérémonie des ministres des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat, M. Hyppolite Lingani, du Commerce, de l’Entreprise et de l’Artisanat M. Benoît Ouattara.

L’Agence française de développement, principal bailleur de fonds dans la construction des marchés dans notre pays y était également représentée. Ce nouveau marché s’étend sur une superficie de près de 14 hectares et devrait selon les dispositions prévues permettre d’éviter les occupations anarchiques et minimiser les risques d’incendie. Autant de "bonnes intentions’’ qui semblent ne pas bénéficier de l’assentiment des commerçants.

Ceux-ci conviés à cette cérémonie de présentation des boutiques-témoins soutiennent ne pas cautionner l’idée de la reconstruction d’un autre marché en dehors de Rood Wooko. Par la voix de leur président, El Hadj Issa Kanfado, ils disent ne pas avoir pour l’heure un commentaire à faire. Ils préfèrent d’abord se concerter. Les suggestions qui sortiront de leurs concertations seront ensuite transmises aux autorités municipales.

Mais déjà, le président de la commission nationale de réorganisation du marché Jean Christophe Ilboudo dit ne pas comprendre l’attitude des commerçants : pour construire Rood Woko soutient-il, aucun commerçant n’a été associé’’. Et M. Ilboudo de poursuivre : "Il faut en pareille situation privilégié l’action publique’’. Pour le président de la commission nationale de réorganisation du marché, l’Etat fait de gros efforts pour rechercher des financements devant servir à la construction de ce nouveau marché mais aussi pour la réhabilitation de Rood Woko. Le tout c’est de mettre les commerçants dans de meilleures conditions de travail.

Mais les commerçants ne semblent pas être de cet avis. Pour eux, la construction d’un nouveau marché ne peut que retarder la réhabilitation de Rood Woko.

A. Verlaine KABORE


La grogne des commerçants

La cérémonie de présentation des boutiques-témoins du nouveau marché en construction à l’hipprodrome a été quelque peu entaché par la réaction de certains commerçants. Ceux-ci accusent les autorités de ne pas jouer la carte de la transparence.

M. Amidou Ouédraogo : (ex-commerçant de Rood Woko) je réside au secteur 19, non loin même de ce site, mais je n’adhère pas à l’idée de construire un nouveau marché pour nous. L’argent qui doit servir à cette construction peut réhabiliter Rood Woko. Les autorités ont aux premières heures de l’incendie voulu nous recaser sur un site situé sur la route de Saponé en soutenant qu’un délai de trois mois était fixé pour finir ce marché de l’hippodrome. Nous avons refusé d’y aller. Voilà bientôt neuf mois que l’on parle de reconstruire ce marché et jusque-là rien n’est fait. Nous sommes fatigués et je pense qu’on devrait nous associer au choix de ce site.

Alassane Kaboré : (ex-commerçant) : Les autorités devraient nous concerter avant de dégager ce site. S’il faut construire ce marché et réhabiliter également Rood Woko, je pense que c’est du gaspillage d’argent. L’argent de la construction peut servir à réhabiliter Rood Woko, alors pourquoi chercher des poux sur un crâne rasé ? En tout cas, nous ne voulons pas de ce marché.

Moussa Soré (ex-commerçant) : Dans tout ce qu’ils ont dit, je n’ai pas entendu un passage concernant l’avenir de Rood Woko. Que deviendra Rood Woko ? C’est là la question.

Adja Mariam Sorgho (association Rim-Nooma) : Nous sommes déçus de ce qui se passe. Nous avons vu des cas d’incendies qui se sont produits dans des marchés des pays de la sous-région. Là-bas, les commerçants ont non seulement été soutenus financièrement mais aussi moralement. Lesdits marchés ont été vite réhabilités. Nous ne comprenons pas nos autorités. Pourquoi on ne parle plus de Rood Woko. Nous sommes déjà dépourvus d’argent s’il faut encore investir pour obtenir une nouvelle boutique, cela est injuste. Nous n’approuvons pas cette idée de reconstruction d’un autre marché. Et Rood Woko que deviendra-t-il ?

Fatimata Kinnoré : Nous commerçantes du Burkina, nous contribuons énormément à l’essor de l’économie nationale, nous sommes pour certaines des responsables de famille. Si les autorités ne veulement pas résoudre le problème de Rood Woko qu’elles ne nous fatiguent plus avec cette affaire de construction d’un nouveau marché. Nous avons assez dépensé nous n’avons plus rien pour financer la construction d’autres boutiques.

A.V.K.
Sidwaya

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