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Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

Publié le lundi 22 mai 2023 à 22h35min

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Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

Le Burkinabè est incivique et c’est peu de le dire. Il n’y a qu’à mettre le nez dehors dans n’importe quelle rue pour s’en rendre compte. En cas d’accident, l’usager “modèle” s’en sort avec des injures au mieux des cas, et au pire des cas, il est mis en bière, malgré sa trop grande prudence en circulation. Combien de personnes auraient pu être sauvées si les usagers, parfois détenteurs du permis de conduire, avaient des connaissances en secourisme ?

Ouaga, c’est le far west. Nous l’avions déjà écrit. Téléphoner au volant est devenu un geste banal, rouler à vive allure sans casque ou sans rétroviseur est signe de virilité, respecter le panneau STOP est une perte de temps, griller les feux tricolores est devenu la norme les week-end et au diable le piéton ! Voilà la mentalité du Burkinabè nouveau, tel un gorille qui se tape la poitrine, pour gueuler à tue-tête son intégrité.

Même si le permis de conduire coûte un bras pour certains, pour d’autres ce précieux sésame a le goût d’un diplôme universitaire et il faut l’obtenir à tout prix. Code, créneau, conduite. Après toutes ces étapes, certaines personnes, pour ne pas perdre la main, profitent du véhicule de leurs parents ou amis ou attendent que les « J’ai l’honneur », puissent marcher avant d’espérer circuler dans leur propre berline ou tacot. D’autres par contre dorment sur les réseaux sociaux ou parcourent les journaux à la recherche d’une annonce de recrutement d’un chauffeur, pour espérer se faire la main.

Secouristes autodidactes

Dans l’un ou dans l’autre, le permis de conduire, seul, ne peut vous épargner d’un danger. Même quand on a la priorité, la prudence reste le maître-mot pour sortir de ce capharnaüm qu’est devenue la circulation dans nos villes. Généralement, quand un accident de la route survient, les gestes de premiers secours sont assurés par des badauds qui, à force d’être témoins d’accidents de la circulation, sont devenus des experts en la matière. Leur intervention permet de sauver des vies avant l’arrivée des sapeurs-pompiers. Pourtant, la plupart de ces bons samaritains n’ont jamais suivi une formation en secourisme et n’ont pas le permis.

692 décès en 2022

A quoi cela sert-il d’avoir le permis de conduire si l’on n’est pas capable de venir en aide à un passager que l’on transporte sur une moto ou dans une voiture et qui est victime d’un malaise ou d’un accident de la circulation ? En 2022, les sapeurs-pompiers ont effectué 12 589 interventions suite à des accidents de la circulation qui ont fait 16 571 victimes dont 692 décès. Au regard du nombre élevé des accidents, il est urgent, au-delà de la répression, de former le maximum de Burkinabè sur les gestes de premier secours ?

Lancer un projet pilote

Cette formation peut se faire à travers les auto-écoles. Le ministère en charge des transports et de la mobilité urbaine et celui de la santé pourraient nouer un partenariat avec la Croix-Rouge et la Brigade nationale des sapeurs-pompiers afin de dispenser des cours aux candidats au permis de conduire. Un projet pilote peut être lancé dans deux ou trois auto-écoles avant la mise à l’échelle progressive. Les cours de premiers secours peuvent être payants et donner droit à une attestation qui pourrait avoir une période de validité.

Au cours de cette formation, les candidats au permis de secours apprendront à évaluer les situations d’urgence, prodiguer les premiers secours, limiter ou empêcher l’hémorragie, alerter ou faire alerter les secours, rassurer l’accidenté pour ne pas le paniquer, etc. Voilà autant de gestes simples qui peuvent sauver des vies en cas d’accidents graves sur la route.

Le Burkina ne perd rien en essayant d’introduire les gestes de premiers secours dans les auto-écoles qui ne désemplissent pas. A défaut de le faire, l’on pourrait accentuer les formations en secourisme dans les lycées, les instituts et universités et pourquoi pas dans les écoles de formation de l’administration publique. Une jeunesse formée au secourisme est une arme forgée contre l’incivisme, une arme forgée pour la vie. Ne l’oublions pas : il n’y a plus de place dans les cimetières.

Fredo Bassolé
Lefaso.net


Crédit-photo :
Page Facebook de la BNSP : Accident de la circulation dans le village de Zempasgo, mercredi 11 août 2021, entre un camion de transport de marchandises et un bus de transport de passagers en stationnement.

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Vos commentaires

  • Le 23 mai 2023 à 06:31, par Pardon En réponse à : Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

    Bravo pour l’analyse. Mais pensez-vous que c’est en écrivant sur ce ton subtilement choquant que les choses vont changer ou évoluer ?

  • Le 23 mai 2023 à 08:33, par Sidzabda En réponse à : Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

    En dehors de la dernière phrase qui n’a absolument pas sa place dans ce plaidoyer (attention à la communication), je n’ai pas lu d’ecrit aussi pertinent depuis belle lurette.
    Je soutiens totalement cette contribution

  • Le 23 mai 2023 à 11:21, par Paul En réponse à : Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

    En réalité, les premiers secours doivent être enseignés dès l’école. Il n’y a pas que des accidents de la route. Il y a les accidents domestiques, les chutes, accidents de travail, chutes liées au sport, crise cardiaque, etc.

  • Le 24 mai 2023 à 06:11, par CAPSU En réponse à : Burkina/Accidents de la route : Enseigner le secourisme dans les auto-écoles, pensons-y !

    En formant ceux et celles qui se préparent à un permis de conduire aux "gestes d’urgence", c’est à dire ceux nécessaires pour maintenir un blessé en vie, on permet aussi de savoir les pratiquer face aux autres accidents, qu’ils soient domestiques ou des loisirs ! Donc tous les accidents.
    C’est le cas avec les "5 GESTES QUI SAUVENT", formation pratique de 4 heures (car il faut s’exercer pour les apprendre parfaitement et les mémoriser) proposés en France (Propositions de loi, etc.), mais que les pouvoirs publics français, de par leur inertie administrative qui s’asphyxie elle-même depuis les années 80, ont été incapables de mettre en place. La préparation d’un permis de conduire est un moment de formation et réflexion sur les dangers, que l’on doit utiliser pour apprendre donc absolument connaître ces gestes de survie. A noter que l’Allemagne (RFA), a mise en place cette formation obligatoire dès 1969 ! L’Autriche en 1973 ! Faites-le dans votre pays ! Didier BURGGRAEVE, président du CAPSU (association d’action bénévole depuis 1975).

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