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Xe Journée nationale du paysan : La parole aux producteurs...

Publié le jeudi 2 février 2006 à 07h01min

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Le 28 janvier, a eu lieu à Manga, la 10e édition de la Journée nationale du paysan. A l’issue de l’entretien avec le chef de l’Etat, mettant fin à la journée, des producteurs se sont exprimés.

Jonas Yugo, représentant des Chambres régionales d’agriculture :

La sécurisation foncière est une question d’actualité qui interpelle tout le monde, car actuellement, les producteurs ont peur d’investir parce qu’ils peuvent à tout moment être dépossédés de leur terre. Ce qui fait que bon nombre d’acteurs ne veulent pas mettre de gros moyens sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Mais par contre, j’ai une grande surface à Pô que j’exploite aisément, car je n’ai fait qu’un retour chez moi.

Ce n’est pas la peine que les gens pensent que la sécurisation foncière constituera une menace pour les petits exploitants (les paysans) en ce sens qu’elle permettra aux nouveaux acteurs de les déposséder. Je pense que même le « pauvre » paysan peut, lui-aussi, être victime d’une dépossession s’il n’a pas de titre foncier. Et c’est le problème qui se pose entre autochtones et migrants ou allogènes.

Il faudra donc que la politique nationale sur la sécurisation foncière tienne compte des textes de la Stratégie de développement rural (SDR) qui prennent compte non seulement l’exploitation familiale mais aussi l’agrobusiness ; car ce n’est pas avec la daba ou les deux ou trois hectares qu’on peut promouvoir et développer l’agriculture.

Cette nouvelle politique doit sécuriser tout le monde et permettre à chacun de pouvoir librement planter des arbres, ce qui est interdit aux jeunes dans certains villages. Après les ambiguïtés rencontrées par la Réforme agraire et foncière, il faut que tout soit clair et qu’on concilie comme l’a dit le ministre Diallo, la loi coutumière et celle de la république. Nous pouvons nous inspirer de l’exemple du Ghana où la loi foncière dit que la terre appartient aux autochtones, mais les titres fonciers sont délivrés par l’Etat après une concertation avec le ou les propriétaires de la terre.

Madame Gariko Korotimi de l’association Pataldjama :

Le thème de la sécurisation foncière est le bienvenu. On aurait dû même commencer par là, car sans la terre, on ne peut rien faire. Il n’y a rien de tel que de se sentir en sécurité dans sa parcelle.

Cela permet d’y investir en toute quiétude. De plus, avec un titre foncier, on peut facilement avoir un crédit et accroître ainsi, sa productivité.

Au niveau de notre association, nous n’avons pas d’inquiétude. Nous avons acheté notre terrain de 50 hectares à 17 millions. Je pratique de l’élevage en toute sécurité sur la partie qui me revient.

Bassiaka Dao, représentant des producteurs :

Le fait de vouloir sécuriser les producteurs sur leur exploitation est une volonté qu’il faut saluer. C’est la condition sine qua non pour moderniser et développer notre agriculture. Au cours du forum, nous avons fait des recommandations dans le sens d’une mise en œuvre efficace de la politique nationale sur le foncier. Elle doit aboutir à une loi claire et limpide, protégeant l’ensemble des acteurs concernés, en particulier les couches les plus vulnérables que sont les femmes et les jeunes.

En effet, contrairement à la Réforme agraire et foncière (RAF), la nouvelle loi doit être le plus précis possible. Toute chose qui permettrait de résoudre une bonne fois pour toutes la question foncière au Burkina.

Moussa Coulibaly, producteur à Orodara :

J’ai surtout été impressionné par les propos du président du Faso et du Premier ministre. Ils se sont montré très déterminés à œuvrer aux côtés des paysans pour le développement de l’agriculture.

Le thème de la sécurisation foncière est plus que d’actualité. Ces dernières années, nous avons noté beaucoup de problèmes liés au foncier.

Nous espérons qu’avec les discussions en cours, une solution sera définitivement trouvée à la question.

Casimir Zoungrana, producteur de coton :

Je suis satisfait de la tenue de cette journée qui a traité d’un problème délicat vécu au quotidien par nous, producteurs. Et le forum qui a été organisé le 27 janvier ainsi que le débat avec le président, nous ont permis de cerner tous les contours du sujet. Les principales questions posées ont eu des éléments de réponse satisfaisants. Et la tenue de cette journée est une invite à mieux travailler.

Korotouma Soura, productrice : Toutes nos préoccupations relatives à la question foncière ont été évoquées et des solutions adéquates, proposées et nous pensons qu’avec le temps, nous serions satisfaits.

Propos recueillis par Fatouma Sophie OUATTARA &
Verlaine KABORE
Sidwaya

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