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Taekwondo : Le Burkinabè Faysal Sawadogo rêve d’une médaille olympique à Paris 2024

Publié le mercredi 10 mai 2023 à 23h15min

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Taekwondo : Le Burkinabè Faysal Sawadogo rêve d’une médaille olympique à Paris 2024

Le triple sauteur Hugues Fabrice Zango a créé l’exploit en offrant au Burkina Faso sa toute première médaille olympique, remportée lors des jeux olympiques de Tokyo en 2021. Après cette performance, de nombreux jeunes athlètes rêvent de lui emboiter le pas. C’est le cas du jeune Faysal Sawadogo, taekwondoïste burkinabè qui continue de briller sur la scène internationale avec des médailles glanées çà et là. Mais son plus grand rêve, c’est d’offrir au pays des hommes intègres, une nouvelle médaille olympique, avec en ligne de mire les jeux olympiques qui se dérouleront en 2024 à Paris en France. Dans un entretien accordé au journal Lefaso.net, le sociétaire du club ‘’Taekwondo Özer-Olympic school’’ en Allemagne nous parle de ses débuts dans la discipline, ses défis et ses ambitions pour le Burkina Faso.

Lefaso.net : Présentez-vous à nos lecteurs, qui est Fayçal Sawadogo ?

Faysal Sawadogo : Faysal Sawadogo est un jeune sportif burkinabè de haut niveau qui est passionné de taekwondo (sport olympique), il ambitionne et a toujours rêvé de porter très haut les couleurs de son pays au plan mondial.

Comment êtes-vous arrivés au taekwondo ?

A la base, je suis arrivé au taekwondo dès l’âge de 5-6 ans grâce à mon père qui voulait à travers ce sport nous apprendre à nous “canaliser”, à nous discipliner davantage dans nos objectifs, et surtout à savoir nous maîtriser face à n’importe quelle situation de la vie. C’est avec le temps en grandissant que j’ai découvert les autres aspects sportifs et olympiques, notamment les compétitions de combat qu’avait ce sport. Ensuite j’ai eu la chance de suivre, tout jeune, ce sport lors de différents Jeux olympiques, des championnats du monde et africains à la télé. C’est à partir de là que tout a commencé, surtout quand je regardais ces moments vibrants sans entendre parler du Burkina Faso.

Qui sont vos mentors dans la discipline, ceux qui vous ont inspiré ?

Ceux qui m’ont beaucoup inspiré dans la discipline étaient dans un premier temps Dabo Modibo Keïta par sa puissance et sa rage de vaincre, Drabo Seydina Mamadou, médaillé d’argent aux Jeux africains 2007, de par son calme et sa technicité. Dans un second temps, il y a eu Mahama Cho de la Grande Bretagne par ses réflexes et réactions rapides. Il y a aussi Razack Alfaga du Niger avec sa maîtrise de la new school taekwondo.

Parlez-nous un peu de votre carrière, quels sont les faits marquants ?

- 2016 : Champion du Burkina et meilleur combattant
- 2017 : Champion du Burkina et meilleur athlète AJSB
- 2018 : Champion de la Baden Württemberg (Allemagne)
- 2019 : Champion au tournoi international d’Hollande
- 2019 : Médaillé de bronze aux Jeux africains de Rabat
- 2019 : Champion de Baden Württemberg pour la 2e fois
- 2019 : Meilleur athlète diaspora burkinabè en Allemagne
- 2019 Champion Open international Croatie
- 2019 : vice-champion au tournoi international d’Allemagne
- 2019 : 1er à la cup Park pokal allemande
- 2019 : 3ème à la Président cup Agadir 2019
- 2019 : 1er à la Creti Cup International Reutlingen
- 2020 : 3e aux championnats d’Europe des Clubs
- 2021 : 7e JO Tokyo 2020 (Fracture au bras après le premier combat qui va affecter la suite et me limiter à la 7e place)
- 2021 : 3ème aux Championnats d’Afrique à Dakar
- 2022 : Champion à l’Open International d’Autriche
- 2022 : 3e au tournoi international d’Espagne
- 2022 : Vice-Champion d’Afrique au Rwanda
- 2022 : 3e au tournoi International du Luxembourg
- 2023 : 3e à la President Cup Égypte 2023
- 2023 : 2e au tournoi international de la Hollande
- 2023 : 2e au tournoi international de Belgique
- 2023 : 3e à l’open international d’Autriche (blessure à la main lors des demi-finales me bloquant pour les finales)

Quels sont vos défis sportifs pour l’année 2023 ?

Les défis qui me restent à relever pour l’année 2023, c’est de décrocher une médaille mondiale, de rentrer dans le top 10 mondial, de remporter des médailles aux principaux grands prix qui regroupent les 32 meilleurs au monde, de décrocher le titre de champion d’Afrique.

Et quel est votre objectif le plus cher que vous rêvez de réaliser ?

Mon objectif qui me tient le plus à cœur, c’est sans aucun doute remporter une médaille olympique pour le Burkina Faso à Paris 2024.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?

Les difficultés que je rencontre le plus souvent sont beaucoup liées à ma préparation. J’ai raté en 2022 des grands rendez-vous qui auraient pu me propulser vers la qualification d’office. Ces ratés ont aussi affecté le classement du Burkina que j’avais réussi à porter au rang de 12e mondial et 2e africain.

Certaines compétitions et stages internationaux sont indispensables pour le maintien et la progression une fois que l’on est dans le Top 30 mondial. Par ailleurs, il y a aussi certains suivis médicaux que je n’arrive pas à avoir par rapport à mes concurrents actuels, et qui sont indispensables pour les compétitions de haut niveau auxquelles je serais amené à participer.

On sait que vous êtes l’un des porte-drapeaux du Burkina Faso à l’international, comment se fait la préparation de vos compétitions ?

Mes préparations se font très longtemps à l’avance avec mon club en Allemagne, en collaboration aussi avec le centre d’entraînement de l’équipe nationale allemande. En résumé, je m’entraîne deux à trois fois par jour en fonction de l’avancée et de l’ampleur de la compétition, du lundi au vendredi, et souvent les samedis matin.

Est-ce que vous recevez suffisamment de soutiens (financier et technique) de la part des autorités burkinabè notamment le ministère en charge des sports ou la fédération ?

Ça dépend de ce que vous entendez par suffisamment. Pour moi avoir suffisamment de soutien se résume à avoir les conditions minimales réunies dans ma préparation de sorte à ne pas rater les compétitions très importantes pour lesquelles je me bats dur pour être qualifié, les stages indispensables une fois que l’on est dans le Top 30, et avoir les suivis essentiels de préparation et récupération physique pour ne laisser aucune chance à mes concurrents actuels.

Comment trouvez-vous la politique sportive burkinabè de façon générale et celle qui concerne le taekwondo en particulier ?

Je pense que les autorités sportives burkinabè doivent remettre en cause leur politique vis-à-vis des sports olympiques. Car il y a beaucoup plus d’attentes compte tenu de la forte concurrence mondiale et des défis élevés qu’il y a dans ces sports.
En ce qui concerne le taekwondo, je souhaite que les autorités sportives s’intéressent plus au fonctionnement de ce sport. C’est vrai que l’on ne voyait pas beaucoup le Burkina Faso auparavant à l’échelle internationale pour ce sport, mais aujourd’hui le Taekwondo burkinabè est présent dans les esprits burkinabè et occupe une place importante au niveau mondial et au niveau africain, et soyez en sûr que le meilleur reste à venir InchAllah.

Qu’est-ce que vous suggérez aux décideurs afin d’améliorer les choses ?

Avant de suggérer, j’aimerai déjà mentionner quelques améliorations constatées en cette année de la part des autorités sportives qui commencent à avoir un plus d’attention pour le taekwondo burkinabè, et qui ont permis pour la première fois à l’équipe nationale d’être présente à l’Open International d’Autriche. J’aimerais cependant suggérer aux décideurs de prendre beaucoup plus de nouvelles sur les conditions de vie des athlètes en course pour les jeux olympiques de Paris 2024, et de s’assurer que les conditions minimales sont réunies pour ces athlètes afin que l’on puisse faire retentir très haut l’hymne national burkinabè à Paris 2024.

La pratique du taekwondo nourrit-t-il son homme ?

La pratique du taekwondo ne peut nourrir son homme que quand celui-ci est au sommet de la discipline. C’est un sport de combat assez complexe qui nécessite beaucoup de travail et de sacrifices avant de pouvoir en tirer quelque chose. Par exemple, à chaque tournoi de taekwondo, vous devez arriver prêt et vous devez obligatoirement gagner votre premier combat pour passer à l’étape suivante. Sinon si vous perdez le premier combat, vous pouvez déjà ranger vos affaires et prendre votre vol retour.

Quels conseils avez-vous à l’endroit des jeunes qui voudraient emboiter votre pas ?

Le conseil que j’ai à donner aux jeunes qui sont déjà sur mon chemin ou qui aimeraient emboîter mes pas, c’est de ne pas abandonner après une défaite ou une difficulté, car ça fait partie du processus, mais surtout de ne pas se prendre la tête après une victoire, car c’est un sport de combat et plus l’on avance, plus les défis deviennent difficiles. Il faut donc toujours rester positif, ne pas être distrait et être toujours discipliné dans le processus d’entraînement, envers ses parents, et envers ses aînés.

Votre mot de fin ?

Merci à vous pour l’attention portée à ma modeste personne, merci à toutes ces personnes qui de près ou de loin ont contribué à mon évolution sur le plan mondial. Merci à toutes ces personnes qui se battent de près ou de loin pour ramener la paix au Burkina Faso.

Dieu bénisse et protège les FDS et les VDP !

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

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