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Entrepreneuriat : Oumou Ouédraogo, l’ex-chargée de projets qui a déserté son bureau feutré pour fumer la volaille

Accueil > Actualités > Portraits • Lefaso.net • jeudi 27 avril 2023 à 10h25min
Entrepreneuriat : Oumou Ouédraogo, l’ex-chargée de projets qui a déserté son bureau feutré pour fumer la volaille

Juriste de formation, Oumou Ouédraogo était chargée de projets dans une organisation non-gouvernementale. Mais pour cette passionnée d’art culinaire, l’odeur de la volaille fumée est nettement meilleure à celle des bureaux feutrés et à l’air conditionné. C’est ainsi qu’elle a choisi de tout abandonner pour se lancer dans le business de la volaille fumée. Un choix fou pour ses proches, mais réfléchi pour cette femme visionnaire qui, grâce à son génie créateur, a réinventé et modernisé la volaille fumée qui s’exporte désormais. Portrait d’une entrepreneuse déterminée et d’une guerrière sans arme !

L’histoire commence quand elle se rend compte de l’incompatibilité de ce qu’elle faisait avec sa vraie personnalité. En personne avisée, Oumou Ouédraogo décide de tâter d’abord son marché. Son flair des affaires lui recommande alors de tout brader pour recommencer à zéro.

Elle explique : « Je suis juriste de formation, parce que j’ai une maîtrise en droit, et j’ai d’abord travaillé comme juriste dans un cabinet de notaire, avant d’être coordonnatrice de projet dans une ONG. Et c’est en étant là-bas que je me suis rendu compte que je n’étais pas très à l’aise avec moi-même. Parce que je suis une personne qui aime beaucoup la cuisine. Je me sens plus à l’aise quand je fais la cuisine. J’avais tellement envie de faire ce qui me plait que j’ai décidé de me lancer dans la transformation des aliments. J’ai donc commencé avec les céréales et ensuite je proposais également des kits de riz où je mettais du poisson fumé, de la pintade ou du poulet fumé. Et à chaque fois j’avais des commandes de deux ou trois personnes ».

D’autodidacte en experte dans la volaille locale fumée

L’art de fumer la volaille, Oumou Ouédraogo l’a appris auprès de personnes bien avisées. « Ne sachant pas fumer, j’allais voir les grands-mères du quartier, parce que je les voyais le faire, et elles le faisaient pour moi. Et de temps en temps, j’allais m’asseoir auprès d’elles en échangeant avec elles. J’en profitais aussi pour voir comment elles faisaient et c’est là que j’ai commencé petit à petit à fumer de la viande moi aussi », relate-t-elle.

En 2016, dame Ouédraogo dira donc adieu à son poste dans l’ONG pour se lancer définitivement dans le business de la volaille locale fumée. Pour elle, rien n’était plus important que sa passion, même si le pari n’était pas gagné d’avance. Surtout quand on est issu d’une famille modeste où ceux qui avaient un emploi étaient les privilégiés. Un choix fou pour les proches à l’époque, mais réfléchi pour la concernée. La juriste savait dans quoi elle mettait les pieds, même si elle ne s’attendait pas à ce qu’elle allait rencontrer comme difficultés, confesse-t-elle.

Avec conviction et détermination, elle foncera sous le regard inquiet de ses proches, et poursuit son chemin dans ce business de la volaille fumée. Oumou Ouédraogo se fera très vite un nom dans le domaine et mettra sur place, en 2021, au cœur de la capitale burkinabè, une unité de fumage moderne dénommée « Amazonia services », spécialisée dans la transformation et la vente de la volaille et d’autres produits animaliers fumés.

Une référence en matière de volaille locale fumée

Grâce à son génie créateur, elle a su hisser la volaille fumée au même rang que le poulet bicyclette et l’introduire dans les habitudes alimentaires des Burkinabè. Aujourd’hui, ses produits s’exportent même vers des pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et autres. En quatre ans d’existence, la jeune entreprise est devenue une référence grâce à son savoir-faire et à la qualité de ses produits constitués uniquement de volaille locale bio.

Amazonia services a déjà remporté des prix grâce à l’innovation dont elle fait preuve avec la volaille locale bio. C’est ainsi qu’en 2021, elle a été lauréate du prix d’excellence tremplin startup UEMOA et finaliste en 2022 du concours de leadership féminin Women in Africa.
Malgré ces acquis, Oumou Ouédraogo ne dort pas sur ses lauriers et poursuit son rêve, en diversifiant ses produits avec les petits ruminants et le poisson qu’elle a ajoutés à la liste de ses produits fumés.

Elle une clientèle diversifiée, notamment les ménages, les restaurants et les touristes. Elle ne laisse rien au hasard ; l’image de son entreprise en dépend, dit-elle. Elle-même est à la tâche pour s’assurer de la qualité de ses produits et surtout pour ne pas décevoir ses clients. Pour elle, la satisfaction du client est sa motivation.
Pour celle qui se définit par sa persévérance, le conseil à donner aux personnes intéressées par l’entrepreneuriat, c’est de ne pas penser qu’on peut se lever du jour au lendemain et bâtir une grande fortune ou devenir un grand entrepreneur. Il faut accepter de commencer au bas de l’échelle, aimer le travail et ne pas trop vite s’autoproclamer « patron », parce qu’au début, vous n’aurez pas d’argent pour employer des personnes.

Année après année, la jeune entrepreneure construit son empire, en employant une dizaine de personnes composées de permanents et de contractuels. Elle ambitionne de conquérir le marché africain, voire mondial, avec sa volaille locale fumée. Pour cela, l’ex-salariée reconvertie en business-woman rêve grand et prévoit d’ouvrir un institut de formation, spécialisé dans le fumage et le séchage de la volaille locale, mais aussi d’avoir une chaîne de production et de distribution qui tourne à plein régime. Et sa philosophie, c’est qu’il n’y a que les Africains pour nourrir les Africains.

Contact de Oumou Ouédraogo : (+226) 55290482 / 61700038

Yvette Zongo
Lefaso.net
Photos et vidéo : Auguste Paré

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