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Côte d’ivoire : L’ONU à la croisée des chemins

Publié le mardi 31 janvier 2006 à 10h42min

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Laurent Gbagbo et Koffi Annan

Il est définitivement acquis que Laurent Gbagbo, le président
ivoirien, et Blé Goudé, le chef des jeunes patriotes, travaillent en
parfaite corrélation, en tandem.

Le premier porte son manteau
de chef d’ Etat et de garant des institutions pour prendre les
décisions qui l’arrangent, après que le second a préparé le
terrain en occupant la rue et en perpétrant des actes de terreur.

Une stratégie bien huilée qui a, jusqu’ à présent, fait ses
preuves puisque tous les acteurs du processus de paix, à
chaque crise provoquée, reculent, s’ils n’abdiquent. Cette
utilisation d’un bouclier humain (des hordes de jeunes
manifestants) comme système de préservation de son pouvoir
est sans doute aujourd’hui comprise de tous, à commencer par
le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui, dans un
communiqué, s’est dit "préoccupé par la publication inopinée
d’un décret du président ivoirien, Laurent Gbagbo".

En clair,
l’ONU désapprouve la décision unilatérale du maître d’Abidjan
de maintenir les députés en fonction avec toutes leurs
prérogatives alors que leur mandat est arrivé à expiration à la
mi-décembre et que, visiblement, ils ne sont pas
indispensables pour la réussite des missions confiées au
premier ministre Charles Konan Banny. Ce dernier a
explicitement admis qu’ il souhaitait voir les élus jouer un
nouveau rôle , celui de "leaders d’opinion" qui seront "impliqués
dans le processus".

Il est donc manifeste que le président et
son premier ministre ne parlent pas le même langage. M. Banny
,au nom du sens du compromis qui semble être au centre de
son action politique, va-t-il accepter d’avaler cette nouvelle
couleuvre du clan présidentiel ?

Les coups de canifs sur son
autorité, quand ils ne sont pas donnés par Gbagbo, le sont par
son épouse Simone, le président du FPI ou Blé Goudé. La
dernière gifle infligée au chef du gouvernement est cet
ultimatum que lui a lancé le patron des patriotes, lui intimant
l’ordre de rendre public d’ ici deux semaines le calendrier de
désarmement des Forces nouvelles sous peine de devoir
affronter son courroux.

Ce n’est plus un Etat mais une jungle où,
si l’on n’y prend garde, Banny sera l’agneau et, au-delà ,le
peuple ivoirien .Depuis l’avènement de Gbagbo au pouvoir, la
Côte d’Ivoire ne vit que dans les épreuves. Il a instauré le chaos
permanent comme mode de gestion. On y est presque habitué.

Mais attention, cette fois-ci, le danger d’un clash général est
imminent et l’heure n’est plus aux demi-mesures. Se sentant
dépouillé de ses pouvoirs, Laurent Gbagbo, tel une bête
mortellement blessée, peut avoir un réflexe extrêmement
suicidaire . Il ne s’agira plus de manifestations ciblées mais,
certainement, d’actions d’envergure pouvant déboucher sur une
reprise de la guerre avec les Forces nouvelles.

Ce scénario du
pire, il ne faut pas l’occulter. Il faut l’inscrire en bonne place
dans les stratégies de sortie de crise actuelles. Or,
manifestement, la seule arme de dissuasion qui reste aux
mains des faiseurs de paix, après l’épuisement de toutes les
formes de négociation, ce sont les sanctions.

Toutes les
conditions semblent réunies pour l’application de ces sanctions
qui, rappelons-le, visent les personnes coupables d’entrave au
processus de paix, de violation des droits humains, de
non-respect de l’embargo sur les armes et d’incitation à la
violence.

A-t-on besoin d’une commission d’enquête pour
identifier les Ivoiriens qui tombent sous le coup de ces
dispositions de la résolution 1572 de l’ONU ? Il est donc temps
pour la communauté internationale d’agir malgré les
gesticulations de Blé Goudé (qui, comme d’autres sur qui plane
le couperet, a dû déjà prendre ses précautions) si elle veut se
faire définitivement respecter, sauver le mandat du premier
ministre, restaurer le droit et espérer une sortie de crise dans
les délais impartis.

Pour y arriver, il n’y a pas mille solutions. A
défaut de les déporter, les fauteurs de troubles doivent être
neutralisés et leur capacité de nuisance anéantie. Le
changement à la présidence de l’Union africaine pouvant
entraîner un léger flottement dans sa gestion de la crise, il
appartient aux Nations unies de prendre avec détermination les
choses en main, en attendant que Denis Sassou NGuesso
s’imprègne suffisamment du dossier pour échapper à
l’influence d’une des parties en conflit, comme le fut Thabo
Mbeki.

Même si sa tâche est quelque peu compliquée par le refus des
Etats-Unis d’accéder à la requête de renforcer l’ONUCI de 4000
hommes, Kofi ne peut plus reculer. L’option des sanctions, voire
de la force ,est devenue un devoir, pour l’intérêt du peuple
ivoirien et de la sous-région.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2006 à 16:16, par jacques lohourou-digbeu badlor En réponse à : > Côte d’ivoire : L’ONU à la croisée des chemins

    Incantations, rien que des incantations !!!

    Pour la gestion des crises dans les petits pays, l’ ONU, vous le savez bien, dispose d’ un arsenal diplomatique, militaire et politique pour le moins dissuasif. Pourquoi croyez-vous qu’ elle tergiverse, trainant les pieds la ou elle a enfin l’ occasion revee de decapiter Gbagbo, son ennemi jure, son regime "ultra xenophobe" et les jeunes patriotes, ces empecheurs de spolier tranquillement le pays ? La reponse est simple et lourde de consequences : sanctionner les democrates en "oubliant" les putshistes provoquera aussitot une bombe dont l’ ONU n’ est pas sure de maitriser les contours. Les rebelles, vous vous rappelez, ont, entre autres crimes commis avec le soutien complice de la communaute internationale interesee :

    - perpetre un coup d’ etat, repetons-le

    - massacre des milliers d’ Ivoiriens, notamment dans l’ ouest montagneux

    - ouvert un "charnier a gendarmes" a Bouake

    - provoque un exode des populations sans precedent en Cote d’Ivoire

    - execute les leurs (Kass, Adams, les 100 supplicies des conteneurs de Korhogo pour lesquels il a bien fallu a l’ ONU faire un...rapport).

    Et puis, qui sanctionnera l’ ONU pour les 70 martyrs decapites de l’ Hotel Ivoire et les 5 tues de Guiglo ; que repondra-t-elle pour l’ assassinat par le corps expeditionnaire francais "sous mandat de l’ ONU" ( sic) de Firmin Mahe, ce pauvre negre qui beneficie en ce moment d’ une attention judiciaire plus que suspecte ?

    Oui, la vie est dure, meme pour les puissants...

    jacques lohourou-digbeu badlor

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