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Côte d’Ivoire : Gbagbo ou la stratégie à l’hitlérienne

Publié le lundi 30 janvier 2006 à 08h20min

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Laurent Gbagbo

En première analyse, il peut paraître excessif sinon hérétique de tenter le moindre rapprochement entre Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire et Adolphe Hitler du IIIe Reich. Car même si le petit bété d’Ouragayo continue de donner à fond dans la calamiteuse ivoirité, il n’a tout de même pas signé un manifeste ultra chauvino-nationaliste à la Mein Kampf.

Même s’il persiste dans cette honteuse classification de ses compatriotes en Ivoiriens de première et de seconde zones, il ne va tout de même pas jusqu’à soutenir avec force justifications anthropométriques l’existence d’un homo ivoiricus pur comme le fit l’autre avec son inepte théorie d’une race aryenne supérieure aux yeux bleus. Même, si enfin, sous Gbagbo comme jamais, les immigrés de Côte d’Ivoire ont payé un lourd tribut de sang à la xénophobie étatisée, on n’a tout de même pas assisté à une entreprise génocidaire planifiée de longue date et industriellement exécutée avec la jubilation sadique des S.S. de Himmler.

Là où la comparaison avec le fauteur de la Seconde guerre mondiale tient toutefois, c’est dans la stratégie que Gbagbo développe avec une maîtrise consommée dans ses rapports avec la communauté internationale pour parvenir à ses fins. Rappelons-nous comment a procédé le Chancelier du Reich quand, fidèle à son programme d’expansion territoriale, il a annexé les Sudetes de Tchécoslovaquie ou le Dantzig polonais ou encore quand il s’est senti fin prêt à avaler l’Autriche.

Sachant la Communauté internationale fermement attachée à la sauvegarde de la paix, fût-ce au prix des pires concessions, Hitler a donné à fond dans le chantage et l’intimidation. Pour ce faire, il avait mis au point une redoutable machine de propagande sous la houlette d’intellectuels dévoyés à la Joseph Goebbels et puisant à satiété dans le nationalisme primaire d’une Allemagne humiliée par la défaite de la Première guerre mondiale.

Il savait également se servir de la rue comme d’un puissant moyen de pression grâce à ses chiens hurlants que furent les sections d’assaut ou chemises brunes d’Ernest Röhm. Pour donc calmer le chef nazi et empêcher qu’il ne mette le feu aux poudres de la Seconde guerre mondiale, les grandes puissances d’Europe, France et Angleterre en tête, lui ont passé tous ses caprices en matière d’espace vital. L’épisode le plus célèbre en aura été ce qui est passé dans l’histoire sous l’expression combien éloquente de "reculade de Munich" : pour sauver, comme ils croyaient, la paix, le Français Daladier et son alter ego de Grande-Bretagne, Chamberlain, avalisent en septembre 1938 les prétentions hitlériennes sur les Sudètes.

Enhardi par ce succès et convaincu que les grandes puissances étaient prêtes à vendre jusqu’à leurs meilleurs alliés pour conjurer la guerre, Hitler déclencha l’Anschluss, entendez l’annexion de l’Autriche. Puis viendra le tour de Dantzig et bien sûr la guerre, que la diplomatie de l’apaisement de la Communauté internationale n’avait simplement réussi qu’à différer de quelques mois.

Revivons quelques épisodes et soubresauts de la crise ivoirienne, et les similitudes sautent aux yeux : Gbagbo réalise, lui aussi, combien la Communauté internationale est attachée à une sortie de crise par les voies pacifiques ; il dispose, lui également, d’un redoutable appareil d’agit-prop et d’irascibles chefs de phalanges à la Blé Goudé, généralissime des sections d’assaut à la sauce graine, que sont les fameux "patriotes" ; enfin, Gbagbo sait gratter tout ce beau monde par où les démange leur nationalisme épidermique : chaque fois que de besoin, ils occupent la rue, intimident, provoquent au besoin...

La dernière occasion, ou plutôt le dernier prétexte, leur sera donné par la recommandation du groupe de travail international, GTI, de ne pas proroger le mandat des députés au-delà du délai légal du 16 décembre 2005. Cette peccadille a été montée en épingle par Gbagbo et les siens, pour qui tout incident qui retarde le processus de normalisation, à savoir l’organisation d’une présidentielle ouverte à tous, est précieux, et donc à capitaliser au maximum.

L’intervention de la Communauté internationale pour calmer le jeu en clarifiant la recommandation du GTI a certes produit des effets. Mais elle semble avoir surtout donné à Gbagbo du temps pour mijoter les coups fourrés dont il est coutumier. La preuve ? Son dernier pied-de-nez à cette même Communauté internationale qui a consisté, vendredi dernier, à décider, d’autorité, le maintien du mandat des députés dans tous ses effets. Et allez soutenir après une telle palinodie, que ce monsieur veut travailler en tandem avec le Premier ministre, Charles Konan Banny, lui qui, depuis l’adoubement du gouverneur de la BCEAO, travaille en fait à le fragiliser comme il n’a cessé de le faire de Saïdou Diarra.

Alors en effet que Banny déclarait vouloir se concerter avec lui pour les missions à confier aux députés, Gbagbo lui a assené le coup de Jarnac qu’on sait. Avec sa prédisposition à ne pas le contrarier frontalement, la Communauté internationale pourrait une fois encore lui trouver des circonstances atténuantes, en se contentant d’analyser son dernier défi comme le chant du cygne d’un régime aux abois, les réflexes de survie d’un homme en voie de se noyer.

L’ONU ne tergiversait-elle pas encore ce week-end sur les sanctions à appliquer aux obstructeux du processus de paix en Côte d’Ivoire ? Mais alors, quel cas fera-t-elle de la toute dernière nique de Gbagbo, par son crieur public, Blé Goudé, interposé, lequel a sommé le Premier ministre de fournir sous quinzaine un calendrier de désarmement ? Sûr de lui et dominateur, le même ministre de la rue publique est allé jusqu’à menacer la même ONU de représailles si d’aventure elle mettait son projet de sanctions à exécution. Jusqu’à quand Gbagbo et ses sicaires vont-ils abuser de la patience du reste du monde ?

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 janvier 2006 à 13:26 En réponse à : > Côte d’Ivoire : Gbagbo ou la stratégie à l’hitlérienne

    Je ne sais pas si vous pensez vraiment ce que vous écrivez, mais vous y allez un peu fort quand-même. C’est votre point de vu et je ne le partage pas. Dans l’espoir que vous ferrez de l’infromation et non de la difarmation, je vous souhaite bonne continuation.
    Dans tous les pays du monde, vous le savez bien, il y a des autoctones et des alogènes. Même en France on parle de français de sang et des français par droit de sol.

  • Le 31 janvier 2006 à 01:22, par Seth AMEVOR (Stockholm) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Gbagbo ou la stratégie à l’hitlérienne

    Au tout début de votre papier,vous avez donné l’impression de regretter d’avoir fait référence à Hitler -ce que l’on peut comprendre s’agissant de Gbagbo- ;aussi pouvait-on raisonnablement s’attendre moins à une démonstration de la roublardise du Chef de l’Etat Ivoirien ,qu’à ses dérives hégémoniques et nazies.
    Cependant,Laurent Gbagbo nous réserve très certainemement d’autres petites pirouettes ou d’autres dribbles déroutants dont il a le secret.Et le procchain à en faire les frais pourrait être le tout nouveau Président de l’Union Africaine,le Congolais Sassou Nguesso.
    Les jeunes patriotes de Blé Goudé auraient la ferme intention de rappeler à ce dernier, la délicate attention avec laquelle il a su régler le cas Lissouba.A les entendre,ils n’auraient absolument aucune leçon de démocratie à recevoir d’un homme qui après avoir hypothéqué l’avenir de son pays en bradant son pétrole,a chassé du pouvoir un Président élu démocratiquement ,en menant une guerre qui a fait des milliers de victimes au sein d’un peuple qu’il prétend aimer et conduire sur le chemin de la paix et du développement.
    En ce mois où le football est à l’honneur,Sassou serait bien inspiré de travailler ses tacles,car en face il aura ce qui se fait de mieux en dribbles ,petits ponts et grands ponts :il aura Laurent Koudou GBAGBO.

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